Hommage à Antoine Casanova
« Les révolutions sont des révolutions sociales qui s’enracinent dans le développement de profondes contradictions et de malaises devenant explosifs au sein des nations et des sociétés. »
Antoine Casanova, « Napoléon et la pensée de son temps. Une histoire intellectuelle singulière », 2000.
Antoine Casanova nous a quittés. Il était un des grands intellectuels communistes de notre pays. Historien, il a travaillé sur les voies de passage du féodalisme au capitalisme, sur la Révolution, sur l’histoire sociale et politique de la Corse, où il était né, et sur Napoléon Bonaparte. Il était aussi un connaisseur averti et respecté de l’Église catholique, en particulier de son histoire depuis le concile Vatican II. Antoine Casanova a été un intellectuel rigoureux dans sa pensée, ouvert aux autres. C’est dans cet esprit qu’il a animé la Nouvelle Critique, avec Francis Cohen, dans les années 1970, et qu’il a dirigé la Pensée de 1978 à 2014.
Spécialiste de la Révolution française, il aimait vivre à Versailles, près de la salle du Jeu de paume et du palais. Il en fut pendant de nombreuses années un élu d’opposition, vigoureux, reconnu et respecté de la droite versaillaise au sein du conseil municipal. Antoine Casanova a fait profiter au collectif communiste de son savoir, de sa pensée singulière. Membre du comité central du PCF, de son bureau politique, Antoine a été de tous les combats pour l’émancipation humaine, pour que son parti soit à la hauteur des enjeux de notre temps. Dans le cadre de ses fonctions, il a beaucoup travaillé afin de construire des échanges fructueux, passionnants, avec le monde des croyants, y compris des membres de la hiérarchie catholique. Il défendait l’idée de Jaurès d’une laïcité de l’égalité, qu’il a fait partager notamment en 2005 dans de très nombreuses conférences lors du centenaire de la loi de séparation des religions et de l’État.
Antoine c’était aussi l’amour de son île, la Corse. Il en a gardé l’accent, et aimait partager sa culture, ses spécialités culinaires et les joies de la montagne et de la mer. À sa fille, Michèle, à ses proches, je tiens à leur exprimer en mon nom et celui des communistes mes condoléances les plus sincères. Nous partageons votre chagrin. Nous garderons un beau souvenir d’Antoine, qui nous laisse en héritage une pensée pénétrée des grands apports de Marx, exigeante et créative.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF