QU’APPELLE-T-ON «TRANSITION ÉNERGÉTIQUE»? COMMENT LA DÉFINIR?, Valérie Goncalves*

La transition énergétique prend de multiples significations suivant les pays. Il en va de la responsabilité des pays riches d’utiliser les technologies les plus modernes pour décarboner leur énergie et organiser les transferts de technologies nécessaires vers les pays du Sud.

*Valérie Goncalves est dirigeante nationale du PCF. Elle est en charge de la commission Énergie.

HISTORIQUE

Si l’on regarde dans notre histoire récente, on recense plusieurs transitions énergétiques :

– la transition vers l’hydraulique et le charbon après la Seconde guerre mondiale ;

– la transition vers le pétrole et la « régression » du charbon après la signature du traité de Rome de 1957;

– la transition vers le nucléaire après le premier choc pétrolier, en 1974 ;

– la transition vers une énergie «libéralisée » et « décarbonée » depuis les années 2000.

Aujourd’hui, en Allemagne la transition énergétique prend la forme de la sortie du nucléaire ; aux États-Unis, celle de l’exploitation des gaz de schistes. En ce qui nous concerne, la transition énergétique, c’est passer d’un modèle qui s’appuie sur des énergies fossiles à un modèle où les énergies décarbonées sont dominantes.

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Pour une transition énergétique réussie : brochure de 30 pages, éditée par le PCF, détaillant les enjeux sur le climat et l’énergie (téléchargeable gratuitement sur http://www.pcf.fr).

Au même titre que l’accès à l’alimentation ou à la santé, l’accès à l’énergie est un élément déterminant pour la réduction des inégalités, pour l’émancipation et l’épanouissement des peuples. Depuis un siècle, la maîtrise des ressources en énergie (charbon, pétrole, gaz et nucléaire) a permis une hausse considérable du niveau de vie des populations, spécialement dans les pays développés. Les pays se sont appuyés majoritairement sur les ressources fossiles pour asseoir leur développement économique. Il en va donc de la responsabilité de ces pays qui ont très largement privilégié le recours à ces ressources de donner la priorité à d’autres modes de production d’énergie qu’ils maîtrisent. Ils doivent investir beaucoup plus massivement dans la recherche pour obtenir des modes de production plus respectueux de la planète, mettre en place de vrais plans d’économie d’énergie et, enfin, d’effectuer les transferts technologiques nécessaires afin que les pays en voie de développement et les pays pauvres puissent bénéficier des acquis scientifiques pour inscrire, dès le départ, leur développement dans un cadre durable et respectueux de l’environnement.

DÉCARBONER L’ÉLECTRICITÉ : UNE RECOMMANDATION DU GIEC

Les questions sociales, environnementales et économiques sont intimement liées lorsque l’on évoque les enjeux énergétiques. On ne peut pas se contenter d’en traiter une partie sans aborder les autres.

C’est pourquoi, lorsque l’on évoque le mix énergétique diversifié, on doit s’attacher à « exploiter » le mieux possible chacune des énergies sans les opposer les unes aux autres. C’est- à-dire qu’il faut solliciter toutes les énergies disponibles en privilégiant celles émettant le moins de CO2 tout en prenant en compte le niveau de maturité des différentes technologies avec un triple critère : social, environnemental et économique.

Faire prévaloir, sans attendre, la logique du développement humain durable sur la logique capitaliste est devenu une question absolument cruciale pour l’avenir de l’humanité.

Une des préconisations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour lutter contre le réchauffement climatique est d’aller vers une évolution rapide d’une électricité la plus décarbonée possible en substitution des énergies fossiles. Au sein de l’Europe, la France (avec la Norvège et la Suède) est en avance pour atteindre cet objectif. En effet, son électricité est fortement décarbonée grâce au mix électrique où la part du nucléaire et de l’hydraulique est prépondérante. Il est donc important pour nous de conserver cet avantage. Il y a de fortes chances que notre consommation d’électricité augmente, compte tenu des évolutions technologiques (informatique, ferroutage, climatisation, voiture électrique, etc.) et démographiques.

UN ENJEU ÉCONOMIQUE ET SOCIAL MAJEUR

Aussi, l’accès à l’énergie à un coût modéré est un élément vital pour les populations. C’est également un enjeu majeur pour les entreprises et de localisation industrielle. En France, nous devons veiller à ne pas remettre en cause l’égalité de traitement des citoyens dans l’accès à l’énergie ni la péréquation tarifaire pour l’électricité, par exemple, qui permet à chacun d’avoir partout, quel que soit son lieu d’habitation, un même tarif. Une condition sine qua non de la réussite d’une transition énergétique ambitieuse est un effort massif de recherche tous azimuts dans chacun des secteurs énergétiques. Malheureusement, un récent rapport remis au gouvernement sur les infrastructures énergétiques fait état d’un effort de recherche au même niveau que celui de 1980, alors que seule la recherche pourra ouvrir des champs nouveaux et permettre des sauts technologiques.

Les énergies fossiles représentent aujourd’hui 69 % de l’énergie finale consommée en France, et les transports consomment près de la moitié de cette énergie. Le transport est le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre (GES), c’est donc dans cette direction qu’il faut se tourner prioritairement. Il faut développer les lignes ferroviaires, le fret, l’intermodalité; repenser notre urbanisme, en particulier l’étalement urbain ; relancer notre industrie pour produire et recycler au plus près.

Le bâtiment, deuxième secteur à émettre des GES (25 %), est aussi celui qui consomme le plus d’énergie (44 %). L’habitat et le tertiaire sont de gros consommateurs de combustibles fossiles également. Il y a donc là, un gisement d’économies d’énergie et de réduction de nos émissions de CO2 en substituant aux énergies fossiles la production de chaleur renouvelable, par exemple. La rénovation thermique est donc une impérieuse et urgente nécessité. Cela suppose la mise en place de politiques publiques réellement efficaces, tant en matière d’investissements – qui sont considérables – que de recherche, formation, création de filières professionnelles. S’attaquer à l’efficacité énergétique sera également l’occasion de combattre la précarité énergétique, qui en France touche 11 millions de personnes. Enfin, il nous faut mobiliser dans une même dynamique et de manière efficace tous les acteurs industriels, publics comme privés, pour la mise en œuvre d’une politique énergétique visant le progrès social et répondant aux grands défis écologiques posés en ce début de IIIe millénaire. Ainsi, il nous faut contraindre tous les acteurs industriels de ce secteur à œuvrer à la mise en place et au respect de critères de gestion, allant dans le sens du service public et de l’intérêt général. Il s’agit de favoriser l’enclenchement d’un processus de coopérations industrielles et d’harmonisation sociale qui se substituerait à la concurrence économique et au dumping social.

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