Le candidat républicain à la prochaine élection présidentielle aux États-Unis vient de choisir son conseiller pour les questions énergétiques : Kevin Cramer. À quelques mois de l’élection, Le milliardaire semble donc se pencher enfin sur la question environnementale. Lors d’un entretien accordé à Reuters, il fustige l’accord de Paris : « Je vais regarder ça très attentivement. Mais, au minimum, je renégocierai cet accord, je dis bien au minimum. Et au maximum, je ferai autre chose », annonce-t-il alors que depuis la mi-mai, à Berlin, on planche sur sa mise en oeuvre. Le candidat ne s’embarrasse pas de l’article 28 de l’accord conclu lors de la COP21, qui stipule pourtant qu’une partie ne peut quitter l’accord que quatre ans après son entrée en application. Sachant que l’accord n’aura force de loi qu’en 2018, dans le meilleur des cas, l’hypothétique président Trump devra attendre un éventuel second mandat pour appliquer ses choix en la matière. Les États-Uniens sont, traditionnellement, méfiants à l’égard des accords multilatéraux. Mais Donald Trump semble ne pas croire un seul instant que le gouvernement chinois respectera ses engagements climatiques. Pour mémoire, Pékin s’est engagé auprès de Washington à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie et à mettre en service 800 à 1000 gigawatts de capacités nucléaires et renouvelables nouvelles en quinze ans.◊
La biodiversité au Parlement : un revers pour l’environnement
Dans le cadre de la discussion de la loi sur la biodiversité, l’Assemblée nationale et le Sénat ont sur deux points reculé de façon importante. En mars 2015, les députés ont réduit à la portion congrue une taxe proposée sur l’huile de palme (la « taxe Nutella »), et ce, sous la pression de l’industrie agroalimentaire et des pays producteurs (Indonésie et Malaisie), lesquels n’ignorent pourtant pas les effets néfastes sur la faune et la flore de cette exploitation. Et en mai, le Sénat a reporté la date butoir pour l’interdiction des néo-nicotinoïdes, responsables de maladies graves chez les abeilles, et donc avec un impact sur le processus de pollinisation.
Les députés s’étaient dans un premier temps mis d’accord pour une interdiction à partir de 2018, au grand dam de Stéphane Le Foll, qui a mobilisé ses troupes pour faire adopter dans la suite un amendement repoussant à 2020 l’interdiction.
Lot de consolation, la notion de « préjudice écologique » est entérinée, à moins que la commission mixte paritaire ne l’efface lors de la présentation de la version commune Sénat-Assemblée nationale du texte.◊
L’ASSURANCE MALADIE SE SAISIT DES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES
Les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) « résultent d’un déséquilibre entre les capacités fonctionnelles d’une personne et les exigences de la situation de travail, notamment lorsque les possibilités de récupération sont insuffisantes (hyper-sollicitation) ». Les 10 heures journalières des apprentis ou le travail de nuit repoussé dans son décompte à partir de minuit de la loi « travail » n’arrangeront rien. Neuf fois sur dix, les TMS concernent les membres supérieurs et/ou le torse ; ils sont à l’origine de douleurs qui deviennent de plus en plus gênantes, incapacitantes s’ils ne sont pas soignés. Ils sont la première cause de maladies professionnelles reconnues : plus de 40 000 salariés ont été indemnisés en 2014 pour cette pathologie. Selon l’Assurance maladie, leur nombre a augmenté de 60 % lors de la dernière décennie. Les secteurs principalement concernés sont l’industrie agroalimentaire, l’automobile, la métallurgie, le BTP, la grande distribution, l’aide et soins à la personne. Sur le plan économique, leur coût annuel se chiffre à 1 milliard d’euros par an, sans compter les coûts indirects (absentéisme, perte de compétences, contentieux…) : 10 millions de journées de travail perdues, soit 45 000 équivalents temps plein. Mais voilà, ce milliard d’euros est couvert par les cotisations des entreprises, puisque les salariés, eux, ne cotisent pas pour les maladies professionnelles. C’est dans cette optique que l’Assurance maladie va venir en aide aux PME afin de prévenir les TMS d’origine professionnelle. On relèvera, que lorsque la santé des travailleurs rencontre celle des caisses des PME, la réponse publique est là.
CONTRE LE TABAGISME EN FRANCE, LE PAQUET NEUTRE
Avec la loi Santé, l’arrivée très progressive des paquets neutres s’opère. Depuis fin mai 2016, les fabricants de tabac n’ont plus le droit de produire pour le marché français des paquets de cigarettes tels que nous les connaissons. Même sort pour les cartouches ou le tabac à rouler. Et dès janvier 2017, le « neutre » sera obligatoire. S’il marque une victoire de l’État français sur les lobbies du tabac, le paquet de tabac neutre ne résout pas tous les problèmes pour lutter contre le tabagisme. Car, selon des études, c’est quand il est associé à une augmentation du prix du paquet que le « neutre » du paquet connaît de vrais succès. Mais, sur ce point-là, le gouvernement n’a jamais évoqué une évolution.◊
L’aérospatial européen face à l’ubérisation
À grands coups de millions de dollars déposés sur la table, Elon Musk, P-DG et fondateur de la société états-unienne SpaceX, ne cesse de défrayer la chronique du monde de l’aérospatial. Récemment, le premier étage de la fusée états-unienne de SpaceX a atterri sans encombre sur une barge dans l’océan Atlantique. Et pour couronner le tout, sa mission – ravitailler la station spatiale internationale – a été un succès : le concept de fusée réutilisable en est validé. SpaceX, s’appuyant sur un soutien indéfectible de la NASA et du département de la Défense, propose ses services de lancement à des prix extrêmement agressifs sur le marché. Voilà l’envers du décor de la start-up spatiale : son équilibre financier tient à l’interprétation toute particulière – et bien connue – des règles de concurrence « libre et non faussée » de la part des États-Uniens. Allons-nous vers une concurrence acharnée faisant la part belle aux sous-traitants privés ? Quid de l’Agence spatiale européenne ? Serait-elle distancée face à cette ubérisation de l’espace ? Alors que l’Europe spatiale ne peut accéder aux marchés états-uniens, SpaceX a le champ libre pour répondre aux appels d’offres lancés par les institutions européennes. S’y ajoute la faiblesse de la demande publique, qui prive de fait l’industrie spatiale européenne d’un précieux matelas de commandes et d’activités. Néanmoins, environ 50 % des marchés ouverts pour la fourniture de services de lancement ou la vente de satellites sont remportés par les Européens ; le lanceur Ariane 6, prévu pour 2020 (opérationnel en 2023), aura un prix réduit de moitié par rapport à Ariane 5 et une modularité permettant de mettre sur orbite des satellites de toutes tailles, selon les besoins. En outre, un projet de moteur réutilisable est à l’étude par le CNES. La Commission européenne a entamé une réflexion autour de sa future stratégie spatiale pour l’Europe, ces problématiques seront sans nul doute au cœur des débats.◊
Une étudiante révolutionne les batteries au lithium
Mya Le Thai, étudiante à l’université de Californie, à Irvine (États-Unis), vient de faire progresser considérablement la recherche dans la longévité des batteries au lithium. C’est par hasard qu’elle aboutit à ce résultat.
Son laboratoire travaillait sur la résistance des batteries, en cherchant à implanter des nano-fils d’or directement sur les batteries. Problème, ces fils sont eux-mêmes très fragiles : ils ne permettent pas d’obtenir un cycle de charge/décharge durable. Par étourderie, l’étudiante a enduit ces nano-fils avec une couche très fine de gel de Plexiglas… qui lui restait sur les mains lors d’une précédente manipulation. Miracle ! le gel a alors agi de telle sorte qu’il a protégé la batterie, permettant au cycle de charge/décharge de se répéter des centaines de milliers de fois sans altérer la capacité de celle-ci. Cantonnées dans une fourchette de 5 000 à 7 000 cycles en moyenne avant cette découverte fortuite, les batteries au lithium vont connaître un souffle nouveau. Les applications de la trouvaille sont nombreuses, notamment pour les voitures électriques qui souffraient en partie d’une autonomie assez limitée. Après Becquerel, Pasteur ou les époux Curie, Mya Le Thai confirme le rôle du hasard dans la recherche.◊
BONNE NOUVELLE POUR L’INFO SCIENTIFIQUE
Voici quelque temps, nous apprenions avec regret la fermeture du blog {Sciences²} de Sylvestre Huet. Quelle ne fut pas notre agréable surprise quand, en mai 2016, le blog a rouvert, hébergé par le Monde. Bon courage, Sylvestre, pour ce nouveau départ ! Et pour ceux qui ne connaissent pas encore ce blog qui fait la part belle aux sciences abordées de manière pédagogique, scientifique et actuelle, c’est par ici : http://huet.blog.lemonde.fr/.◊
L’IMAGE DE LA CGT, LOIN DES CLICHÉS
Un sondage BVA réalisé le 28- 29 avril 2016 auprès d’un échantillon de 1 116 personnes a de quoi faire sourire. En effet, il fait apparaître que 58 % des Français (69 % des employés et ouvriers) préféreraient que le gouvernement prenne davantage en compte les revendications des syndicats ; 49 % des personnes interrogées font confiance aux syndicats pour agir dans l’intérêt des salariés (la proportion passe de 54 à 77 % parmi les sympathisants de la gauche) ; la CGT est jugée « utile », « courageuse » et « proche des réalités du terrain » par, respectivement, 42 %, 39 % et 38 % des interrogés, soit une valorisation positive en progression de 4 points par rapport à 2014.◊
LE PROGRÈS AU FÉMININ, LA PREUVE PAR L’IMAGE
Après nous avoir fait rire avec “Ma vie est tout à fait fascinante”, Pénélope Bagieu nous régale d’un nouveau blog BD audacieux et intelligent. Chaque lundi, elle nous fait découvrir – avec une qualité graphique qui se confirme au fil des semaines – une femme extraordinaire qui, à sa manière, a changé le monde. Une autre façon d’appréhender l’histoire à travers celles qui sont toujours restées peu ou prou dans l’ombre. Qu’elles soient artistes à succès, à l’image de Joséphine Baker, ou docteure en sciences animales, comme Temple Grandin, c’est toujours avec une grande intelligence narrative que la dessinatrice met en relief les ambitions et les combats de ces fortes personnalités. Évitant le piège de l’idéalisation béate, elle dépeint avant tout l’humanité de ces femmes, leur dépit face à ce monde où les inégalités ne font encore que trop la loi, et surtout leurs espoirs et leur courage. Un traitement subtil qui permet de transcender le statut de modèle féminin pour le hisser à celui de modèle universel. Le lien http://lesculottees.blog.lemonde.fr/ donne accès à son travail ; une version papier devrait voir le jour, et certains de ses lecteurs songent déjà l’offrir aussi bien à leurs filles qu’à leurs fils. On attend avec impatience la publication librairie.◊