*Evariste Sanchez-Palencia est mathématicien. Il est membre de l’Académie des Sciences.
La science et la technologie conditionnent et imprègnent les mutations rapides de notre société et de nos modes de vie. Il s’agit pour nous, plus que jamais, de comprendre la causalité des changements en cours, de savoir séparer le possible de l’impossible, l’inéluctable de l’optionnel et, autant que possible, de prévoir les conséquences de nos choix dans un contexte international largement débridé.
Nous assistons depuis une trentaine d’années à une désaffection progressive de notre société, et très particulièrement de notre jeunesse, pour les sciences. La connaissance scientifique cède la place à des opinions, voire des convictions, souvent incompatibles avec l’objectivité de la nature et de ses contraintes et même parfois avec la logique la plus élémentaire.
Il faut saluer l’initiative d’un groupe de scientifiques qui a adressé aux candidats à la dernière élection présidentielle un questionnaire sur la politique qu’ils comptaient mener sur des questions touchant les sciences. Le Parti communiste, contacté à ce propos bien que ne présentant pas de candidat, a saisi l’occasion pour donner des réponses et mener une réflexion sur un pan de la vie politique qui est appelé à jouer un rôle crucial dans un avenir proche. Ce sont ces réponses que Progressistes publie ici pour faire connaître nos options et éveiller l’intérêt pour ces sujets malencontreusement évités par nombre de responsables politiques.
Au-delà de ces réponses, il y aurait un intérêt certain à la création d’un « Office national de l’information scientifique et technique ». Notre société souffre d’un manque de transmission de la connaissance scientifique vers la communauté des citoyens. La vulgarisation de haut niveau des faits scientifiques indiscutables et l’explication de la nature, de la connaissance – indépendante des croyances, des opinions et des souhaits –, sont incontournables pour nous situer dans le monde en tant que citoyens responsables. Un tel office aurait donc pour objet de développer une connaissance lucide, parfaitement articulée avec une laïcité active et responsable. Il devrait en particulier assister les enseignants en leur fournissant des clés pédagogiques pour la transmission des connaissances dans des situations conflictuelles, par exemple lors de la gestion de désaccords entre le contenu des cours et des croyances enracinées avant l’accès à l’enseignement. Ce type de problèmes conduit au blocage de l’acquisition de connaissances, au dénigrement de l’enseignement et à la destruction du lien social.
Puissent nos prises de position et nos souhaits éveiller l’intérêt pour une thématique de la plus grande actualité, appelée à devenir l’une des clés des échéances politiques et sociétales qui approchent !