I Santé et Environnement

SANTÉ PUBLIQUE

I.1. Le tabac et autres addictions, l’obésité, les infections par des bactéries multirésistantes aux antibiotiques, les émissions de particules, les maladies infectieuses émergentes… menacent la santé de nos concitoyens. Quelles mesures comptez-vous prendre en termes de recherche et de prévention pour protéger la santé publique ?

Les problèmes de santé publique évoluent, et beaucoup sont liés aux évolutions de nos conditions de vie, de nos conditions de travail, de notre environnement naturel et social. Stress et cadences difficilement tenables, pollutions, contenu de nos assiettes, facilité d’accès aux drogues…, il y a d’abord beaucoup à faire à la source sur chacun de ces sujets. L’amélioration permanente de la santé publique demeure l’un des principaux marqueurs de progrès d’une société, et il s’agit bien sûr d’user résolument de tous les moyens de la puissance publique – réglementation, fiscalité, action et contrôle des organismes publics – pour améliorer toujours l’accès de tous à un environnement, à une alimentation et à des pratiques de consommation de qualité. Pour cela, il s’agit aussi de systématiser l’implication des populations en cessant de dissocier sanitaire et social pour imbriquer dans une relation de confiance les citoyens, professionnels de santé et travailleurs, les salariés et leurs représentants devant en particulier accéder à des pouvoirs étendus dans leurs entreprises pour mieux protéger la sécurité au travail, mais aussi l’environnement et la santé des populations proches, à l’inverse des tendances actuelles. Une logique de prévention qui invite à envisager un renforcement très net des moyens et de la visibilité des médecines du travail et scolaire, et se complète naturellement de campagnes de prévention, notamment pour les jeunes et publics à risque, à poursuivre et à amplifier en les doublant souvent d’actions individualisées comportant des bilans de prévention et de dépistage tout au long de la vie.

Mais la prévention ne peut suffire, et il y a un effort essentiel et urgent à engager dans le système de santé dans son ensemble, en tenant la cohérence de toute la chaîne qui court depuis la recherche et l’industrie, notamment pharmaceutique (il est frappant qu’aucun des vingt-six antirétroviraux permettant de lutter contre le sida n’ait été développé par l’industrie pharmaceutique française, pays qui a pourtant découvert le virus !), jusqu’à la médecine de proximité, l’hôpital et tout le circuit des soins spécialisés. Les personnels de santé doivent être mieux formés, avoir les moyens de bien faire leur travail, être parties prenantes des prises de décision. Et la Sécurité sociale doit être au cœur de ces efforts, car le financement de notre système de santé, à rebours du travail de sape austéritaire et inégalitaire qui le mine, doit être construit avec le souci permanent de rendre véritablement accessibles à toutes et tous les avancées médicales.

VACCINATION 

I.2. La vaccination, une des plus grandes avancées de la santé publique depuis deux siècles, fait l’objet d’une défiance croissante de la population. L’absence même partielle de vaccination fait renaître de graves dangers d’épidémies. Quelle politique vaccinale souhaitez-vous mettre en oeuvre pour remédier à cette situation ?

La défiance à l’égard de la vaccination est l’un des aspects de la défiance que l’on peut observer plus largement à l’égard de la science. Sur ce sujet comme sur d’autres, on ne peut abandonner le terrain aux obscurantismes, car, face aux menaces épidémiques qui restent bien réelles, la vaccination demeure l’une des plus grandes avancées en termes de santé publique. Mais la confiance ne se décrète pas, et le comportement des acteurs privés – et malheureusement parfois publics – peut à bon droit inquiéter. Face aux scandales réels ou montés en épingle, parfois instrumentalisés, l’insuffisance d’information et de culture scientifique accessible à la population est patente, et les scientifiques et institutions ne doivent pas ménager leurs efforts pour, par exemple, éclairer sur la nécessité et l’innocuité des adjuvants aux vaccins afin de reconquérir la confiance populaire. Le caractère public des acteurs décisionnaires et l’indépendance des responsables vis-à-vis des intérêts privés doivent à ce titre être garantis. Et les coups médiatiques tels que ceux qu’on a connus il y a quelques années face à la grippe H1N1 doivent être proscrits. Les politiques vaccinales – et notamment les vaccinations obligatoires – doivent donc demeurer scientifiquement fondées, assises sur le travail de chercheurs en santé publique et en infectiologie disposant des moyens de mener leurs recherches, et en particulier de chercher les nouveaux vaccins dont l’humanité a besoin.

BIODIVERSITÉ 

I.3. Quelle sera votre stratégie vis-à-vis des 17 objectifs du développement durable des Nations unies, et en particulier vis-à-vis de la préservation de la biodiversité terrestre et aquatique ?

Nous faisons nôtres les 17 objectifs. La biodiversité est un bien commun de l’humanité, qui nous rend des services essentiels et dont dépend la pérennité de notre niche écologique. Dans bien des cas, la cause première de l’actuelle vague d’extinction d’espèces est la surexploitation des ressources et espaces naturels au nom du profit maximal et à court terme. Ces logiques doivent céder à celle d’un développement humain durable, qui permette à l’humanité de répondre à ses besoins et aspirations sans dépasser les capacités des écosystèmes à se régénérer. Les moyens existent et commencent à être connus, ils ont pour nom écoconception, économie circulaire ou gestion raisonnée des ressources naturelles. Tous concepts complexes et de grande portée qui impliquent déjà de bien mieux comprendre la diversité et les interactions du vivant très au-delà du seul souci de préservation, mais aussi de déployer à toutes les échelles des politiques de développement écologique et industriel résistant aux tentations d’appropriation privée et d’exploitation irraisonnée des ressources, et qui pour cela impliquent dans tous les mécanismes de décision des citoyens, travailleurs et élus correctement formés et informés, éclairés par des écologues et chercheurs en sciences naturelles ayant – une fois encore ! – les moyens de leurs recherches et de leur indépendance.

Pour cela, les puissances publiques de tous niveaux ne peuvent se défausser de leur responsabilité. Et les tentatives de délégation au marché par l’attribution d’une valeur marchande aux pollutions, à la biodiversité, aux services écosystémiques et aux « externalités » de tous types ne peuvent mener qu’à l’impuissance, et à la catastrophe écologique et humaine. Face à la complexité et à l’ampleur des enjeux, seule la coopération et l’intelligence collective permettront de sortir des logiques prédatrices et de construire un nouveau modèle de développement humain durablement porteur de progrès.  

OGM 

I.4. Les règlements de l’UE et la législation de notre pays autorisent l’importation en vue de la consommation humaine et animale de productions OGM. Certaines cultures OGM sont autorisées par l’UE, mais elles restent interdites par la France. Quelle est votre position sur cette question ?

Le Parti communiste s’est exprimé sans ambiguïté en faveur d’une alimentation humaine et animale non OGM. Mais il s’agit d’abord d’une position de prudence, car la percée scientifique que représente la transgenèse est encore récente ; et si depuis une vingtaine d’années que les OGM se sont répandus on n’a pas vu se faire jour de problèmes significatifs, les enjeux sanitaires et environnementaux sont tels que les plus grandes précautions demeurent indispensables.

Malgré tout, les communistes ne perdent pas de vue l’enjeu de la sécurité alimentaire de 7 et bientôt 9 ou 10 milliards d’êtres humains qui ne permet pas – face au réchauffement climatique, aux désertifications, aux pertes de biodiversité et aux instabilités multiples – d’écarter indistinctement une piste de recherche qui reste prometteuse. La France dispose d’un comité des biotechnologies et d’organismes de recherche publics, tels que l’INRA, qui sont compétents et expérimentés et, dont l’indépendance – notamment financière vis-à-vis des intérêts agro-industriels – n’est pas toujours suffisante, et doit donc être renforcée. Leurs recherches doivent pouvoir se faire en prenant le temps de la sécurité sans céder aux appels pressés des intérêts marchands, et permettre d’éclairer scientifiquement le débat démocratique. Là encore, l’enjeu de fond est celui de la confiance à reconquérir dans le progrès scientifique et technique. Les logiques prédatrices du capitalisme n’ont de cesse de la saper, mais il n’est de projet d’avenir que dans l’essor conjoint de la conscience politique et de la culture scientifique de nos populations. Et il est à noter que cet essor peut parfois prendre des directions surprenantes, comme lorsque l’opposition souvent déraisonnable que l’on observe face aux OGM et autres évolutions des modèles agricoles dominants fait émerger des pratiques nouvelles et prometteuses dans l’agriculture et l’élevage.

Résister, c’est toujours créer.  

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