Née le 25 juillet 1920 à Notting Hill, Rosalind Franklin est promise à un grand avenir. Après l’obtention d’un doctorat de physique-chimie à Cambridge (Royaume-Uni) en 1945, elle passe trois années en France, entre 1947 à 1950, au Laboratoire central des services chimiques de l’État, afin d’y apprendre les techniques de diffractométrie de rayons X, une technique que la jeune biologiste moléculaire appliquera à l’étude des matériaux biologiques au King’s College de Londres, où elle obtient un poste en 1951.
Une ombre vient alors noircir le tableau. En 1952, elle avait réalisé plusieurs remarquables radiographies aux rayons X de l’ADN et, à son insu, Maurice Wilkins montra ces clichés à James Dewey Watson. Ce dernier, en compagnie de Francis Crick, les utilise afin de résoudre l’énigme de la structure de l’ADN et découvrir ainsi sa structure à double hélice. L’année 1953 est une année noire pour Rosalind : en raison d’une mauvaise ambiance, elle quitte King’s College pour Birkbeck College, d’un côté, et elle est fortement incitée par John Randall à abandonner ses recherches sur l’ADN, de l’autre.
Enfin, l’histoire des clichés connaît des suites. En effet, une semaine après les avoir vus, James Dewey Watson et Francis Crick publient le résultat de leur découverte dans Nature (avril 1953). Cette publication leur ouvre la voie du prix Nobel de médecine, obtenu en 1962, prix auquel Wilkins est associé. Il est alors trop tard pour Rosalind – elle est morte prématurément quatre ans plus tôt d’un cancer de l’ovaire, très certainement lié à sa surexposition aux rayons X – pour être elle-même associée à la récompense.
Ses anciens collègues du King’s College se gardent cependant bien de lui rendre hommage, et il faut attendre 2008 pour que Rosalind reçoive enfin, à titre posthume, le prix d’honneur Louisa Gross Horwitz.