Démocratie d’intervention, Jean-François Bolzinger*

*Jean-François Bolzinger est directeur de Progressistes


Le capitalisme français vient de se donner les moyens politiques d’un maintien et d’un développement de son pouvoir en réussissant, avec l’élection de Macron, un hold-up démocratique et l’enclenchement d’une dynamique propre à tirer le maximum de la mondialisation et de la révolution numérique.

En jouant sur l’irruption de la jeunesse et en rassemblant tous les artisans et partisans d’un libéralisme économique et sociétal, Emmanuel Macron s’est drapé des habits de la modernité. Les dirigeants de l’économie règnent maintenant en maîtres sur la politique et sont décidés à apporter leurs réponses : le monde, l’Europe, les mutations ne seraient plus des contraintes mais des domaines d’action où notre pays doit être offensif et pleinement acteur.

Ce modèle « Wall Street » place l’entreprise – et non l’humain – au centre de la société, la loi comme on le voit avec la réforme du Code du travail, devenant supplétive. Il est fondé sur une dynamique d’inégalités, d’exploitation et de domination de 99 % de la population, dont il faut empêcher l’unité.

La révolution numérique inaugure le développement de l’empowerment, du « pouvoir d’agir » avec de nouvelles formes de mises en réseaux, de commun, de lien social avec des individus qui aspirent à jouer de cette liberté et veulent être citoyens.

Le développement du capitalisme globalisé et la démocratie sont antinomiques. Les souverainetés populaires sont niées. La démocratie est bafouée dans les entreprises comme dans l’ensemble de la société. Pour empêcher que cette révolution numérique ne favorise la démocratie et mette en cause son pouvoir, la classe dominante multiplie les lois liberticides ainsi que le contrôle d’Internet et des réseaux sociaux.

Une autre forme de démocratie frappe à la porte, non seulement délégataire ou participative, mais également d’intervention avec des citoyens acteurs, à partir de la pleine expression de leur qualification et de leur individualité. Repenser le collectif à partir de ces impératifs est une urgence pour toute force de transformation de la société.

Des potentialités de processus révolutionnaire ont émergé en France au travers du mouvement contre la loi « travail » en ouvrant une conjugaison entre réseaux numériques et terrain, travailleurs et citoyens, rue et entreprises, jeunes et actifs : pétition numérique, grèves et manifestations, Nuit debout… Elles n’ont pas trouvé de débouchés politiques lors des récentes élections présidentielles et législatives.

La conscience d’une classe du travail refaçonnée par la révolution numérique ne se décrète pas et n’est pas qu’un exercice de communication. Sa formation demande des forces de gauche ne cherchant pas à rassembler autour d’elles mais se mettant au service du rassemblement de l’ensemble des travailleurs et des citoyens.

L’objectif est d’orchestrer sous des formes renouvelées une dynamique de résistance faite de contestation et de propositions alternatives permanentes.

Pour l’atteindre, Jean-Pierre Kahane, nous lègue sa réflexion profonde, pertinente, exigeante.

Progressistes continuera dans cet esprit à décrypter dans les enjeux de la science, du travail et de l’environnement tous éléments utiles à ce combat.


Nous venons d’apprendre le décès d’Henri Malberg, soutien de la première heure de notre revue.
Nous voulons ici exprimer toutes nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Nous lui rendrons hommage dans notre prochain numéro en retraçant le parcours de l’homme de progrès et de convictions qu’il était.

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