Le collectif et la raison, Sébastien Elka*

*Sébastien Elka est ingénieur et rédacteur en chef adjoint de la revue Progressistes.


Au printemps 2017, un questionnaire (1) a été adressé aux candidats à l’élection présidentielle par des scientifiques français renommés, affirmant le rôle des scientifiques citoyens dans la vie publique et leur volonté d’interroger les responsables politiques sur les enjeux associés aux principaux sujets scientifiques et techniques de notre époque.

Aux yeux des communistes français, qui ont la volonté d’allier toujours la participation populaire la plus large avec le meilleur de l’intelligence humaine, cette démarche est assurément la bienvenue. On ne saurait opposer l’expertise scientifique à la décision démocratique, car seul un effort permanent de diffusion et d’appropriation large des connaissances est constitutif d’une démocratie réelle. Dans une période de doute et d’inquiétudes populaires, face aux peurs légitimes ou manipulées, il y a urgence à mener des politiques résolues et toujours conjointes de production et de diffusion des savoirs – en mobilisant tous les canaux de transmission, enseignement de tous niveaux, éducation populaire, formation tout au long de la vie, médias et supports d’information traditionnels et numériques, etc. – dans le respect à la fois de l’indépendance intellectuelle des travailleurs scientifiques et de l’aspiration citoyenne à participer aux choix scientifiques et techniques.

C’est pourquoi, même s’ils ne présentaient pas de candidat à la présidentielle de 2017 et qu’ils n’étaient donc pas éligibles à publier ces réponses de la manière prévue par les initiateurs du questionnaire, les communistes ont décidé de consolider eux aussi leurs réponses aux questions posées. Ils l’ont fait en croisant les avis des groupes de travail thématiques internes du Parti communiste (2) et la contribution d’un groupe d’éminents scientifiques( voir encadré ci-contre) qui ont accepté – qu’ils en soient ici à nouveau remerciés – en réponse à la sollicitation du secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent. Soulignons que parmi ces précieux contributeurs le plus généreux peut-être fut Jean-Pierre Kahane, dont ce fut sans doute l’une des dernières actions politiques et qui s’y investit comme toujours, ardemment, apportant son regard éclairé sur la quasi-totalité des questions posées.

Le résultat de cet exercice constitue les pages qui suivent. Il ne s’agit évidemment pas d’une position officielle et arrêtée du Parti communiste sur chacun de ces sujets – d’autant que la formulation des questions est elle-même souvent des plus discutables – mais plutôt d’un point d’étape quant à ce que l’intellectuel collectif de ce groupe humain peut produire à l’instant où ces pages ont été écrites… Et avec le filtre nécessairement faillible du groupe restreint qui a eu l’heureuse tâche de synthétiser ces échanges. Bien sûr, il demeure des points ouverts, et même parfois quelque peu divergents – sur le principe de précaution, le numérique à l’école ou l’énergie, par exemple – sur lesquels le travail doit continuer. Mais au travers des contributions très largement convergentes et des échanges qui ont permis de construire ce qui suit, la conviction commune s’est fortement exprimée que le combat pour l’approfondissement permanent de notre culture scientifique commune est un levier essentiel de la lutte pour l’émancipation humaine, de la résistance aux idéalismes démobilisateurs, de la conquête du progrès.

 

(1) Retrouvez le questionnaire des scientifiques sur http://science-et-technologie.ens.fr/
(2) Les groupes thématiques du Conseil national du PCF suivants ont contribué : commission Santé, commission Écologie, commission Enseignement supérieur et Recherche, commission Révolution numérique, commission Industrie, Production, Services.

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