L’année 2022 aura vu la confirmation par les faits du changement climatique et de son origine anthropique. Des événements inédits, de véritables « ovnis » frappent partout sur la planète : des mégafeux en Amérique du Nord, en Russie ou en Australie aux inondations catastrophiques au Pakistan.

Cette année, en France plusieurs vagues de chaleur attestent les modifications de mécanismes climatiques alors que nous sommes à une augmentation de la température moyenne sur Terre de 1,1 °C par rapport à la période précédant la révolution industrielle. Nous avons également subi des feux de forêts dans plusieurs régions, et en particulier en Aquitaine.

Nous faisons face à deux injonctions complémentaires : nous adapter au changement climatique et l’atténuer en diminuant les émissions de gaz à effet de serre (GES) de manière considérable et rapide. Pour cela, il faut entre autres choses mettre un terme à la déforestation et à l’artificialisation des sols, car les arbres et les sols sont des puits de carbone efficaces. Annoncer la plantation de 1 milliard d’arbres, c’est ne rien dire si l’on ne sait rien des méthodes de gestion sylvicole retenues.

Il faut agir maintenant, et la « sobriété » est un levier indispensable. Agir mais pas seulement par de petits gestes qui font porter la réduction des GES à l’échelle de l’individu, agir par la transformation de nos infrastructures et de nos méthodes de gestion des espaces naturels.

Le dossier que nous présentons est traversé par cette urgence à se mobiliser pour favoriser la diminution des GES. Il est élaboré alors que se réunit à Montréal la COP 15 sur la biodiversité.

Un premier article présente les problématiques de déforestations au niveau mondial : sujet crucial à l’heure ou la forêt tropicale est menacée, particulièrement la forêt amazonienne victime d’entreprises inscrites dans les échanges internationaux de soja et de viande.

On trouve aussi un historique de la forêt pyrénéenne qui montre les relations entre l’homme et les bois et ses évolutions au cours du temps. La forêt est aussi un univers mal connu, un lieu de vie pour de nombreuses espèces animales, végétales et fongiques. Un article sur la biodiversité en forêt souligne l’importance de ces règnes sur le bon fonctionnement de la forêt.

L’affouage est un exemple de gestion forestière qui revient sur les bonnes pratiques anciennes qui permettent de mettre le bois à disposition de tous sans abîmer la forêt.

À la suite, plusieurs articles reviennent sur la gestion de la forêt et interrogent la « pérennité » de l’ONF, structure essentielle à l’entretien et au développement des forêts françaises, qui vit depuis plusieurs années une véritable crise. Une réflexion est engagée sur l’acquisition de forêts par la puissance publique, qui ne possède que 25 % du patrimoine forestier français.

Il y a aussi un témoignage d’une longue lutte pour arrêter un projet de scierie géante qui aurait mis à mal la forêt pyrénéenne. Cette lutte a donné lieu à une mobilisation forte des populations et à un développement de pratiques démocratiques et d’une réflexion suivie sur les alternatives. Elle a été victorieuse.

À la suite, il y a aussi une vision de la filière bois aussi bien dans les Pyrénées que dans les Landes et en Gironde.

Les feux de forêts de cet été sont traités dans plusieurs articles qui interrogent les moyens disponibles pour lutter contre les incendies et avancent des propositions pour mieux faire participer les populations à la défense du patrimoine forestier et de leur environnement. Les images du combat du feu par les pompiers en Aquitaine sont réellement hallucinantes.

Au total, un dossier copieux qui brasse pas mal de sujets et donne des informations clés pour mieux utiliser notre potentiel forestier, pour tout usage et plus que tout pour lutter efficacement contre le changement climatique et en faveur de la biodiversité.

Je tiens à remercier Ivan Lavallée pour l’aide précieuse qu’il a apportée à la réalisation de ce dossier.