Depuis le 1er janvier 2020, la SNCF ne recrute plus aucun agent au statut cheminot. Sans les conquêtes sociales associées au statut, la SNCF peine à susciter des vocations. Les jeunes cheminots, hommes et femmes, restent pourtant attachés au service public du rail et, avec leur fédération CGT, demandent des moyens pour assurer leurs missions.
Devenir cheminot – et on parle aussi des cheminotes, bien sûr – à la SNCF était, il y a encore quelques années, synonyme d’emploi stable et qualifié au sein d’une entreprise publique et unifiée, répondant à un besoin essentiel de la population, à savoir le transport, qu’il soit quotidien, de loisir ou de marchandises, au plus faible coût écologique possible. C’était aussi la possibilité d’entrer au sein d’une « famille » comme il était coutume de le dire, c’est-à-dire d’intégrer un ensemble de prolétaires œuvrant collectivement, de façon solidaire, pour assurer un service de qualité à la nation. Aujourd’hui, être cheminot n’attire plus : la SNCF se voit confrontée à une vague de démissions sans précédent et, pour le seul métier de conducteur de train, il manque 1 200 salariés pour couvrir les postes vacants.
LE « NOUVEAU PACTE FERROVIAIRE » : UNE CASSE GÉNÉRALISÉE
Les difficultés à recruter s’expliquent par plusieurs facteurs : il faut déjà savoir que les minimas de salaire mensuel à la SNCF peuvent être en dessous du SMIC, à savoir 1 562 € bruts, aujourd’hui, pour un salarié embauché au « grade » le plus bas.
Les bas salaires des cheminots de terrain, ceux qui conduisent, contrôlent, orientent, réparent et aiguillent, ce n’est pas un fait nouveau. Mais la loi « pour un nouveau pacte ferroviaire » de 2018 a signé l’éclatement de la SNCF en cinq sociétés anonymes et la mort du statut des cheminots, qui garantit un ensemble de droits collectifs et protecteurs : organisation du temps de travail, congés, déroulement de carrière, protection sociale, etc.
Ce statut particulier, fruit de nombreuses luttes sociales, permet de répondre à des contraintes spécifiques et à une grille salariale trop basse. Sauf que, depuis le 1er janvier 2020, toute personne nouvellement embauchée à la SNCF ne peut plus en bénéficier.
DANS LES NÉGOCIATIONS DE BRANCHE, LES VISÉES DU PATRONAT
De plus, suite à cette réforme de 2018, des négociations de branche ont été lancées sur les accords constituant la nouvelle convention collective nationale.
Pour le seul exemple du métier de conducteur de train, il manque 1200 salariés pour couvrir les postes vacants.
Le patronat du ferroviaire, représenté à 95 % par celui de la SNCF, profite de cette aubaine pour remettre en cause les droits de l’ensemble du personnel.
Par exemple, le dernier accord de la convention collective nationale, signé par toutes les organisations syndicales représentatives, sauf la CGT, vise notamment à éliminer toute notion de carrière, à imposer la polyvalence et l’individualisation de la rémunération, donc le dumping social entre les salariés du rail.

PRINCIPES DU COLLECTIF JEUNES CHEMINOTS CGT
« Notre génération a besoin de réponses syndicales, et particulièrement du syndicalisme de lutte de classe et de masse incarné par la CGT! Il nous faut donc une CGT tournée vers la jeunesse, à l’écoute de ses revendications et prenant en compte ses spécificités. Pour mener cette activité en direction des jeunes, la CGT met en place des collectifs jeunes au niveau des syndicats (structures locales), des secteurs fédéraux (structures régionales) et de la Fédération (structure nationale). C’est avant tout un outil au service de toute la CGT. Un outil pour travailler en proximité, appréhender au mieux les revendications des jeunes cheminots, organiser des initiatives revendicatives spécifiques et accueillir les jeunes embauchés. Rassembler tous les cheminots, c’est l’identité de la CGT. C’est une exigence pour nos luttes futures pour les rendre victorieuses. »
Cette récente perte de garanties sociales s’ajoute aux précédentes et engendre un lourd impact sur la qualité du service. Les métiers du ferroviaire exigent de l’expertise, de la technicité, de la formation et de la rigueur. La réduction drastique des moyens humains et matériels, éternelles variables d’ajustement pour des capitalistes attachés à dégager un maximum de bénéfices sur nos services publics, ne permet plus aux cheminots d’assurer correctement leurs missions.
C’est un crève-coeur pour des agents attachés à leurs métiers, qui ne demandent qu’à mettre en oeuvre leurs savoir-faire pour assurer un service public de haut niveau.
C’est un crève-cœur pour des agents attachés à leurs métiers, qui ne demandent qu’à mettre en œuvre leurs savoir-faire pour assurer un service public de haut niveau auprès des usagers du train.

Comment attirer des jeunes vers des emplois avec autant de responsabilités et de contraintes sans reconnaissance salariale à la hauteur et sans compensation sociale ? La réponse se trouve dans la réalité des faits : il manque du personnel dans des métiers essentiels tels que la maintenance ou la conduite, ce qui entraîne des suppressions de trains, des surcharges de travail et des risques importants pour la sécurité.
La loi « pour un nouveau pacte ferroviaire » de 2018 a signé l’éclatement de la SNCF en cinq sociétés anonymes et la mort du statut des cheminots.
Pourtant, le patronat ferroviaire et les gouvernements libéraux de Macron poursuivent leur logique de démantèlement consciencieux du service public ferroviaire, en mettant les salariés du rail en concurrence entre eux, en externalisant à tout va des tâches essentielles et techniques, en tentant de détruire ce qu’il reste de droits communs à l’ensemble des cheminots. Le profit des intérêts capitalistes passe, encore et toujours, avant l’intérêt général.

La CGT Cheminots et ses syndiqués, hommes et femmes, luttent bien évidemment contre ces régressions sociales et s’opposent à la destruction du service public. Lors de la dernière lutte en date, portant sur les salaires, la CGT Cheminots et les autres organisations syndicales représentatives se sont mobilisées unitairement, et le 6 juillet 2022 1 cheminot sur 3 était en grève pour dénoncer huit années de gel des salaires et une perte de pouvoir d’achat de près de 20 %. Cette mobilisation a contraint la direction à annoncer des mesures pérennes et générales, mais au regard de l’inflation elles ne sont clairement pas suffisantes. Une nouvelle mobilisation sera nécessaire pour stopper l’appauvrissement des ouvriers et ouvrières du rail dans un groupe SNCF qui en 2021 a réalisé des bénéfices records : 928 millions d’euros.

La CGT Cheminots revendique également une grille de salaires de branche, regroupant l’ensemble des cheminots, avec un salaire minimal égal au SMIC pour que chaque salarié puisse vivre dignement de son travail. Comme toujours dans l’histoire de la lutte des classes, seule la mobilisation massive et l’union des cheminots permettra de regagner un statut social à la hauteur de leurs missions de service public, afin que dans un moment de crise écologique et sociale le rail retrouve de l’attractivité auprès de ses usagers, mais aussi auprès de ses futurs et actuels ouvriers !
Une réflexion sur “Le libéralisme aux commandes : la SNCF ne fait plus rêver, par le collectif jeunes fédéral de la CGT des cheminots”