Résoudre un problème d’échecs sur la plage, dans le métro, à vélo… Taylan Coskun*


Dans les pas de l’école soviétique d’échecs

Taylan Coskun est membre du comité de rédaction de Progressistes

Article paru dans le numéro 32 de progressistes (avril-mai-juin 2021)

« Un imbécile peut poser dix fois plus de questions que dix sages ensemble ne pourraient en résoudre. »
Propos attribué à V.I. Lénine

Un des entraînements les plus efficaces pour progresser aux échecs est, selon l’école soviétique, de résoudre des problèmes (ou des puzzles). Il s’agit de trouver un gain forcé dans une position donnée. Consacrer ne serait-ce qu’un quart d’heure par jour à cette activité ludique permet d’obtenir de réelles avancées. Vous pouvez trouver des puzzles à résoudre en très grand nombre sur les sites de jeu en ligne, dont lichess. Mais y a-t-il une méthode objective et rationnelle pour résoudre à coup sûr ces exercices ? L’école soviétique répond par l’affirmative. C’est la méthode EPM (échecs, prises, menaces) associée à cinq éléments d’analyse de la position. De quoi s’agit-il ? Quand on a un puzzle d’échecs devant soi, on détecte d’abord cinq types de faiblesses dans la position de la partie adverse.

  1. Les pièces et les pions qui ne sont pas défendues (on peut les attaquer et les prendre).
  2. Les pièces et les pions insuffisamment défendus (défendus et attaqués par un même nombre de pièces).
  3. Les pièces qui sont attachées à la défense d’autres pièces (en les attaquant, on affaiblit la pièce qu’elles défendent).
  4. Les pièces qui sont contraintes dans leur mouvement (peu de cases pour bouger, et donc qui peuvent être capturées).
  5. Des possibilités de doubles attaques et d’exploitation de clouages, notamment sur le Roi et la Dame.

ILLUSTRATION DE LA METHODE

Dans la position ci-après, le trait est aux Blancs. Détectons d’abord les cibles vers lesquels on peut diriger des coups d’attaque et de menace : on passe en revue systématiquement tous les échecs possibles, ensuite toutes les prises possibles et enfin toutes les menaces (essentiellement les coups qui menacent au coup d’après de faire échec ou des prises). Il suffit à chaque fois d’éliminer les coups possibles en les testant par les meilleures réponses de la partie adverses. On trouve ainsi à coup sûr la solution.

Analysons les cinq éléments

  1. Pièce(s) non défendue(s) : la Dame a5.
  2. Pièces insuffisamment défendues : le pion f7, le pion e5, le pion a6.
  3. Pièces attachées à la défense : la Dame a5 défendant a6 et b5, le Cavalier d7 défendant e5, le Roi défendant f7.
  4. Pièce(s) contrainte(s) dans ses (leurs) mouvement(s) : la Dame a5 n’a qu’une case, b5.
  5. Possibilités de double attaque, de clouage : le pion f7 est cloué ainsi que le pion b4.

Appliquons la méthode EPM

Échecs : F×f7+ ;

Prises : T×f6, T×a6, F×b4, C×e5, F×f7+ ;

Menaces : De2 menace de prendre a6 ;

Les prises et les menaces ne donnent pas de résultat (vérifiez vous-même en envisageant la bonne réponse de l’adversaire). Mais 1 F×f7+, qui fait échec et menace de gagner la Tour e8, est intéressant : le Roi doit le prendre. Poursuivons : 1 … – R×f7, regardons les échecs car les prises et les menaces sont les mêmes qu’au précédent coup : il y a Db3+ et Cg5+. Prenons 2 Db3. Le Roi peut aller soit en g6, soit en f8. Si 2 …-Rg6, alors 3 Ch4+ fait de nouveau échec. Suit 3 … – Rh5 ; 4 Df3+ 6 R×h4 ; 5 Dg3+ – Rh5 ; 6 Dg5#. Et maintenant si après 2 Db3 – Rf8 ; 3 Cg5 menace de mat ; les Noirs ne peuvent que le retarder en rendant du matériel.

À VOUS DE JOUER

Voici quatre puzzles. Les Blancs jouent et gagnent. Appliquez la méthode de l’école soviétique pour résoudre ces exercices

Une réflexion sur “Résoudre un problème d’échecs sur la plage, dans le métro, à vélo… Taylan Coskun*

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.