Livres (N°2)

Anaximandre de Milet, ou la naissance de la pensée scientifique

CARLO ROVELLI

Carlo Rovelli – 192 p. – Dunod – juin 2009

LIVRE4

Outre son sujet, l’intérêt de cet ouvrage tient également à la personnalité de son auteur. Professeur de physique à l’université d’Aix-Marseille et professeur affilié au département d’Histoire et Philosophie des Sciences de Pittsburg aux États-Unis, Carlo Rovelli s’attache à décrire sans jargon la place d’Anaximandre de Milet dans la naissance de la science moderne. Carlo Rovelli revient ici sur la première tentative de l’Homme d’expliquer le fonctionnement du monde à l’aide de lois fondamentales et non pas par l’intervention des dieux. On découvre comment la pensée scientifique s’est développée et épanouie dans le monde occidental. C’est l’occasion de revenir sur l’importance de la pensée scientifique et critique pour lutter contre les obscurantismes. A.L.

Modèle allemand, une imposture

BRUNO ODENT

205 p. – Éditions Le Temps des Cerises, 2013

LIVRE8

Un poison pour l’Allemagne et l’Europe : la dynamique de contraction des dépenses publiques et de démolition des protections sociales, la baisse des salaires et la précarisation suscitent des spirales récessives tant en Allemagne que chez ses partenaires européens, pour ses exportations. En profitent les Konzern, grands groupes : allégements de cotisations sociales et fiscales, euro fort et précarisation du travail. Et le système bancaire, faute de résister aux sirènes de la financiarisation anglo-saxonne et à ses aléas. Dégradation des statistiques démographiques, fin du logement abordable, sabordage de la retraite par répartition, syndicalisme en crise, collectivités locales en difficulté. L’Europe est en danger si spéculation et obsession concurrentielle restent sa boussole. A.R.

Promesses et réalités des énergies renouvelables

Bernard Wiesenfeld – 176 p. – Édition

EDP Sciences – février 2013

LIVRE5

Les énergies renouvelables : mais que recouvre vraiment ce terme ? Pour le citoyen non informé, c’est avant tout l’éolien et le photovoltaïque, bien qu’en importance ce soit surtout la biomasse et l’hydraulique qui constituent l’essentiel de ces énergies. Ce livre permet de situer avec leur bon ordre de grandeur l’importance de ces énergies, leurs potentialités et aussi, comme pour toutes les énergies, leurs limites. Il permet de sortir de visions trop souvent simplistes qui éludent certaines limitations techniques. On y trouvera des informations détaillées sur les aspects techniques, économiques, en explorant aussi bien les technologies parvenues à leur maturité que celles encore futuristes et au stade d’expérimentation. Un livre, qui s’adresse à un public averti, mais essentiel pour quiconque veut entrer sérieusement dans le débat sur l’énergie.

A.B.

La chimie d’une planète durable

STÉPHANE SARRADE

224 p. – édition : Le pommier – mai 2011

LIVRE9

Comment produire en économisant les ressources, et en limitant les pollutions ? Faire autant, voire plus, avec moins ? Face à une population mondiale qui atteindra les 10 milliards d’ici 2050, et les besoins croissant en eau, énergie, agriculture et matières premières, ces questions apparaissent fondamentales, et le secteur de la chimie est aux avant-postes pour relever ce défi. Tels sont les objectifs que se fixe la « chimie verte », exposés à travers ce livre. Alors que bien souvent on associe la chimie à la pollution et à une menace pour l’humanité, l’auteur explique en quoi nous devons notre survie aux bienfaits apportés par les progrès de la chimie. Il n’élude pas pour autant les catastrophes industrielles ni les pollutions, mais nous invite à bien situer le niveau des problèmes. A.B.

L’accident majeur de Fukushima

ALAIN CARPENTIER, JACQUES FRIEDEL, ÉDOUARD BRÉZIN, ÉTIENNE-ÉMILE BAULIEU

87 p. – Edition EDP Sciences – mai 2012

LIVRE6

L’accident de Fukushima suite au Tsunami de mars 2011 au Japon a frappé les consciences. Désormais il y aura un avant et un après Fukushima concernant les grandes décisions de politique énergétique. C’est pour cela que ce livre, qui fait le point sur cet accident majeur est essentiel. Il est divisé en trois parties qui traitent des aspects sismiques, nucléaires et médicales de l’accident. Ce livre précis, très documenté, a été rédigé par des membres de l’académie des sciences, en solidarité avec le Japon. Il est un outil pour mieux comprendre les risques encourus en France et y remédier du mieux possible. Chaque chapitre est ainsi suivi d’une série de recommandations. Nul doute que cet ouvrage participera au retour d’expérience nécessaire de cet accident. A.B.

Produire mieux pour manger tous d’ici 2050 et bien après

GÉRARD LE PUILL 323 p. – Édition Pascal Galodé juin 2013

LIVRE2

Frédéric Joliot considérait déjà qu’une société qui produisait pour vendre et non pour répondre à des besoins allait à la catastrophe. Ce 3e ouvrage en 5 ans, marque l’engagement et l’inquiétude de l’auteur qui dégage de nombreuses pistes pour relever le défi alimentaire à venir. Cela passe par une gestion rationnelle des sols et le respect de règles simples. Ne pas faire produire à un sol plus que ce que permet sa régénération dans un laps de temps donné, sous peine de stérilisation. L’agroforesterie, les ceintures vertes autour des grandes agglomérations : il s’agit de produire mieux pour que tous mangent à leur faim et que dans le même mouvement, on capte du CO2 au lieu d’en libérer, qu’on n’empoisonne plus les sols et que la biodiversité tant végétale qu’animale (insectes) soit conservée. Mettre en valeur les terroirs de France afin d’assurer la souveraineté alimentaire actuellement mise à mal par le marché spéculatif sur les productions agricoles. I.L.

L’être humain et la nature quelle écologie? Manifeste pour un développement humain durable

LUC FOULQUIER, ROLAND CHARLIONET

205 p. – Fondation Gabriel-Péri – septembre 2013

LIVRE3

Les relations humains/nature sont au centre de cet ouvrage. En cohérence avec la pensée de Marx qui n’a jamais cessé de penser la dialectique être-humain/société/nature, dénonçant vigoureusement la rupture par le capitalisme entre la nature et les sociétés humaines. La notion de biens communs de l’humanité occupe une place essentielle dans cette réflexion. Des analyses rares, dans le cadre du développement durable sont présentées, telles que les modes de production cyclisée ou le défi du progrès des connaissances scientifiques et techniques concept galvaudé et dénaturé dans le mode de production mortifère qu’est le capitalisme. Il y est fait litière des idéologies démobilisatrices du type « sortir de… » ou de la décroissance qui sont montrées pour ce qu’elles sont, à savoir in fine obscurantistes. Le niveau de développement des forces productives matérielles est tel que tous les besoins de l’humanité peuvent être satisfaits à la condition d’un autre système de production et d’échanges. On trouve, en fin de quatrième partie, des propositions qui permettent d’assurer une cohérence de pensée sur l’ensemble des sujets traités et qui structurent un projet communiste si tant est que ce qui distingue une société d’une autre, c’est la façon dont les marchandises y sont produites et échangées (F. Engels). Ce dernier chapitre peut être lu séparément du reste et reprend son sous-titre « Manifeste pour un développement humain durable ». Cet ouvrage témoigne de plus de 40 ans d’engagement écologique du Parti Communiste en France. I.L.

NOUS AVONS LE CHOIX!

LOUISE GAXIE, ALAIN OBADIA

525 p. – Fondation Gabriel-Péri – 2013

LIVRE1

Ne croyez pas Margaret Thatcher qui revendiquait cette affreuse formule « TINA = There Is No Alternative ». Pour l’instant, c’est le peuple qui paie avec le slogan permanent de la nécessité de faire baisser le coût du travail.

Le capitalisme ne dispose plus de l’argument de l’efficacité de son système. Ça ne fonctionne pas. Mais peut-on changer ? Richelieu disait que « la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ». Ce livre montre qu’il y a des possibles. Des propositions novatrices, cohérentes et globales constituent une grille de lecture de la construction d’un véritable projet de société. Il est temps de mettre fin à cette contre-révolution qui, depuis les années soixante-dix, n’en finit pas de s’attaquer aux droits sociaux, ne voit comme avenir que le taux de profit au détriment des hommes et de la nature, nous enfonce dans des choix binaires en masquant la complexité du réel et en nous privant de vrais débats contradictoires et pluralistes. Les lectrices et lecteurs de notre revue seront particulièrement intéressés par les paragraphes qui traitent des questions du travail, du rôle de l’expertise, du respect des écosystèmes, de la planification et de la politique industrielle, des sciences et des technologies au service de l’humain ou encore de la conception de produits financiers responsables socialement et écologiquement.

Ils pourront réfléchir sur les débats relatifs à « l’économie verte », au concept de croissance-décroissance ou à la définition d’indicateurs de richesses. Avec quelques principes forts d’humanisation, de transformation écologique des modèles productifs… on peut s’attaquer à de grands chantiers, comme ceux de l’énergie, de l’agriculture, des services publics.

Tout montre que l’hymne à la gloire de la concurrence comme modèle de société, qui va avec l’austérité, nous envoie dans le mur. Au contraire, en Europe comme dans le monde, il faut développer en grands les coopérations, les débats, les échanges. Il faut une autre mondialisation qui parte de l’intérêt des peuples, qui impose des normes sociales et environnementales, qui prenne soin du patrimoine commun de l’humanité.

C’est déjà tout un programme de luttes et d’objectifs à atteindre.

La structure de l’ouvrage va au-delà. Elle part du progrès humain comme finalité et de la démocratie à tous les niveaux comme matrice. Elle s’appuie sur une logique de durabilité et sur une conception d’un mode de développement émancipateur. Elle fait la promotion des coopérations et d’une mondialité solidaire. La dynamique de ce processus ne pouvant se transformer en véritable projet qu’avec l’appropriation populaire et l’engagement citoyen.

Cette mise en question profonde du système capitaliste est à la hauteur des besoins pour orienter la société vers le progrès humain durable.

Cet espoir, ces propositions sont réalistes. Le texte se termine par cette phrase d’Edgard Morin « tout commence par une déviance, qui se transforme en tendance, qui devient une force historique ». L.F.

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