*Claude Frasson est membre du comité de rédaction de Progressistes
Élève précoce, bénéficiant de la même éducation que ses frères, c’est au contact de ses précepteurs et des livres de la bibliothèque de l’hôtel de Breteuil que celle qui s’appelle encore Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil fait ses premières armes. Elle lit plusieurs langues et s’avère assez tôt douée pour les philosophies et les sciences. À quinze ans, elle maîtrise les théories de Locke, Descartes et Leibniz. Elle poursuit sa formation en fréquentant les grands savants de son temps : Fontenelle, Moreau de Maupertuis, Alexis Claude Clairaut et surtout Voltaire, qu’elle rencontre en 1733. Ensemble, ils vivent quinze ans d’idylle au château de Cirey, lieu de leur amour, mais aussi lieu de rencontres savantes, d’expérimentations et de débats scientifiques.
En femme des Lumières, Émilie tient à transmettre au plus grand nombre les savoirs des grands scientifiques de son temps. Si elle contribue à la popularisation en France de l’oeuvre physique de Leibniz, c’est surtout sa traduction des Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica de Newton – entreprise en 1745 et publiée à titre posthume par Voltaire – qui entre dans la postérité : c’est encore aujourd’hui la seule traduction en français existante de cet ouvrage !
Alors qu’en France les femmes trouvent encore porte close dans les institutions scientifiques, trois ans avant sa mort Mme du Châtelet trouve sa place parmi Laura Bassi et Maria Gaetana Agnesi à l’Académie de la ville de Bologne, où elle est élue et inscrite sur le registre des membres.