Livres (N°1)

Les fondements de l’entreprise

DANIEL BACHET 255 p. Éditions de l’Atelier, 2007

9782708239531FS

Pour bâtir une alternative à la domination financière, il faut clarifier la confusion juridique entre les notions d’entreprise et de société : pour la société d’actionnaires, le travail n’est qu’une marchandise et un coût à réduire, dissocié de sa finalité, la production de biens et services répondant à des besoins. Le travail n’est défini juridiquement nulle part. Le profit ressort tel la finalité « naturelle » de l’entreprise. Ce détournement installe la prééminence du « droit de propriété », au détriment du monde du travail, des dynamiques industrielles et de services. Mettre en valeur l’entité « entreprise » et sa communauté de travail, en consolider les droits peut modifier profondément les rapports de pouvoir.

A.R.

Laissez-nous bien travailler !

MARIE-JOSÉ KOTLICKI ET JEAN-FRANÇOIS BOLZINGER 192 pages – Editions de l’Atelier, 2012
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Ce livre est un concentré de pistes et de leviers pour dé-financiariser le travail, inventer une nouvelle efficacité et de nouvelles organisations des entreprises, donner le temps de bien travailler dans le respect de la Nature. Il s’agit d’investir les champs nouveaux du développement des capacités de chaque salarié, sécurisé par un nouveau statut du travail, et du droit légitime à participer à l’élaboration de la stratégie des entreprises et aux choix économiques, dans une pers- pective de bien commun en lien avec la cité, pour construire une sortie de crise urgente, à l’inverse des logiques actuelles.

A.R.

Éléments d’écologie

DE FRANÇOIS RAMADE

7e édition – 791 pages – Editions Dunod,

2012

9782100579815-G

Un livre pour apprendre et comprendre. Le Professeur F. Ramade vient de publier la 7e édition, très largement renouvelée de « Ecologie appliquée : action de l’homme sur la biosphère ». Il poursuit un travail d’envergure après ses livres sur les catastrophes écologiques et naturelles, sur l’écologie fondamentale et sur l’écotoxicologie. Ils sont incontournables pour tout étudiant, enseignant qui veut mettre à jour ses connaissances sur l’écologie et pour un large public qui souhaite une information scientifique. On ne lit pas 791 pages d’un seul trait ! Mais on peut aller chercher des données sur les sujets d’actualité. C’est utile pour les débats faisant suite à la conférence environnementale et en particulier ceux à lier à la transition énergétique. La structure de l’ouvrage permet une lecture chapitre par chapitre sur les facteurs de dégradation de la biosphère, les pollutions et leurs implications écologiques avec la pollution de l’atmosphère, des sols, des eaux continentales et océaniques. Un chapitre est consacré au nucléaire avec les notions de base à Connaître.

4 chapitres portent sur la dégradation des écosystèmes, l’éradication de la biodiversité, la conservation de la nature, les limites des ressources et le développement durable. De nombreux tableaux, graphiques et figures facilitent la lecture. Ce livre est un document de base pour appréhender l’écologie scientifique.

L.F.

La science, une ambition pour la France

ANDRÉ BRAHIC 158 pages – Editions Odile Jacob, 2012

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Les qualités scientifiques d’A. Brahic sont notoires. Cet astrophysicien, professeur à l’Université Paris-Diderot, au Commissariat à l’Energie atomique et aux Energies renouvelables, a découvert les anneaux de Neptune. Par les temps qui courent, il est vraiment réconfortant d’entendre un message clair en faveur du développement de la recherche, de l’amour de la science et de la diffusion de la culture scientifique et technique. J’allais presque écrire qu’il faut avoir le courage de le faire.

Les titres des 10 chapitres du livre suffisent à exciter notre curiosité : « un appel pour la recherche » ; « connaître la science, c’est l’aimer » ; « propageons la culture scientifique » ; « éduquer aux sciences »; « les sciences au service de la société »; «scientifiques et politiques, unissez-vous ! » ; « la croissance par la science » ; « renouer avec la vocation scientifique de l’Europe » ; « mieux organiser la recherche » ; « quelques pistes à explorer ». C’est tout un programme et un projet.

Rien de scientiste dans tout cela : « la science n’a pas réponse à tout, mais elle est un pilier indispensable ». Elle permet « de développer la capacité de raisonner, l’esprit critique, le doute, l’art de la synthèse et l’humilité ». La science est l’humanisme, et le travail de chercheur est une passion.

L.F.

Promenade dialectique dans les sciences

– EVARISTE SANCHEZ-PALENCIA 573 pages – Hermann, 2012

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En hors-d’œuvre, l’auteur, dont la spécialité est la mécanique des milieux continus, égrène quelques épisodes insolites de l’histoire des sciences, vraies découvertes et fausses pistes, erreurs qui se transforment en fusées porteuses, avancées, controverses, fraudes, puissance et limites des images etc. À la fin, comme dessert, on peut savourer un beau morceau sur Borodine et le Prince Igor, chef-d’œuvre inachevé comme la science elle- même. Entre les deux, le livre est fortement charpenté et parcourt la vie actuelle de la recherche, les positions philosophiques, les questions vives de la biologie comme des mathématiques. C’est la « promenade dans les sciences ». Et le fil directeur, qui se découvre peu à peu au cours de la promenade, est la dialectique.

« La dialectique n’est pas une logique avec des lois strictes, mais un cadre général dans lequel s’inscrivent les phénomènes évolutifs,… Un cadre (façon de penser les phénomènes naturels) propre à maîtriser la cohérence cachée de maintes situations (scientifiques ou autres) qui paraissent incongrues ou inintelligibles du point de vue de la logique. » À l’appui de cette affirmation l’auteur invoque son expérience comme chercheur. Comme illustration, il consacre près d’une vingtaine de pages à une approche dialectique du paradoxe logique qu’est le « dilemme de prisonnier », qui est nouvelle et convaincante.

Sans occuper trop de place, la mathématique est bien présente dans la promenade. Plus présente encore est l’explication (et la dénonciation) de l’idéalisme platonicien dans les sciences. La biologie intervient sous des aspects divers, le cerveau, l’évolution, la causalité et le finalisme, le bricolage du vivant : la dialectique y est à l’œuvre parce qu’il s’agit de processus évolutifs où se manifeste « la force créatrice de la contradiction ». La promenade est l’occasion d’apprendre une foule de choses et de les voir dans une nouvelle perspective.

J.P.K.

 

Demain, la physique

SEBASTIEN BALIBAR, EDOUARD BRÉZIN

353 pages – Editions Odile Jacob, 2009

9782738123053

Dresser un panorama de la physique d’aujourd’hui et de ses enjeux de demain, tel est le tour de force du livre ‘Demain la Physique’ de Sebastien Balibar et d’Edouard Brézin. Résultat de la collaboration de plusieurs savants français, cet ouvrage nous entraîne avec bonheur dans un voyage allant de l’infiniment grand à l’infiniment petit, faisant le détour sur ces échelles intermédiaires d’où émergent des propriétés insoupçonnées il y a encore peu. Il développe la dialectique associant la compréhension fondamentale du réel, l’expérimentation scientifique et la manipulation de la nature, la technologie. Organisé en chapitres largement indépendants, ce livre parlera autant aux physiciens qu’aux amateurs. En traitant par exemple des symétries fondamentales jusqu’au fameux boson de ‘Higgs’, de la flèche du temps, de la révolution quantique, de son information et de l’électronique de spin, en passant par les propriétés uniques de l’eau, les systèmes frustrés (où des règles locales aboutissent à des solutions globalement non optimales), la transition vers le chaos, la fusion thermonucléaire ou le climat, ce livre communique l’enthousiasme de la découverte. Dans

un monde complexe où la connaissance est à la fois objet d’émancipation et de pouvoir, ce travail donne à voir notre compréhension du réel et nous permet de saisir rationnelle- ment différents enjeux sociétaux (énergie, climat, santé…). À recommander à tous ceux qui veulent parler science en conscience.

 

Atlas des migrants en Europe (2e édition), Géographie critique des politiques migratoires

SOUS LA DIRECTION D’OLIVIER

CLOCHARD

144 pages – Armand Colin, 2012

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Des éléments scientifiques pour comprendre les politiques migratoires de l’Europe libérale. Chaque année, des milliers de candidats à l’exil fuient leur pays en guerre ou en crise pour rejoindre l’Europe. Face à ce pré- tendu “risque” migratoire tant de fois mis en scène par les médias, l’Europe est en guerre, et il y a des morts. En 20 ans, non loin de 18 000 migrants sont morts sur les « bas flancs » de l’Union européenne. Les camps d’enfermement prolifèrent, y compris sur la rive sud de la Méditerranée qui subit un blocus inversé. Paradoxe, dans un monde ouvert où la mobilité est promue par les penseurs libéraux, l’Europe forteresse n’a de cesse de fermer ses portes. Enfermement, politique des visas, droit d’asile, externalisation, directive retour, fichage, l’Europe innove dramatiquement en matière de politique migratoire. Pour mettre à nu la réalité de ces politiques européennes souvent méconnues, le réseau Migreurop travaille depuis 10 ans à la mise en place d’une géographie critique et engagée qui appelle à remettre l’humain au centre de la réflexion. Ses principaux résultats sont à découvrir dans cette nouvelle édition.

M.L.

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