La problématique de la mobilité, par Pierre Garzon

Le plateau de Saclay, au sud de Paris, est aujourd’hui un des grands pôles de la recherche scientifique en France. Regards croisés sur les projets d’emménagement en cours du plateau de Saclay et sur les conséquences du regroupement des grandes écoles sur ce site.

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* Pierre Garzon est vice-président du conseil départemental du Val-de-Marne, en charge des transports, et membre du conseil d’Île-de-France Mobilités.


Chaque année, la région Capitale voit s’accentuer dramatiquement le déséquilibre emploi/habitat. D’un côté, l’Ouest parisien qui aspire et verrouille l’implantation des immeubles d’entreprises. De l’autre, tout le reste de l’Île-de- France où s’accumule le logement des salariés et où disparaissent petit à petit les sites pourvoyeurs d’emplois. Pour la seule année 2017, sur les 2 millions de mètres carrés construits, la moitié l’a été dans la zone de la Défense. Les conséquences sont lourdes. Ce déséquilibre fait suffoquer les réseaux de transports, accroît les inégalités sociales et spatiales en même temps qu’il concentre leurs effets de ségrégation dans des villes, des quartiers. L’Essonne et la Seine-et-Marne voient leurs zones de bureaux se vider, et ce au détriment des réseaux de transports déjà saturés. Le site de Saclay, dans ce mouvement général qui doit être contesté, est à la croisée des chemins. Au coeur du Sud francilien, son implantation suppose à la fois un haut niveau de desserte pour s’y rendre, mais aussi un maillage nouveau et suffisamment fin pour accueillir les dizaines de milliers d’étudiants et les milliers d’emplois privés et publics induits.

Son développement est dépendant à la fois des enjeux de recherche et de formation et de la capacité à penser l’aménagement du site et les liaisons qui lui sont indispensables pour interagir avec les autres sites de santé, de recherche et de formation, comme la vallée scientifique de la Bièvre, les pôles universitaires parisiens et de l’Est francilien, etc.

Dans ce contexte, le soutien à ce pôle scientifique, par-delà les moyens en termes de parts du PIB consacrés à la recherche dans notre pays, passe par le développement d’un réseau de transports nouveau, robuste et efficace: la ligne 18, prévue initialement pour relier l’aéroport d’Orly à Versailles en passant par Saclay. Dès la création par la loi du 3 juin 2010 de la société du Grand Paris (SGP), le métro de banlieue à banlieue voit naître une première rocade avec les lignes 15 et, en second rideau, au sud, la ligne 18. Son tracé actuel est fragilisé par les volontés successives des différents gouvernements de réduire la facture globale de la SGP, d’étirer le calendrier de mises en service, de prioriser les portions en zones denses. Si le tracé entre l’aéroport d’Orly et le site de Saclay fait relativement consensus, il n’en est pas de même après Saclay, à l’ouest. Deux phases de mises en chantier sont programmées avec comme première le tronçon Orly-Saclay pour un objectif calendaire placé à 2027.

La suite est incertaine, et la critique fuse : « Un métro pour desservir les gens, par les champs ! » À l’opposé, les départements du Val-de-Marne et de l’Essonne ont étudié une troisième hypothèse : une extension de la ligne 18 à l’est. La question de base repose sur l’attention à porter à trois enjeux forts :

  1. Relier les deux grands sites d’emploi Orly-Saclay aux RER C et D, à la future ligne 14 et au tramway 7 tout comme la RN6.
  2. Favoriser les zones déjà denses de l’Est essonnien et du Sud valde- marnais pour préserver les terres agricoles à l’ouest et lutter contre l’étalement urbain.
  3. Contribuer à un saut du report modal du pôle de Saclay bâti dans les années de la voiture reine. Dans un contexte de fuite en avant du déséquilibre régional, les questions d’aménagement ne peuvent être découplées des questions de transports et de l’intervention politique pour ne pas laisser le marché de l’immobilier décider pour nous de ces questions.

 

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