Une solution au problème de l’intermittence

la lettre du pingouin

Le monde scientifique apparaît trop souvent austère et ennuyeux. Pourtant, il recèle ses controverses, ses canulars, voire ses escroqueries. Pour les faire connaître à ses lecteurs, Progressistes a fait appel à un nouveau correspondant : le Pingouin.

Souvent confondu avec le manchot, cet oiseau vit dans les zones arctiques. Il se nourrit de poissons et de crustacés, et élève ses petits avec un souci de parité qui l’honore. Il existait sous forme de « grand pingouin » et de « petit pingouin », mais seul le petit pingouin savait voler, et le grand pingouin a disparu au milieu du XIXe siècle. Cette expérience a rendu notre Pingouin technophile, et c’est sans doute pourquoi il a entrepris d’offrir à Progressistes le fruit de ses réflexions dans une lettre trimestrielle.

Article paru dan le n° 31 de progressistes (janvier-février-mars 2021)

Le lobby électronucléaire n’a de cesse de ressasser le problème de l’intermittence inhérente aux renouvelables. Des chevaliers verts prêchent pour utiliser le foisonnement (relier les zones où il y a du vent à celles où il n’y en a pas), mais d’autres chevaliers verts s’opposent à voir tirer des lignes à haute tension au travers du pays. Des esprits chagrins font remarquer qu’il y a peu de soleil la nuit, mais toute tentative pour ralentir la rotation de la Terre sur elle-même et la caler sur la période de la rotation autour du Soleil afin d’être perpétuellement en plein jour dans notre beau pays est systématiquement bloquée par les autres, qui seraient perpétuellement en pleine nuit. Il y a bien la solution du « power to gaz »; à condition de transporter le gaz et de le produire à un tarif acceptable… mais ça serait quand même mieux de ne pas avoir d’intermittence du tout.

Le temps presse, les élections se rapprochent et il faut rendre « our world great again ». Par un de ces raccourcis fulgurants où l’on reconnaît les grands ingénieurs, la solution au problème de l’intermittence apparaît évidente : coupler le photovoltaïque et l’éolien dans une grande marche vers le progrès vert, et pour cela il suffit de recouvrir les pales des éoliennes de cellules photovoltaïques. En cas de présence simultanée du vent et du soleil, ce dispositif fournirait une ressource énergétique abondante permettant de financer les autoroutes solaires.

En cas de vent sans soleil, l’électricité produite de façon intermittente permettrait de justifier la remise en route des centrales à charbon ou à gaz qui permet de coupler les éoliennes au réseau. Si on veut fermer toute les centrales thermiques, on pourrait même consommer des électrons « nucléaires » sans avoir besoin de les exorciser (ce qui est toujours un surcoût, et demande l’accord de l’évêque et, maintenant, du pape). On finançerait enfin aux frais du diable nucléaire la sainte électricité verte. En cas de soleil sans vent, on disposerait ainsi d’une source d’électricité permettant de mouvoir des ventilateurs rendant l’été plus supportable.

Certes, le dispositif ne fonctionne pas de nuit, mais on pourrait pallier cet inconvénient mineur grâce à des lampes à basse consommation astucieusement positionnées en face des cellules, consommant de l’électricité au tarif de nuit, illuminant les cellule solaires, et revendant l’électricité produite au producteur national, revente faite à un tarif idoine et somptueux. Comme le rendement des cellules a tendance à marquer le pas, on pourrait faire voter une loi fixant le prix de rachat suffisamment haut pour que le dispositif précédent devienne rentable.

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