A propos de la taxonomie européenne sur le nucléaire et le gaz

Réaction de Marie-Claire Cailletaud, dirigeante de la CGT, suite à un article de l’Humanité ce mardi 11 janvier 2022 (pour lire l’article cliquez ici).

La taxonomie européenne a donné lieu à plusieurs expressions dans le journal l’Humanité. En lisant celles-ci je me dis que l’énergie mérite vraiment un débat public franc et solide pour confronter les arguments. C’est un sujet important qui ne peut se traiter par des raccourcis, des approximations.

J’illustre mes propose en prenant quelques exemples dans les articles de ce mardi (il y en aura d’autres demain, dont un de ma main).

Dans l’Humanité de mardi Marie Toussaint, député européenne EELV, indique que l ‘Europe tourne le dos à ses engagements climatiques en incluant dans la taxonomie le nucléaire et le gaz. C’est aussi simple que cela.

C’est sans doute très simple, mais il faudrait expliquer pourquoi. Pourquoi admettre dans la taxonomie une production d’énergie qui n’émet pas de Co2 tourne le dos à ses engagements climatiques ? Pourquoi on se réfère au GIEC pour ces émissions et qu’on « oublie » de dire que ce même GIEC indique que répondre aux objectifs ne se fera pas sans nucléaire.

Elle indique ensuite que l’indépendance fournie par le nucléaire est une fable car on ne produit pas d’uranium. Marie Toussaint devrait savoir que l’argument d’indépendance ne repose pas sur la possession de l’uranium mais sur le fait qu’il intervient peu dans le produit final, qu’on peut le stocker pour plusieurs année (contrairement au pétrole et au gaz) et que de ce fait il échappe aux fluctuations du marché. Par ailleurs, si les Verts ne s’étaient pas acharnés contre le nucléaire, on aurait des générateurs de génération suivante qui pourraient s’alimenter avec les déchets existants, ce qui nous conférerait une autonomie de l’ordre de plusieurs millénaires !

Il serait intéressant de prendre le même argument pour les ENR. A ma connaissance nous ne possédons aucun des métaux stratégiques utilisés dans les cellules photovoltaïques ou les aimants des éoliennes……

Dans ce même article il est indiqué l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique. C’est juste ! C’est justement parce qu’il y a urgence qu’il est coupable de se passer de nucléaire tant que l’on ne sait pas compenser l’intermittence des ENR autrement qu’avec du gaz !

Manon Aubry indique dans son article que le nucléaire est source de risques et qu’il génère des déchets. Le risque zéro n’existe pas, c’est clair. Mais le réchauffement climatique va rendre des parties de la planète complètement et durablement inhabitables (montée des eaux ou sécheresse extrême) et vont conduire des populations à migrer. La priorisation du risque nucléaire sur le risque climatique (car c’est cela au fond dont il s’agit) n’est il pas significatif du fait que le risque climatique est encore (trop) perçu comme étant éloigné (géographiquement) alors que les centrales sont sur notre territoire ? Pour reprendre une expression de Manon, n’est-il pas plus irresponsable de décider de se priver d’une forme de production d’énergie qui n’émet pas de Co2 et de la remplacer en partie par du gaz (car c’est la réalité) et de laisser dériver le climat ?

Le risque zéro n’existe pas.

Les milliers de salariés d’EDF qui assurent la conception et le fonctionnement des centrales, contrôlés par l’Autorité de Sûrété Nucléaire et par les milliers d’ingénieurs et de techniciens qui travaillent à l’Institut de Radioprotection et de Sécurité du Nucléaire qui indiquent que nos centrales peuvent continuer à fonctionner font-ils mal leur travail ?

Ce sont toutes ces questions qu’il nous faudrait débattre ensemble, dans le calme et le respect.

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