Les cartes ne sont jamais innocentes, Nicolas Lambert*

*Nicolas Lambert est cartographe au CNRS.

article publié dans le numéro 27 de la revue (janvier-février-mars 2020)

L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19

Grâce à l’ouverture des données, de nombreuses cartes ont vu le jour pendant le confinement pour représenter l’évolution du coronavirus en France. Mais peu d’entre elles ont essayé de s’affranchir d’un maillage administratif départemental ou régional qui enferme les données dans un carcan qui a finalement peu de sens au regard du phénomène représenté. Les cartes gouvernementales du déconfinement en sont un exemple éclatant.

La carte que nous publions ici représente le nombre de décès liés à la covid-19 dans les hôpitaux, pondéré par la population des départements dans lesquels ils se trouvent. Une méthode d’interpolation spatiale fondée sur la distance permet alors de « dessiner » la donnée selon un gradient continu allant du noir (pour les faibles taux de mortalité, dans le Sud-Ouest) au jaune (pour les forts taux de mortalité, dans le Grand Est). Si cette carte permet de percevoir d’un seul coup d’œil la géographie de l’épidémie, elle permet cependant mal d’en saisir l’ampleur, car les décès en EHPAD et en ville ne sont pas pris en compte. Cela dit, cette sous-estimation de la réalité n’empêche pas d’en appréhender la logique spatiale et son évolution dans le temps. Une version animée et mise à jour quotidiennement de la carte est d’ailleurs disponible en ligne (https://frama.link/geocovid19).

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