D’ANCIENS RESPONSABLES EUROPÉENS SE RECYCLENT
L’ancienne ministre danoise Connie Hedegaard, qui fut commissaire européenne pour le climat de 2010 à 2014, a été engagée en septembre par Volkswagen. Sa mission ? Un poste de conseil en développement durable. Le géant allemand, épinglé dans le scandale de triche aux tests pollution engage-t-il par cette démarche un virage à 180° ou s’agit-il d’un traditionnel greenwashing pour retrouver sa respectabilité ? L’opération ressemble en tout cas fortement à un lifting et à un « pantouflage » en règle pour l’ancienne commissaire européenne pour le climat. L’affaire fait écho à celle de José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne, qui émarge désormais chez la sulfureuse banque Goldman Sachs. Celle-là même qui a contribué à la fois au chaos économique et aux largesses de l’Union européenne sous le mandat du même José Manuel Barroso.
SAVANT USAGE DE LA CENSURE PAR LE GÉANT FACEBOOK
L’entreprise Facebook ne fait pas dans la finesse. La censure au nom de la politique de lutte contre la nudité et les images choquantes ou sexuellement explicites ratisse large. La tristement célèbre photo prise par Nick Ut d’une petite Vietnamienne courant nue, brûlée au napalm, a récemment encore mis en évidence la stupidité du positionnement du géant états-unien : après l’avoir censurée, Facebook a fini par reculer considérant l’importance du « statut d’icône » qu’il reconnaît à ce témoignage historique. Cette politique de censure – et donc de tri – est à relier à un vice plus profond sur le réseau social. Depuis juin 2016, Facebook a opéré un virage majeur en privilégiant les messages personnels au partage d’articles. Invisible, cette évolution a pour conséquence de réduire considérablement la place des médias classiques sur le réseau. Dès que l’on charge sa page, un algorithme recalcule un fil d’actualité personnalisé, soigneusement « trié ». La conséquence en est que deux personnes ayant les mêmes 400 amis n’auront pas du tout le même fil. Le professeur et spécialiste en communication Arnaud Mercier souligne deux phénomènes inquiétants : « [Il y a] des confusions dans la hiérarchisation des sources d’information entre les médias, les blogs [et] une très forte polarisation des contenus recommandés par Facebook : en cliquant sur certains contenus, au bout de huit jours, on ne reçoit plus que des articles “de la même tendance”. » Orwellien ! En France, selon un sondage international du Reuters Institute, c’est la moitié de la population qui utilise Facebook, essentiellement via les mobiles. Notamment pour s’informer, pour « savoir ce qui se passe ».
Une vidéaste perturbe YouTube et l’Union européenne
« C’est déjà une question très difficile pour M. Juncker, tu parles du lobby des sociétés. À un moment, tu ne vas pas non plus te mettre à dos la Commission européenne, et YouTube, et tous les gens qui croient en toi. Enfin, sauf si tu ne comptes pas faire long feu sur YouTube. » C’est ce qu’un responsable de YouTube a répondu à la jeune youtubeuse Laetitia Nadji lors de la préparation d’une interview du président de la Commission européenne en septembre 2016, chapeautée par le géant mondial de la vidéo en ligne. Lèse-majesté dans un monde médiatique verrouillé : Jean-Claude Juncker a dû répondre notamment à une question sur la reconversion intéressée chez Goldman Sachs de son prédécesseur José Manuel Barroso. À la suite à cet entretien, jugé « très bien » par YouTube malgré le fait que, pugnace, Laetitia Nadji ait modifié et maintenu ses questions d’investigation, la vidéaste s’est vu proposer le fameux contrat annuel d’« ambassadrice YouTube ». Le Graal des youtubeurs en quête de financement. Aux yeux de la courageuse vidéaste, derrière cette carotte se cachait à la fois une mise sous cloche amicale de la part de YouTube de son journalisme débridé et une tentative de contrôle sur le buzz qu’elle a incontestablement suscité à son grand bénéfice. Elle a donc refusé le contrat. Cet été, la Commission européenne a ouvert deux nouvelles enquêtes contre Alphabet/Google, la maison mère de YouTube, pour abus de position dominante. Pour voir la vidéo : https://youtu.be/7y-xS_EB3QI
Signaux d’alarme critiques sur l’état de la recherche publique française
En juin, l’Agence nationale pour la recherche (ANR) connaissait la démission de la totalité des membres de son comité chargé d’évaluer et de classer les projets déposés par les chercheurs en mathématiques et informatique. Ces démissions visaient à dénoncer une gestion administrative et concurrentielle au détriment d’une vision scientifique des projets retenus. Plus globalement, le rapport 2015 « L’état de l’emploi scientifique en France », du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pointe des « ralentissement des recrutements, tarissement du vivier de doctorants, précarité en hausse », et quelques « signaux positifs » : baisse du taux des thèses non financées (28 % en 2014, contre 33 % en 2011), meilleure insertion professionnelle des docteurs (hors sciences de la vie), attractivité du pays auprès des chercheurs étrangers… Mais, pour Alain Prochiantz, « le manque d’investissement en recherche et développement (R&D) explique en partie les 750 00 emplois industriels perdus en dix ans ». Le chercheur en neurobiologie, administrateur et professeur au Collège de France, souligne que « les carrières de la recherche ne sont plus attractives et [que] nous risquons de perdre une génération. À 23 ou 24 ans, quelqu’un qui sort d’une grande école ou d’une université a souvent le choix entre une bonne perspective de carrière, sans passer par la case recherche, et le risque de la recherche, c’est-à-dire préparer un doctorat ». Pendant ce temps-là, Thierry Mandon continue de soutenir la niche fiscale du crédit d’impôt recherche (CIR) dont la moitié des 6 milliards pourrait être récupérée par l’État sans rien changer à l’effort de recherche privé… 3 milliards, c’est l’équivalent du budget du CNRS.
Greenpeace sous pression sur le dossier du riz doré
Il y a trois ans, nous nous faisions écho des accusations du professeur Patrick Moore, cofondateur historique de Greenpeace – qu’il a quittée en 1986 –, envers son ancienne ONG. Selon lui, l’organisation serait responsable de millions de décès du fait de son opposition ferme depuis maintenant dix-sept ans au riz doré (car il résulte de modifications génétiques), riche en bêta-carotène, un précurseur de la vitamine A. L’Organisation mondiale de la santé souligne que des millions de personnes (avec une proportion de 40 % d’enfants de moins de 5 ans) souffrent de carence de cette vitamine, ce qui entraîne des problèmes ophtalmologiques, voire la mort.
Mais la prise de position récente de plus de cent Prix Nobel, « pressant Greenpeace de réexaminer les retours d’expériences des agriculteurs et consommateurs mondiaux quant aux plantations et aliments génétiquement modifiés […] et d’abandonner globalement sa campagne contre les OGM, notamment en ce qui concerne le “riz doré” », remet la pression sur l’ONG. Acculée, Greenpeace se défend en arguant que « la manipulation génétique n’est pas quelque chose qui arrive naturellement » et que de tels OGM « peuvent s’étendre dans la nature et interférer avec des organismes de manière imprévisible et non contrôlée ». Si l’affirmation s’entend et que le doute fait partie de la science, la mutation génétique aussi fait bel et bien partie, intrinsèquement, de la nature. L’ONG, adepte sur ce dossier de multiples procès et de destructions de champs de recherche, se heurte au fait que la recherche et la remise en cause de ses procédés doivent s’exercer dans un cadre scientifique. Pour en savoir plus : https://www.washingtonpost.com/news/speaking-ofscience/ wp/2016/06/29/more-than-100-nobel-laureates-take-on-greenpeaceover- gmo-stance/ La lettre ouverte d’appel à Greenpeace de la part des Nobel : supportprecisionagriculture. org
Des geysers de vapeurs sur Europe ?
Europe, un satellite glacé de Jupiter, est un des lieux du système solaire où il y a la plus grande chance de trouver des traces de vie. Sous sa croûte de glace se cacherait un immense océan sous forme liquide. Certains modèles estiment qu’il pourrait être dix fois plus profond que les océans terrestres, pour un volume total trois fois supérieur. À l’aide du télescope spatial Hubble, des chercheurs de Baltimore affirment avoir observé entre 2013 et 2015, au pôle sud du satellite, des panaches de vapeur d’eau hauts de 200 km. Les propos de ces chercheurs recoupent les travaux d’une équipe conduite par Lorenz Roth, actuellement astronome à l’Institut royal de technologie de Stockholm: en 2012, elle a observé un panache similaire au même endroit d’Europe. Ce qui suggère une potentielle source d’énergie interne. Exploitée par des organismes vivants ? La prudence est de rigueur, car les enjeux sont énormes quant aux perspectives d’exploration planétaire. Avec 3121 km de diamètre, Europe abrite un océan sous sa surface, corroboré depuis une décennie par une multitude d’éléments compilés par de nombreux outils d’observation.
DES BIAIS DANS L’APPROCHE DES RISQUES ROUTIERS ET DE LA POLITIQUE DE PRÉVENTION
Après avoir augmenté de 3,5 % en 2014, la mortalité sur les routes a augmenté de 2,3 % en 2015, soit 3 461 tués. Les chiffres provisoires de 2016 suivent cette tendance macabre. Les nombreux spots télévisés insistent sur des erreurs individuelles. S’il ne faut pas nier ces facteurs, il convient de considérer l’accident de la route comme un fait social qui connaît des inégalités. C’est ce qu’avance, dans un article scientifique publié dans le Monde diplomatique d’août 2016, le chercheur post-doctorant Matthieu Grossetête, rattaché au Centre universitaire de recherches sur l’action publique et le politique à l’université de Picardie – Jules-Verne. En revenant sur les chiffres de 2007, si 38 % du nombre total des morts par accident avaient moins de 30 ans, la proportion atteignait presque 50 % chez les ouvriers. Car le groupe des ouvriers est de loin le plus jeune. L’inégalité peut se vérifier aussi dans les caractéristiques des véhicules des uns et des autres : les cadres et professions intellectuelles supérieures possèdent des voitures plus sûres, plus récentes et mieux équipées que celles des ouvriers. Le chercheur pointe aussi les disparités sociales en matière d’accidents qui trouvent leur explication dans les conditions de vie des classes populaires. La gentrification des centres-villes, qui éloigne les classes populaires du lieu de travail, a pour conséquence un trajet plus long, en partie en campagne ou en périphérie, autant de facteurs accidentogènes.
GAIA RÉVOLUTIONNE LA CARTOGRAPHIE ASTRALE
L’astronomie progresse. Notamment l’astrométrie, la branche qui a pour objet d’étude la mesure de la position des astres. Pour cela, le satellite européen Gaia de la mission de l’Agence spatiale européenne (ESA) suit le déplacement de la Terre en balayant le ciel afin d’étudier la lumière des astres les plus brillants. Le satellite de 2 t transporte deux télescopes et est bardé de pas moins de 106 appareils photo. Gaia a permis ainsi de franchir des années-lumière en termes de données. Pour l’histoire, l’astronome grec Hipparque (IIe siècle avant notre ère) avait inventorié un millier d’astres. Gaia a dévoilé le 14 septembre une carte de la Voie lactée historiquement des plus précises, avec 1,15 milliard d’étoiles et l’indication de leurs positions sur la voûte céleste. Les premières données de la mi-septembre recensent même 250000 quasars, des objets les plus éloignés de l’Univers. Le traitement des données nécessite une équipe scientifique de 450 personnes. Sachez tout de même que cette révolution dans le recensement est à relativiser quantitativement. En effet, le nombre indiqué représente moins de 1 % des étoiles de notre galaxie, qui contiendrait, selon une fourchette établie par les astrophysiciens, de 100 à 200 milliards d’étoiles.
La biodiversité : un enjeu d’humanité

Biodiversité», terme formé du grec bio, «vie», et de «diversité », désigne la multiplicité, naturelle ou non, des organismes vivants de la Terre. Dans la continuité des débats engagés en 2015 sur le climat, la commission Écologie du PCF a organisé tout au long du mois d’octobre 2016 une série de rencontres, débats et auditions, ainsi qu’une exposition au rez-de-chaussée du Conseil national, autour de la problématique de la biodiversité. Trois débats d’importances ont ponctué le mois : « Sauvons les abeilles », « Science et biodiversité » et « Avancés et limite de la loi Préservation de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Y ont participé parlementaires, scientifiques, syndicalistes pour dénoncer, sensibiliser et agir… parce que connaître et comprendre la biodiversité sont les premières étapes pour en faire un commun essentiel de l’humanité. L’ensemble de ces contributions est de nature à enrichir la réflexion communiste.
Jean-Pierre Sauvage : la preuve par le contre-exemple
Le chercheur Jean-Pierre Sauvage fait partie du trio récompensé par l’académie de Stockholm du prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur les machines moléculaires. Voilà donc qu’après une décennie de marche du bulldozer libéral (loi Pécresse, dite LRU, en 2007; loi Fioraso en 2013…) qui a précarisé et réduit les capacités de recherche des laboratoires de l’université publique française à grands coups d’appels à projets, de réductions d’enveloppes budgétaires et de labels d’excellence, un chercheur français atypique est distingué par le Nobel. Oui, atypique car le parcours de Jean-Pierre Sauvage est celui d’un chercheur qui a conservé un profil de plus en plus marqué à contre-courant de la mise en concurrence permanente et de la précarité ambiante : un statut de fonctionnaire, un exercice de recherche fondamentale, avec stabilité professionnelle à l’université de Strasbourg et toujours au sein du CNRS. Une preuve indiscutable de ce qu’il faut faire concernant le cadre des conditions de travail pour l’actuelle armée de chercheurs en CDD et pour les doctorants non financés au cours de leur thèse, pour ne citer que ces deux exemples.
ROSETTA A PRIS SA RETRAITE APRÈS DE SURPRENANTES DÉCOUVERTES
Rosetta, la sonde européenne, a terminé avec succès sa mission le vendredi 30 septembre 2016, après une épopée qui aura duré douze années et demie. En se laissant doucement tomber sur la surface de la comète Tchouri, située à 720 millions de kilomètres de la Terre, elle a retrouvé son atterrisseur Philae. Les données considérables collectées vont maintenant être exploitées. Entre la présence d’eau sous une nouvelle forme moléculaire, différente de celle des océans terrestres, et la détection d’une importante quantité de cette eau, les perspectives sont vastes. D’autant plus qu’ont été trouvés aussi de la glycine, un acide aminé constituant des protéines, des oxydes de carbone et des molécules organiques telles que du méthane et de l’ammoniac. Les premières pièces du puzzle des traces du vivant. Pour l’anecdote, la sonde inerte accrochée à son ultime demeure contient un minuscule disque microgravé avec des textes en 1 500 langues. Un disque dur unique, mais universel, faisant du petit astre une mémoire hors du commun pour les générations à venir et un témoin d’excellence ainsi que de réussite spatiale européenne.