Les sciences et les techniques au féminin : Ameyo Adadevoh, Claude Frasson*

*Claude Frasson est membre du comité de rédaction de Progressistes

Le 21 juillet 2014, un homme s’effondre à l’aéroport de Lagos. Il s’appelle Patrick Sawyer, il est diplomate libérien et doit se rendre à Calabar, au Nigeria. Il n’atteindra jamais sa destination : dans un état de faiblesse extrême, il est conduit à l’hôpital de Lagos, où il mourra. Si les symptômes dont il est victime (fièvre, diarrhée et vomissements) font songer à un cas de paludisme, la médecin Ameyo Adadevoh s’interroge quant à la véritable nature de sa maladie.

Diplômée de l’université de Lagos et de l’université de Londres, cette spécialiste en endocrinologie remonte la piste : quelques jours auparavant, la soeur du malade avait succombé au virus Ebola. Pour Ameyo, le doute n’est plus possible, il faut procéder à des analyses du sang du patient et vérifier. Après un test qui s’avère positif, elle décide de placer le malade en quarantaine et d’évacuer les autres patients afin d’éviter la propagation du virus. Une décision qu’elle devra fermement défendre face au patient soutenu par l’ambassade et le gouvernement du Liberia, qui exigent sa sortie. À la différence de la Guinée, du Liberia et du Sierra Leone, où les patients index (premiers patients) ne furent pas diagnostiqués ni isolés, l’identification de la contamination de Patrick Sawyer ainsi que son confinement permettront de freiner considérablement la progression du virus au Nigeria.

Diagnostiquée positive au virus, Ameyo Adadevoh meurt le 19 aôut. Son action décisive durant l’épidémie sera immortalisée en 2016 dans le film 93 Days et récompensée le 29 juin 2019, à titre posthume, par le prix du Citoyen méritant décerné par la CEDEAO, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest.

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