Chronique d’une désindustrialisation inacceptable : l’exemple des fonderies de Bretagne démontre une nouvelle fois le fossé entre les discours officiels et les logique profondes à l’oeuvre de délocalisation et de casse de l’outil industriel.
Alors que d’un côté Renault tend la main au gouvernement pour recevoir une aide de plusieurs milliards d’euros pour faire face à la crise engendrée par le Covid19, de l’autre côté elle profite de la crise pour se débarrasser des Fonderies de Bretagne et de ses 380 emplois CDI et de sa soixantaine d’intérimaires.
Renault cherche à profiter de la crise d’une part, et d’autre de l’incendie de 2019 qui a obligé les Fonderies de Bretagne à délocaliser provisoirement une partie de sa production à l’étranger (en Espagne et et en Turquie).
Or, ce plan ne correspond à aucune logique financière, industrielle ou écologique.
-Financièrement l’entreprise a investi plus de 220 millions d’€ entre 2010 et 2018 (dont 8M€ de subvention des collectivités). Depuis l’incendie de 2019, 15 nouveaux millions d’€ ont été à nouveaux investis pour remette les lignes de production en marche. L’entreprise avait enfin atteint son seuil de rentabilité juste avant l’incendie, et devait être profitable en 2020.
-Industriellement, l’outil de production est neuf et moderne. Il est disponible immédiatement. Le niveau de qualité des produits est reconnu comme étant au-dessus des normes, aussi bien pour les clients internes (Nissan, Renault) que pour les clients externes (BMW).
-Écologiquement : la fonderie fournit principalement l’usine du Mans. Délocaliser la production en Turquie, Slovénie et en Espagne revient à mettre 30 000 tonnes de marchandises sur les routes de l’Europe, avec la production de gaz à effet de serre que cela génère.
D’autre part l’entreprise qui consomme en énergie l’équivalent de ce que consomme tout Lorient, pourrait avec les deniers de l’Etat plutôt investir dans la récupération d’énergie et les réseaux de chaleur, pour améliorer encore sa rentabilité plutôt qu’utiliser cet argent pour licencier.
Il est donc clair que le plan de fermeture du site de la Fonderie de Bretagne est un pur effet d’opportunité. Sa logique est de faire des gains de profitabilité pour servir ses actionnaires avec l’argent de l’Etat et de nos impôts. Le résultat, c’est l’appauvrissement de notre territoire et la perspective de la perte d’emploi et du chômage pour l’ensemble des salariés de l’entreprise.
Donc :
-il faudrait exiger que les aides de l’Etat soient conditionnées au maintien de l’emploi, et à l’investissement dans la transition écologique
-Renault doit dès à présent ramener la fabrication des pièces délestées à l’étranger suite à l’incendie
-Renault doit s’engager à maintenir l’activité et à continuer de soutenir les efforts de l’entreprise pour atteindre ses objectifs de production et de rentabilité
Jusqu’au 28 mai (date du plan définitif) il est encore possible de mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire pour sauver l’entreprise. La liste Lorient en Commun, avec une délégation constituée de Delphine Alexandre,Léa Bonneville, Gaëlle Le Stradic ont ainsi rencontré les représentants du personnel de l’entreprise et leur ont assuré que, pour leur part, ils feront tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir.
« Mais comme le fait la Région Bretagne depuis 10 ans en qui a mis 2,8 millions d’euros pour la modernisation des lignes et pérenniser l’outil, nous attendons l’entier engagement de nos collectivités au côté des salariés pour défendre un pan entier de notre économie locale. » nous rapportent-ils.
RDV est donné pour le 28 mai.