L’atterrissage du robot chinois Zhurong est un exploit technologique et scientifique qui marquera l’histoire. Nous avons demandé à l’ambassade de Chine en France de nous parler des ambitions de leur programme spatial.

Le 15 mai à 7 h 18, heure de Beijing, la sonde Tianwen-1 s’est posée avec succès dans la zone d’atterrissage présélectionnée dans le sud de la plaine d’Utopia Planitia de la planète Mars. Cela a marqué un plein succès de l’atterrissage sur Mars de la première mission chinoise d’exploration de la planète rouge.
LA CHINE, DEUXIEME PAYS A POSER UNE SONDE SUR MARS
Approuvée en 2016, le premier projet chinois d’exploration de Mars s’est fixé l’objectif d’accomplir, en une seule mission, l’entrée en orbite, l’atterrissage et la mise en service d’un rover. Lancée avec succès le 23 juillet 2020 à bord d’une fusée porteuse Longue Marche-5, depuis Wenchang, dans la province de Hainan, la sonde Tianwen-1 a été capturée par la gravité martienne le 10 février 2021, devenant ainsi le premier satellite artificiel martien de la Chine. La sonde est entrée en orbite elliptique autour de Mars le 24 février 2021 et a réalisé des études autour de la planète rouge pendant trois mois pour préparer l’atterrissage sur Mars. Après avoir atterri avec succès le 15 mai, le rover Zhurong, descendu de sa plate-forme d’atterrissage, s’est mis à rouler sur la surface martienne pour effectuer des explorations itinérantes. Un orbiteur sert de relais aux communications pour le processus d’atterrissage et l’exploration scientifique ; il effectue également des explorations en orbite. Le retour d’échantillons martiens sur Terre est prévu vers 2030.

La mission Tianwen-1 vise à réaliser une exploration en orbite autour de Mars et une exploration itinérante sur la planète rouge, à obtenir des données scientifiques sur Mars, et à établir et améliorer le système d’ingénierie d’exploration de l’espace profond afin de promouvoir le développement durable de l’exploration chinoise de l’espace profond. La mission a pour objectif scientifique d’étudier, entre autres, les caractéristiques morphologiques et les structures géologiques de Mars, les caractéristiques du sol de surface, la distribution de la glace, la composition des matériaux de surface, l’ionosphère atmosphérique et les caractéristiques climatiques et environnementales de surface, les champs physiques et la structure interne, afin d’approfondir la compréhension scientifique de Mars, planète sœur de la Terre. Dans la mise en œuvre de la mission, l’Administration spatiale nationale de Chine a mené des coopérations avec l’Agence spatiale européenne (ESA) et d’autres organisations spatiales internationales, ainsi qu’avec des agences spatiales nationales d’Argentine, de France, d’Autriche.
Dans le cadre de la mission Tianwen-1, la Chine a réalisé des percées dans la maîtrise de technologies clés, telles que le lancement à la deuxième vitesse cosmique, le vol interplanétaire, la communication pour le suivi et le contrôle, et l’atterrissage en douceur sur une planète extraterrestre. Le pays a réalisé pour la première fois un atterrissage sur une planète extraterrestre. Cela a marqué une étape importante dans la réalisation du programme chinois d’exploration interstellaire. Du système Terre-Lune au système interplanétaire, la mission a laissé pour la première fois une marque chinoise sur Mars. Il s’agit d’un progrès qui pose un jalon dans le développement de l’industrie aérospatiale chinoise. La revue Nature a qualifié l’atterrissage sur Mars du rover Zhurong de plus grand test des capacités de la Chine en matière d’exploration de l’espace profond. Le site Web du magazine états-unien National Geographic a ainsi commenté : un atterrissage réussi à la surface de Mars est un défi extraordinaire ; auparavant, la NASA était la seule à y avoir posé et manœuvré en toute sécurité des engins spatiaux. Après avoir réalisé un atterrissage et une excursion sur Mars, la Chine a devancé de nombreux « pairs de l’aérospatiale ».
POUR L’INDUSTRIE SPATIALE CHINOISE, DE BRILLANTS SUCCÈS
Depuis son lancement, en 1956, l’industrie spatiale chinoise a parcouru un glorieux chemin au cours de quelque soixante-dix années, créant de brillantes réalisations, notamment le projet « Deux bombes, un satellite », les vols spatiaux habités et l’exploration lunaire. En comptant sur ses propres forces et misant sur l’innovation indépendante, la Chine s’est frayé sa propre voie de développement. La Chine est le cinquième pays au monde à développer et à lancer de manière indépendante des satellites artificiels de la Terre, le troisième pays à entrer sur le marché international des lancements commerciaux et le troisième pays à envoyer indépendamment des humains dans l’espace. En plus de l’exploration de Mars, la Chine a aussi accompli de nouvelles réalisations éclatantes dans les vols spatiaux habités, les systèmes de navigation et l’exploration lunaire. Dans le cadre de son programme spatial habité, la Chine a parfaitement maîtrisé trois technologies de base : l’aller-retour espace-Terre, la sortie dans l’espace et l’amarrage. Avec le déploiement de la constellation de satellites du système de navigation Beidou, la Chine peut désormais utiliser indépendamment le système de navigation par satellite non seulement à des fins militaires, mais également à des fins civiles. La sonde Chang’e-4 est devenue la première de l’histoire de l’humanité à se poser, en douceur, sur la face cachée de la Lune et à pouvoir effectuer une exploration autonome. En 2020, la sonde Chang’e-5 a réalisé son retour sur Terre après avoir prélevé des échantillons de sol lunaire. C’est la première fois que la Chine effectuait de tels prélèvements sur un corps céleste extraterrestre. Cela contribuera à approfondir la compréhension scientifique de l’humanité des causes de la formation de la Lune et de l’histoire évolutive du système solaire.

COOPÉRATION SINO-FRANÇAISE : DE BELLES PERSPECTIVES
L’Administration spatiale nationale de Chine a signé plus de 140 documents de coopération spatiale avec plus de 40 agences spatiales et organisations internationales. La France est un partenaire important de la Chine dans l’aérospatiale. Depuis la signature de l’Accord de coopération sur la recherche et l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, en 1997, la Chine et la France ont engagé une coopération à long terme dans l’aérospatiale. À l’heure actuelle, grâce à deux mécanismes de coopération, à savoir le Comité mixte spatial sino-français et le sous-groupe sur l’espace dans le cadre du Dialogue stratégique sino-français, la Chine et la France mènent une coopération étendue et fructueuse dans les domaines de la technologie spatiale, des applications spatiales et de la science de l’espace. Officiellement mis en service en 2020, le satellite d’étude de l’océan CFOSat, premier satellite issu de la coopération sino-française, est devenu un nouvel emblème de la coopération spatiale entre les deux pays. Un autre projet de coopération clé est le satellite astronomique SVOM, qui devrait être lancé en 2022.
La Chine entend développer activement les échanges et coopérations spatiaux internationaux, afin que les activités spatiales puissent mieux servir et améliorer le bien-être de l’humanité, au grand bénéfice de la paix et du développement humain.