6 et 7 Avril 2018: Hommage à Jean-Pierre Kahane, Ivan Lavallée*

Yvan Lavallée

Ces vendredi soir et samedi matin, on aurait pu se croire sous la coupole de l’Académie des sciences. Nous étions sous celle de l’espace Niemeyer, siège du Parti communiste français, où 200 invités, scientifiques de renom ou simples militants communistes, venaient rendre, en présence de ses filles et son frère, un hommage posthume au grand mathématicien communiste, académicien et admirateur des Lumières.

Le PCF et sa revue Progressistes (1), dont Jean-Pierre Kahane était directeur, ont organisé deux séances, l’une vendredi consacrée aux témoignages de proches sur son combat politique, comme Jean-François Bolzinger et Amar Bellal, respectivement directeur et rédacteur en chef de notre revue, la mathématicienne Michèle Audin, ainsi que Françoise Varouchas, qui fut sans doute la dernière personne à lui parler au téléphone alors qu’il était hospitalisé à la suite de la chute qui allait lui être fatale, François Périnet, à qui on doit l’exposition qui orne les murs du hall de Colonel-Fabien.

Ivan Lavallée, mathématicien et directeur de rédaction de Progressistes, a lu le texte que Jean-Pierre Kahane avait prononcé lors d’un débat à Sciences Po en 2016, texte considéré comme son testament politique. Les étudiants communistes avaient tenu à participer à cet hommage ; ils furent représentés par Lucas Puygrenier, qui a porté témoignage de l’attachement de l’académicien à la jeunesse. La soirée s’est terminée par une présentation didactique de Stéphane Jaffard sur la découverte des ondes gravitationnelles. Le samedi matin fut consacré à l’illustration du combat de notre camarade pour l’assimilation par le PCF et la société de la culture scientifique.

Deux tables rondes, l’une dont le propos et la discussion tournaient autour du relativisme en science, porté par Yves Bréchet, membre de l’Académie des sciences et haut-commissaire à l’énergie atomique, et par Édouard Brézin, ancien président de l’Académie des sciences. Evariste Sanchez-Palencia, également académicien, évoquait la lutte contre le créationnisme et le « dessein intelligent ». Et Karine Chemla nous mettait en garde contre l’offensive de sectes dotées d’énormes moyens financiers qui essayent de subvertir le milieu scientifique. Cette table ronde fut animée par Ivan Lavallée.

La seconde table ronde, animée par Michel Laurent, traita de l’enseignement des mathématiques et de l’appropriation sociale des connaissances scientifiques. Y ont participé Cedric Villani, médaille Fields (2) 2010, Jean-Michel Bony, mathématicien membre de l‘Académie, Michel Henry, administrateur de l’Union rationaliste et ancien directeur scientifique des IREM (3), et Olivier Gebuhrer, mathématicien. Yves Meyer, prix Abel (4) 2017, élève de Jean-Pierre Kahane, en déplacement, avait envoyé un témoignage qui fut affiché sur un panneau de l’exposition.

La coupole de l’espace Niemeyer a ainsi témoigné, à travers cet hommage, de l’attention et l’intérêt portés par le PCF aux sciences et techniques considérés comme vecteur essentiel de l’émancipation humaine.

Dix-sept panneaux donnent à voir beaucoup des engagements de ce mathématicien,
militant pour la science et le communisme.

Espace Oscar-Niemeyer, 2, place du Colonel-Fabien, Paris 19e. Du 10 avril au 15 mai.
L’exposition est visible du lundi au vendredi de 10 à 18 heures, jours fériés exclus.
Renseignements : 0140401212.

 

(1) www.revue-progressistes.org
(2) Plus haute distinction mathématique décernée à un mathématicien de moins de quarante ans.
(3) Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques.
(4) Ce prix est l’équivalent du Nobel, qui n’existe pas en mathématiques.

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