Du 2 au 5 juin s’est tenu à Aubervilliers le congrès du Parti Communiste Français dont la préparation avait débuté en février.
*Luc Foulquier est ingénieur, chercheur en écologie.
Un des enjeux de ce congrès était de bien préciser ce que nous entendons par nouveau mode de production, qui pose les questions de formation et de recherche, de défense et de développement des services publics. De grands débats sont ouverts autour de l’état du monde, des enjeux alimentaires et énergétiques, de la protection et de la gestion des ressources naturelles, du maintien de la biodiversité… Notre revue y contribue fortement. Le projet pour le temps du commun et une émancipation humaine face aux désastres sociaux et écologiques provoqués par la recherche obsessionnelle du profit maximal dans le plus court terme possible est essentiel. Les nouveaux moyens de production montrent la nécessité de réduction du temps de travail et de développement des capacités intellectuelles de toutes et tous. La construction de ce monde du commun appelle à inventer une société de partage des savoirs et des pouvoirs. Les enjeux de classe autour de la révolution numérique montrent que les gains de productivité peuvent bénéficier à tous. Ils posent la question de l’existence du salariat lui-même, mais dévoilent comment le capital veut privatiser la créativité et organiser la concurrence sauvage.
DES EXIGENCES FORTES
Ce monde du commun nécessite un mode de développement économique, social, solidaire et soutenable (le terme revêtant un sens contraire de celui que les néolibéraux donnent à « durable »). C’est le rapport dialectique homme-nature qu’il faut maîtriser en dehors de l’exploitation de l’un et de l’autre. Le travail, les savoirs, l’éducation et la culture, leur partage et leur appropriation sont les enjeux pour l’émancipation individuelle et collective. L’exploitation des hommes par d’autres hommes conduit à la destruction de la nature par un productivisme aveugle, incapable de prendre en compte la gestion nécessaire des écosystèmes et leur préservation. Comment faire autrement sans se former et se cultiver en permanence ? Comment construire une nouvelle approche de l’économique, du social, de l’état des êtres humains et de la planète ? La recherche se trouve ainsi logiquement au cœur de la lutte des classes, car elle contribue fortement « à une conscience critique indispensable à une visée émancipatrice ». Il faut insister sur la richesse des débats et des propositions concernant l’industrie, le développement, une croissance maîtrisée et la préservation des ressources naturelles. Face à l’anarchie mortifère du système capitaliste, il faut opposer une intervention humaine coordonnée et planifiée. Les investissements dans la recherche et la formation sont porteurs de mise en oeuvre de nouveaux modes de production et de consommation. Un indice mondial du développement fondé sur le niveau d’éducation et la durée de vie en bonne santé parle bien plus que la rentabilité du capital ! L’industrie doit aller de pair avec l’écologie. C’est le même combat. Il ne s’agit pas de « fermer » les entreprises ou d’aller polluer ailleurs mais de produire autrement pour répondre aux besoins. La limitation du réchauffement climatique à 2 °C maximum implique une transition énergétique vers la réduction massive des énergies carbonées, tout en garantissant le droit à l’énergie. Ce défi est devant nous, « il s’agit de promouvoir un mix énergétique, 100 % public, faiblement émetteur de CO2, articulé entre énergies renouvelables et nucléaire avec des normes internationales contraignantes de sûreté définies ». Des défis du même ordre impliquant une transition écologique, concernent l’agriculture et le droit à l’alimentation, la pollution de l’air et de l’eau, les questions d’environnement et de santé… À tous les niveaux, du local au mondial et inversement, il faut promouvoir les droits sociaux et écologiques ainsi que la gestion multilatérale des biens communs.
DÉBATTRE, LUTTER POUR OUVRIR UNE PERSPECTIVE POLITIQUE
Voici quelques éléments du projet que les communistes proposent et veulent enrichir au cours d’une grande consultation citoyenne. Nous voulons construire « un nouveau Front populaire et citoyen ». Il n’y a pas « deux gauches irréconciliables » mais une nécessité urgente de mettre fin à cette politique libérale de la droite et du gouvernement, qui peut nous conduire au pire. Il y a besoin de mobilisations, de luttes, d’écoute, de modestie et d’alliances avec des courants transformateurs et réformistes. Construisons dès maintenant les projets et les candidatures pour les législatives de 2017 (n’oublions pas l’importance du nombre – hélas, en dessous des besoins – de députés et sénateurs Front de gauche dans la lutte contre le projet de la loi « travail »). Rassemblons-nous, écrivons ce pacte et décidons de son contenu, viendra ensuite la désignation, par un processus citoyen, d’un(e) candidat(e) qui portera ces engagements lors de l’élection présidentielle.◊
(1) Voir http://www.pcf.fr