Abolir la division sociale du travail: un enjeu féministe, Marie Jay*

n24L’Union des Etudiants Communistes (UEC), notamment lors de la Semaine du féminisme, met en avant les combats des femmes ; elles sont des forces de progrès.

*Marie Jay est coordinatrice nationale à l’Union des Etudiant-e-s Communistes (UEC).


L’EXPLOITATION DES FEMMES ET LE CAPITALISME 

Dans le monde professionnel, les femmes représentent 97 % des aides à domiciles ou des secrétaires, contre 20 % des ingénieurs en informatique, par exemple. Cela résulte d’une ségrégation genrée qui ne doit rien au hasard, ni à la nature. En effet, les femmes sont orientées vers des métiers qui sont dans la continuité de la sphère domestique, dont les qualifications sont peu reconnues, peu rémunérées. Elles y sont préparées avant même leur accès à l’enseignement supérieur par une orientation elle-même genrée : si elles sont majoritaires dans les instituts de soins infirmiers (90 %), elles sont largement minoritaires en filières scientifiques (8 % à l’ENS). De plus, les inégalités salariales entre hommes et femmes restent de l’ordre de 31 %, en partie du fait des temps partiels imposés, du plafond de verre, de la non-reconnaissance de certaines qualifications, etc. À cette division sociale du travail s’en ajoute une autre. De nos jours, les femmes assurent encore 80 % du travail domestique. Il existe une réelle exploitation du travail des femmes, comme le reconnaissait déjà Engels lorsqu’il affirmait que, « dans la famille, la femme est le prolétaire et l’homme est le bourgeois ». On a attribué pour fonction aux femmes de reproduire la force de travail nécessaire au capitalisme (nourrir les travailleurs, éduquer les enfants futurs travailleurs…), et ce travail n’est pas rémunéré. L’on comprend dès lors mieux la raison pour laquelle les femmes sont encouragées à rester dans la sphère domestique ou dans une continuation de celle-ci, à ne pas sortir de leur « rôle » social, et partant on comprend que le capitalisme ne peut être aboli sans abolir son cœur, ce qui lui permet de perdurer : le patriarcat et l’exploitation des femmes. Abolir la division du travail et dissoudre toutes aliénations est la seule manière de créer de nouvelles richesses et d’en finir avec l’exploitation. C’est pourquoi, comme le mettra en avant l’UEC, notamment au moment de la Semaine du féminisme, les combats des femmes ont un rôle majeur dans notre lutte communiste : elles sont des forces de progrès, des forces révolutionnaires fondamentales.

Affiche-UEC-Semaine Féministe

VIOLENCES DE GENRE, UN VISAGE DU CAPITALISME 
Du fait de l’exploitation des femmes, non seulement leur travail est accaparé, mais leur corps lui-même est aliéné. Dans un système patriarcal, les femmes ne sont pas propriétaires d’elles-mêmes. Marx l’expliquait déjà dans le Manifeste, en faisant le parallèle entre le mariage, dans lequel la femme appartient à un seul homme, et la prostitution, dans lequel la femme est un bien « public », une « femme publique ». Les femmes étant considérées comme des instruments de production, comme des objets donc, elles ne s’appartiennent pas et n’ont pas de droits, c’est pourquoi la culture du viol existe, et pourquoi le viol conjugal n’a été reconnu par jurisprudence qu’en 1990. En tant que féministes, nous devons dénoncer toutes les violences, tous ces actes d’appropriation du corps des femmes qui font perdurer le système patriarcal. En outre, le continuum de violences auquel sont exposées les femmes a pour fonction de rabaisser les femmes à un rôle de dominé, mineur dans la société. Ses manifestations sont multiples et diverses : harcèlement sexiste dans les transports, harcèlement sexuel à la fac ou en stages (25 % des violences subies par les femmes ont lieu sur leur lieu de travail ou d’études), affichages prônant la culture du viol, violences physiques et sexuelles (qui touchent 26 % des femmes en France). Dans les milieux scientifiques, très masculins, ces violences ont pour but de faire fuir et/ou de sanctionner les femmes qui ne restent pas « à leur place », qui contestent ce système d’exploitation.

ACQUÉRIR DE NOUVELLES LIBERTÉS PROFESSIONNELLES 
Le cœur de notre lutte doit être l’abolition de la division du travail. Les victoires féministes sont des victoires qui remettent en cause la division du travail et qui, par conséquent, contribuent à la libération de la société dans son intégralité. C’est la raison pour laquelle l’UEC lutte pour de nouvelles libertés professionnelles pour les femmes. D’abord, un cadrage national des diplômes permettrait d’établir qu’à un niveau de qualification corresponde un niveau de rémunération : cela signifie l’égalité salariale et la revalorisation des métiers à dominante féminine, qui sont sous-payés par rapport à leur niveau de formation. Ensuite, la poly-technicité dans les filières, et notamment l’apprentissage dans toutes filières de techniques d’organisation du travail, permet de remettre en question la division sociale du travail. Également, il faut lutter contre les violences de genre sur les campus, afin de permettre à toutes les femmes de mener à bien leur parcours. Pour finir, nous mettrons en avant, lors de la Semaine du féminisme, avec le thème « les femmes font le progrès », celles qui, malgré ces violences, bravent les obstacles et réussissent en sciences, en écoles d’ingénieurs, partout où les étudiantes sont minoritaires. Promouvoir ces femmes qui réussissent, c’est détruire progressivement la division sociale du travail, le patriarcat, le capitalisme.

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