Après l’épidémie : et si on maintenait l’éducation par les médias ?

La revue Progressistes, comme d’autres médias, contribue à diffuser des informations scientifiques pour le grand public afin d’éclairer les débats contemporains. Mais justement, cette période de confinement a vu de nombreux dispositifs d’éducation à distance à travers les médias se mettre en place : ne devraient ils pas être pérennisés et développés après l’épidémie, afin de rendre la télévision plus éducative et intelligente ? A la rédaction de Progressistes, nous le pensons fortement. Quelques propositions ici qui vont dans ce sens.

Le dispositif de “Nation apprenante” utilisant la télévision comme vecteur d’instruction scolaire est, vues les circonstances, évidemment le bienvenu.

Mais il fut une époque pas si lointaine où France 5 proposait une émission appelée “Les amphis de France 5”, où l’on pouvait assister à des cours de niveau supérieur dans de nombreux domaines. “Nation apprenante” ressucite cette démarche. Toutefois, pourquoi ne pas envisager, une fois l’épidémie terminée, de le transformer en dispositif permanent, spécifié pour tous les niveaux scolaires, et reprendre le fil des “amphis”. Mais pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi ne pas imaginer que les cours et leçons inaugurales des professeurs du Collège de France, certes déjà accessibles en podcast et sur internet, fassent l’objet d’une diffusion télévisuelle ? Les conférences et discours de réception des membres de l’Institut et de ses Cinq Académies ? Et, plus largement, pourquoi ne pas donner au grand public l’accès le plus frais et le plus large à la connaissance, en donnant une consistance télévisuelle à ce qui existe par exemple sur France Culture ?

La France ne manque pas de grands établissements, de sociétés savantes, d’universités et grandes écoles, mais les Français connaissent mal ce qui s’y fait ni comment on le fait ; en outre, on pourrait recycler les actuelles directions de la communication de ces structures dans un but plus intéressant qu’actuellement, qui ne ressemble qu’à de la banale publicité. Ce serait un moyen formidable pour compléter l’enseignement proprement dit mais, bien au-delà, pour susciter la curiosité et de diffuser les avancées de la pensée auprès des Français, de générer des vocations auprès des jeunes, de contribuer à restaurer l’importance et la visibilité des oeuvres de l’esprit dans la vie quotidienne, la culture générale, ainsi que le débat démocratique.

Face à la profusion de fausses nouvelles, à la diffusion de fausse science, de raccourcis abusifs, l’exercice de la citoyenneté doit se nourir d’un éclairage soutenu appuyé sur la connaissance et la raison. La souveraineté n’est rien si elle n’est pas irriguée par les lumières. Une telle ambition suppose une action décidée de l’Etat, en l’occurrence prioritairement les ministères de la Culture, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Il reviendrait ainsi au Conseil supérieur de l’audiovisuel d’établir, tant pour le secteur public que pour le privé, un cahier des charges strict et ambitieux dans ce domaine. Vue la qualité discutable des programmes des chaînes de 8 à 12, il y a cinq canaux potentiellement disponibles pour un tel projet.

Une réflexion sur “Après l’épidémie : et si on maintenait l’éducation par les médias ?

  1. La continuité de “l’Éducation par les médias” serait une bonne chose à condition que cela ne fasse pas au dépens de l’embauche d’enseignants et d’augmentation des heures de cours dispensées aux élèves, collégiens, lycéens….)

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