Comment sur les rĂ©seaux sociaux les informations fausses, les bobars, dits aussi, par un effet de mode linguistique anglophile, fake news, ont tendance Ă se propager plus facilement que les informations fondĂ©es. Â
*Sylvestre HUET est journaliste scientifique.
Sur Twitter, le faux va plus vite, plus loin, plus fort que le vrai. Un peu comme les sportifs dopés aux JO.
Propos de comptoir ? Humeur de technophobe tĂ©tanisĂ© par un ordi ? Prof de français exaspĂ©rĂ© de voir ses Ă©lĂšves sur leurs portables pendant son cours ? Que nenni ! DĂ©monstration savante (1) publiĂ©e dans la derniĂšre livraison de Science, lâune des revues les plus cotĂ©es dans les labos et qui consacre dâhabitude ses pages Ă la physique, la chimie, la biologie ou les gĂ©o sciences, mais rarement aux sciences sociales. Or elle en fait mĂȘme sa une en titrant : « Comment le mensonge se propage. Sur le mĂ©dia social, les fausses nouvelles Ă©crasent la vĂ©ritĂ© ». Cette affirmation est la conclusion dâun trio de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) travaillant au fameux Medialab. Conclusion tirĂ©e Ă lâissue dâune enquĂȘte pour le moins sĂ©rieuse. Leur corpus ? Pas moins de 126000 histoires diffĂ©rentes, qui se sont rĂ©pandues sur Twitter entre 2004 et 2017 (uniquement en anglais, le corpus est donc pour beaucoup rĂ©duit aux Ătats-Unis; câest lâune des limites de lâĂ©tude). Des histoires (re)tweetĂ©es par 3 millions de personnes au moins 4,5 millions de fois.

Des histoires vĂ©rifiĂ©es une Ă une par six organisations spĂ©cialisĂ©es dans le fact-checking (2) et par des Ă©tudiants, et dont lâaccord sur le caractĂšre vrai ou faux â ou partiellement vrai et faux â de chaque histoire se situe entre 95 % et 98 %. Si des Ă©tudes de cas sâĂ©taient attaquĂ©es au sujet (la dĂ©couverte du boson de Higgs ou les rumeurs aprĂšs lâattentat au marathon de Boston), câest la premiĂšre fois quâune approche quantitative et statistique y est consacrĂ©e. Elle permet de se demander si, et comment, le faux et le vrai sont diffĂ©remment diffusĂ©s et quels sont les facteurs du jugement humain susceptibles dâexpliquer ces diffĂ©rences.
Pour Divina Frau-Meigs, professeure Ă lâuniversitĂ© Paris-III Sorbonne nouvelle, câest « un travail solide, irrĂ©prochable au plan statistique, effectuĂ© avec beaucoup de prĂ©cautions scientifiques et qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun accĂšs aux donnĂ©es de Twitter, ce que les chercheurs demandaient depuis longtemps. Le protocole quâils ont mis au point peut dĂ©sormais ĂȘtre utilisĂ© pour dâautres langues ».
ROBOTS PLUS EFFICACES MAIS ĂQUITABLES
Fort de ce corpus, les trois chercheurs (Sinan Aral, Deb Roy et Soroush Vosoughi) ont étudié la diffusion de ces histoires. Les résultats principaux font frémir.
Les fausses nouvelles sont diffusĂ©es plus vite, plus loin, plus profondĂ©ment et plus largement que les vraies. Les « cascades » de retweets font intervenir plus de personnes, elles entraĂźnent plus de retweets, et sont plus « virales ». Celles qui sont le plus diffusĂ©es concernent la politique. Les pics de « faux » correspondent aux campagnes Ă©lectorales Ă©tatsuniennes en 2012 et 2016, avec 45 000 « cascades ». Suivent ensuite, les « lĂ©gendes urbaines », celles sur les affaires Ă©conomiques, puis la science, le divertissement et enfin les dĂ©sastres naturels. Ă lâinverse de ce que croient nombre de commentateurs, les robots sont certes plus efficaces pour propager des nouvelles, mais se rĂ©vĂšlent Ă©quitables dans la distribution du faux et du vrai. Câest donc la dĂ©cision et lâintervention humaine qui permettent au faux de lâemporter sur le vrai.
Un rĂ©sultat rude, avertit Mathias Girel, maĂźtre de confĂ©rences en philosophie Ă lâĂcole normale supĂ©rieure, puisquâil nous dit que, « si vous acceptez de jouer le jeu de Twitter, vous jouez selon des rĂšgles oĂč le faux lâemportera quantitativement le plus souvent sur le vrai ».
Pour Frau-Meigs, cette premiĂšre ouverture de Twitter montre que les plates-formes (Twitter, FacebookâŠ) ont compris quâelles courent un risque commercial â le seul quâelle craignent vraiment â si elles deviennent complices, dans lâesprit du public, de la diffusion privilĂ©giĂ©e des fausses informations. Or Face book est dĂ©jà « le plus grand diffuseur de fake news », souligne cette membre du groupe dâexperts sur les fake news formĂ© par la Commission europĂ©enne en novembre 2017.
LE COĂT DĂMOCRATIQUE DU FAUX
Quelques chiffres illustrent les dĂ©couvertes des chercheurs. En moyenne, il faut six fois plus de temps au vrai quâau faux pour toucher 1500 personnes, et vingt fois plus de temps pour atteindre les dix nouveaux dĂ©parts de re tweets. La profondeur des cascades du faux sâavĂšre bien plus importante que celle du vrai : 1 % des cascades de faux les plus diffusĂ©es se propagent rapidement vers 1000 Ă 100000 personnes. Les retweets de fausses informations sont en moyenne beaucoup plus nombreux que ceux des informations vraies.
Le viral â lorsque la propagation dâune information connaĂźt un succĂšs Ă chaque nouvelle « branche » issue dâun retweet â caractĂ©rise le faux, quand le vrai se diffuse plan-plan. La palme revient aux fausses informations politiques : ce sont les plus virales (avec les lĂ©gendes urbaines), elles atteignent 20000 personnes trois fois plus vite que toutes les autres catĂ©gories de fausses informations, qui atteignent 10000 personnes.
Le faux lâemporte sur le vrai pour tous les mĂ©canismes dâamplification dans la diffusion sur le rĂ©seau social. Lâexploration statistique de la propagation du faux et du vrai pourrait dĂ©sespĂ©rer les scientifiques Ă lâorigine du Web (3), qui voyaient dans ces logiciels mettant Internet Ă la disposition du plus grand nombre un formidable outil de diffusion de la culture et du savoir, la mise Ă disposition de tous de la bibliothĂšque de lâhumanitĂ©.
La diffusion du faux sur les rĂ©seaux sociaux nâest pas un problĂšme de sexe des anges. Elle peut coĂ»ter trĂšs cher (130 milliards de baisse de la Bourse aprĂšs un tweet mensonger sur lâĂ©tat de santĂ© de Barack Obama en 2013). Elle peut provoquer des rĂ©actions sociales ou politiques de grande ampleur en cas de crise Ă©conomique, de dĂ©sastre naturel, de situations dangereuses et, plus largement, pour tout dĂ©bat public pesant sur une dĂ©cision politique. Mais plus encore, souligne Divina Frau-Meigs, « lâeffet le plus grave de la diffusion massive du faux, câest de rĂ©pandre un doute gĂ©nĂ©ralisĂ© sur lâinformation, les institutions dĂ©mocratiques, les savoirs scientifiques⊠Si tout est faux, la science aussi, on en voit le rĂ©sultat avec les dĂ©bats sur la vaccination ou le climat. Ne plus pouvoir faire confiance Ă une information vraie gĂ©nĂšre une atmosphĂšre malsaine, susceptible de miner tout projet dĂ©mocratique qui suppose une confiance ».
DĂ©terminer si les rĂ©seaux sociaux qui accĂ©lĂšrent la propagation des informations â fausses comme vraies â favorisent lâune ou lâautre de ces catĂ©gories devient donc crucial. « ArrĂȘtons de jouer les apprentis sorciers », alerte-t-elle.
LE FAUX SERAIT NOUVEAU ET SURPRENANT
Mais pourquoi le faux lâemporte-t-il sur le vrai? Puisque les robots ne sont pas sensibles Ă la vĂ©racitĂ© â ils propagent bĂȘtement autant le faux que le vrai â pourquoi les humains (en moyenne) semblent prĂ©fĂ©rer le faux au vrai lorsquâil faut dĂ©cider de le propager ?
Le travail du trio permet dâĂ©liminer nombre dâhypothĂšses.
Non, les « twittos » qui prĂ©fĂšrent le faux au vrai ne sont pas sur Twitter depuis plus longtemps. Non, ils ne suivent pas plus dâautres comptes twitter. Non, ils nâont pas plus de followers. Non, ils ne produisent pas plus de tweets⊠Câest mĂȘme le contraire qui est vrai dans chaque cas pour les twittos qui prĂ©fĂšrent le vrai. Autrement dit, la dynamique du rĂ©seau social serait plutĂŽt en faveur du vrai. En revanche, lorsque le trio se penche sur la probabilitĂ© quâune fausse information soit retweetĂ©e relativement Ă une vraie, la premiĂšre lâest 70 % de plus.
Pour les auteurs, lâune des caractĂ©ristiques facilitant la reprise du faux, câest quâil est nouveau â ou du moins perçu comme tel, vu Ă travers lâanalyse dâun sous-corpus permettant de mesurer le temps entre lâexposition Ă un tweet dĂ©livrant pour la premiĂšre fois lâinformation et un retweet. Une analyse confortĂ©e par celle de mots liĂ©s Ă des Ă©motions dans les retweets montre que le faux est plus souvent accolĂ© au sentiment de surprise, mais aussi au dĂ©goĂ»t, que le vrai. Mais les trois chercheurs ne vont guĂšre plus loin dans lâĂ©laboration dâune explication Ă cet usage du rĂ©seau social favorisant le faux. Câest lĂ , prĂ©cise Divina Frau-Meigs, quâil faut « revenir Ă la sociologie, passer aux interviews qualitatives, Ă©tudier cette propension Ă diffuser le faux comme un âcomportement Ă risqueâ parmi dâautres ».
Pour Mathias Girel, cette approche nâest pas suffisante, en particulier pour examiner la responsabilitĂ© sociale des entreprises privĂ©es qui Ă©crasent de leur domination la circulation des informations sur le Web. Dans « lâingĂ©niĂ©rie du rĂ©seau social, souligne ce spĂ©cialiste de la construction sociale de lâignorance, des aspects dâapparence technique doivent ĂȘtre pris en compte. Imaginons que lâon ne puisse partager une information sans commenter un peu, ou sans dire si on la considĂšre comme vraie, fausse ou douteuse ; ou que lâon soit notifiĂ© si un contenu partagĂ© se rĂ©vĂšle fauxâŠTwitter culmine dans lâinstant, et peu de monde se soucie de corriger une information partagĂ©e il y a trois mois. Le refus de faire le âservice aprĂšs venteâ dâune information que lâon a fait circuler participe de la post-vĂ©ritĂ©, mais cette attitude peut ĂȘtre encouragĂ©e ou dĂ©couragĂ©e par la forme des Ă©changes, les boutons disponibles, les notifications, les alertes. Toute cette ingĂ©nierie a Ă©tĂ© optimisĂ©e pour accroĂźtre les revenus commerciaux des plates-formes, pas pour favoriser le vrai aux dĂ©pens du faux ».
LâAFFAIRE DES FAKE NEWS
Les trois chercheurs ont explicitement Ă©cartĂ© le terme de fake news en raison de son utilisation massive par des acteurs politiques pour dĂ©signer non des informations fausses⊠mais celles diffusĂ©es par leurs adversaires, quâelles soient fausses ou vraies. Ils recommandent donc de ne pas utiliser lâexpression dans le cadre de travaux acadĂ©miques oĂč ce sont les scientifiques, et non les politiciens, qui ont Ă dĂ©terminer si lâinformation diffusĂ©e est vraie ou fausse. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt dâun deuxiĂšme article publiĂ© par Science, qui rĂ©clame, Ă lâinverse, lâavĂšnement de « la science des fake news ». Un article non de recherche mais de dĂ©bat, signĂ© par une brochette de chercheurs en sciences sociales et de lâinformation (4).
Des auteurs qui sâalarment de la « montĂ©e des fake news », mĂȘme si, admettent-ils, il nâest pas aisĂ© de savoir quelle est la vulnĂ©rabilitĂ© rĂ©elle des individus, des institutions et des sociĂ©tĂ©s Ă ces manipulations. Pour eux, une fake news est une information fabriquĂ©e en mimant lâapparence des mĂ©dias dâinformation dans leurs formes, en particulier dans le domaine politique, mĂȘme si, notent-ils, « la vaccination, la nutrition ou la valeur des actions » subissent le mĂȘme type dâattaques.
Les auteurs ne sâillusionnent pas sur la confiance envers des mĂ©dias traditionnels, dont la crĂ©dibilitĂ© sâest Ă©croulĂ©e aux Ătats-Unis en 2016, mais avec une dichotomie radicale dans la population : si 51 % des citoyens se dĂ©clarant « DĂ©mocrates » ont encore confiance dans les mĂ©dias traditionnels, seuls 14 % de ceux qui prĂ©fĂšrent les RĂ©publicains le font (on observe la mĂȘme opposition sur le sujet de la confiance envers les climatologues sur le rĂ©chauffement climatique, quel que soit le niveau dâĂ©tudes). Ils contredisent lâanalyse des auteurs de lâarticle de recherche sur le rĂŽle des bots (les robots qui agissent sur les rĂ©seaux sociaux) en les chiffrant entre 9 et 15 % des comptes actifs sur Twitter, ou Ă 60 millions sur Facebook, et en leur attribuant une action substantielle lors de la campagne prĂ©sidentielle de 2016 aux Ătats-Unis.
Toutefois, ils reconnaissent que la mesure de lâimpact des fake news demeure impossible. Du coup, ils se tournent vers la question: que faire pour « crĂ©er un Ă©cosystĂšme et une culture de lâinformation qui valorise et promeut la vĂ©ritĂ© »?
LâINDIVIDU, LâĂCOLE, LâENTREPRISEâŠ
Renforcer les capacitĂ©s critiques des individus ? LâidĂ©e semble bonne. Elle est mise en oeuvre par les fact checkers, mais se heurte Ă notre tendance Ă la paresse intellectuelle. Chacun dâentre nous prĂ©fĂšre se tourner vers les informations qui confortent nos prĂ©jugĂ©s et idĂ©es reçues plutĂŽt que vers celles qui seront inconfortables car elles les contredisent. En rĂ©sumĂ©, cela ne fonctionne pas trĂšs bien.
Les auteurs proposent donc de plutĂŽt se diriger vers une Ă©ducation plus gĂ©nĂ©rale Ă la rĂ©ception critique de toute information, Ă une analyse de sa crĂ©dibilitĂ©, et cela dĂšs lâenseignement scolaire. Un effort de long terme dont lâefficacitĂ© demeure Ă prouver. Mais difficile de contester lâintĂ©rĂȘt de programmes scolaires consacrĂ©s Ă cette « Ă©ducation aux mĂ©dias », dont Frau-Meigs souligne le caractĂšre impĂ©ratif. On pourrait y ajouter que nos manuels et programmes scolaires ne parviennent guĂšre Ă faire comprendre la diffĂ©rence entre une croyance ou une opinion et un savoir acquis par la mĂ©thode scientifique dâexploration du monde⊠ou entre une « information instantanĂ©e et une connaissance », insiste Girel.
Demander aux plates-formes (Facebook, Twitter, Google) de prendre en charge lâaction contre les fake news ? Comme leur modĂšle Ă©conomique (super efficace pour concentrer lâargent chez leurs fondateurs) repose sur la publicitĂ©, il faut que les contre-mesures sâopposant aux fake news ne soient pas trop mĂ©chantes pour leurs revenus. Pour lâinstant, seules des actions isolĂ©es (fermetures de comptes, algorithme modifiĂ© pour prendre en compte une « qualitĂ© » dâinformation) sont envisagĂ©es. Le tout dans lâopacitĂ© la plus complĂšte. Les auteurs supplient donc les GAFA de collaborer avec les universitaires, en leur fournissant les donnĂ©es sur le fonctionnement des rĂ©seaux, pour Ă©tudier le sujet.
Pour Divina Frau-Meigs, câest Ă lâinverse le sujet majeur. Ces plates-formes doivent « reconnaĂźtre quâelles sont de facto des mĂ©dias, et donc doivent se soumettre Ă des rĂšgles dĂ©coulant du rĂŽle de lâinformation des citoyens dans lâespace public dâune dĂ©mocratie, et non du seul droit commercial quâelles revendiquent ». Bref, il sâagit de ne pas se contenter de faire appel au sens civique et de leur responsabilitĂ© sociale des dirigeants des GAFA, il faut « gagner une bataille juridique sur leur statut». Devenus Ă©diteurs de presse, Facebook ou Twitter devront en assumer les responsabilitĂ©s, y compris devant la justice. Et il faut laisser les chercheurs dĂ©voiler les consĂ©quences en termes de qualitĂ© de lâinformation des algorithmes de recherche et de classement (et donc les rendre publics, Ă chaque changement) ou dĂ©crypter comment les mĂ©canismes de concurrence sur le Net ou la monĂ©tisation jouent en faveur du faux contre le vrai.
LâĂTAT ET LA PRESSE
DâoĂč la troisiĂšme idĂ©e, une intervention de lâĂtat, par la loi ou des rĂšglements.
Alors que le gouvernement dâEmmanuel Macron annonce une loi pour rĂ©primer et punir les fake news, surtout en pĂ©riode Ă©lectorale, le sujet est brĂ»lant. Attention, avertit Frau-Meigs, Ă ne pas transformer lâexigence de qualitĂ© de lâinformation en nouveaux pouvoirs de censure pour un pouvoir politique.
Mathias Girel enfonce le clou: « Un filtre peut aussi servir Ă faire taire un lanceur dâalerte ou un opposant politique. » Au fond, affirme la sociologue des mĂ©dias, la leçon de ces affaires est que « lâinformation gratuite, cela nâexiste pas. Certes, on peut imaginer des actions de modĂ©ration des rĂ©seaux sociaux, crĂ©er des postes de mĂ©diateurs en ligne. Mais pour ĂȘtre informĂ©s les citoyens doivent pouvoir compter sur une presse pluraliste, et sur des journalistes nombreux, libres et bien formĂ©s, rĂ©alisant les enquĂȘtes nĂ©cessaires ».
La remarque prend tout son sens au regard de la presse française: les principaux titres et moyens télévisés ou radio sont la propriété de quelques milliardaires; le nombre de journalistes titulaires de la carte de presse a chuté de 37390 en 2009 à 35047 en 2017. Un phénomÚne inédit depuis 1945.
Attention, avertit le philosophe, Ă ne pas transformer le souhait exprimĂ© par les auteurs de cet article en une pure incantation par naĂŻvetĂ© sociale: « Faire lâimpasse sur lâĂ©conomie de lâinformation, en particulier la pression sur les titres de presse qui dĂ©pendent des flux venant des rĂ©seaux sociaux nâest pas raisonnable⊠comme de laisser cette question entre les mains des GAFA. ».
(1) Soroush Vosoughi, Deb Roy et Sinan Aral, « The spread of true and false news online », in Science, 9 mars 2018.
(2) snopes.com, politifact.com, factcheck.org, truthorfiction.com, hoax-slayer.com, and urbanlegends.about.com
(3) Soulignons une fois encore que les protocoles logiciels qui ont permis le Web ont été inventés par des informaticiens travaillant au CERN dans le dessein de favoriser une communication horizontale et la démocratie dans les équipes de physiciens dispersées à travers le monde. Et ces protocoles ont été mis gratuitement à la disposition de tous.
(4) David M. J. Lazer, Matthew A. Baum, Yochai Benkler, Adam J. Berinsky, Kelly M. Greenhill, Filippo Menczer, Miriam J. Metzger, Brendan Nyhan, Gordon Pennycook, David Rothschild, Michael Schudson, Steven A. Sloman, Cass R. Sunstein, Emily A. Thorson, Duncan J. Watts, Jonathan L. Zittrain.