Née Anne Pelletier le 18 mai 1874 à Paris, celle qui prendra le prénom de Madeleine quelques années plus tard quitte l’école à douze ans, juste après son certificat d’études, ce qui ne l’empêchera pas d’obtenir son baccalauréat quelques années plus tard, en 1897. Ces années « buissonnières » – en fait des années de formation en autodidacte – sont l’occasion pour elle de se former politiquement au contact des milieux aussi bien socialistes, anarchistes ou féministes et d’y faire la connaissance de Louise Michel.
Malgré des conditions sociales et financières déplorables, elle entreprend des études médicales et devient successivement la première femme à passer le concours de l’assistance médicale, en 1899, ainsi que la première diplômée en psychiatrie en France, en 1906. Sa pratique de la médecine est intimement liée à ses engagements politiques : elle réprouve ainsi les théories de Paul Pierre Broca concernant les rapports entre la taille du crâne et l’intelligence, cette théorie supposant l’infériorité intellectuelle de la femme; elle prend soin des plus pauvres en devenant médecin de nuit.
Tout au long de sa carrière, elle véhicule ses idées par une importante production écrite: la Femme en lutte pour ses droits (1908), l’Éducation féministe des filles (1914)… Elle prolonge ce travail de plume en écrivant dans le journal la Voix des femmes puis l’Ouvrière dans le cadre de son engagement au sein du Parti communiste. Accusée d’avoir participé à l’avortement d’une fillette de treize ans violée par son frère, elle est condamnée, mais en raison de son état de santé – elle était hémiplégique depuis 1937 – elle est enfermée à Sainte-Anne puis à Épinay-sur-Orge, où elle meurt d’un second accident vasculaire cérébral le 29 décembre 1939.