Il est des jours sombres pour les forces de progrĂšs social, des jours comme ce dimanche 23 avril qui a vu lâĂ©limination de la gauche dĂšs le premier tour de lâĂ©lection prĂ©sidentielle. MalgrĂ© les dĂ©saccords sur certains aspects programmatiques, notamment la transition Ă©nergĂ©tique ou des propositions concernant lâĂ©conomie, cela reste  un traumatisme certain pour beaucoup dâentre nous. Et pourtant il sâen est fallu de peu pour que le candidat soutenu par le PCF, Jean-Luc MĂ©lenchon, soit prĂ©sent au second tour. Quant au candidat soutenu par le PS, il atteint un score historiquement bas.
Mais ce qui a aussi frappĂ© nombre dâentre nous lors de cette campagne, câest lâabsence dâexpertise scientifique, et mĂȘme de parole issue du monde du travail.
Cette expertise est pourtant précieuse pour affiner les propositions, pouvoir les chiffrer sans démagogie et écarter les « solutions » sans doute séduisantes mais complÚtement inopérantes.
Sinon, par exemple, on pourrait croire que la crise de lâindustrie pourrait se rĂ©soudre uniquement par des productions dĂ©centralisĂ©es, des imprimantes 3D et des utopies du type « tous producteurs chez soi » comme certains idĂ©ologues le prĂŽnent. On pourrait aussi croire que la gĂ©othermie et les hydroliennes suffiront vraiment, Ă elles seules, Ă remplacer le nuclĂ©aire et que le problĂšme de lâĂ©nergie est finalement trĂšs simple Ă rĂ©soudre. On pourrait aussi croire quâil est possible de nourrir lâhumanitĂ© avec une agriculture sans aucun produit phytosanitaire et uniquement avec du 100 % bio, et quâil suffirait de dĂ©sirer quâil en soit ainsi pour que cela advienne. Dans ce type dâenjeux, confondre 1, 10 ou 100 et apprĂ©cier la rĂ©alitĂ© et les problĂ©matiques de la production du haut de son bureau sans mĂȘme consulter les principaux acteurs mĂšnent Ă des impasses et Ă la dĂ©crĂ©dibilisation des propositions politiques.
Est-ce Ă dire quâil ne faut pas ĂȘtre attentif face Ă lâĂ©mergence des imprimantes 3D ? ne pas poursuivre les recherches et expĂ©rimentations dans les nouvelles Ă©nergies ? ni mĂȘme rĂ©duire les intrants dans les pratiques agricoles partout oĂč câest possible ? Ăvidemment, il ne sâagit pas de cela ici, mais dâĂȘtre juste et prĂ©cis quant aux ordres de grandeurs et au calendrier des propositions. Tenir compte du monde rĂ©el est central si on veut ĂȘtre crĂ©dible et rassembler pour mener efficacement les combats justes.
Quel rĂŽle peut jouer notre revue dans ce type de moment politique ? Elle sera toujours fidĂšle Ă son poste, en tentant, du mieux quâelle le peut et dans le respect dâun angle politique fidĂšle aux valeurs de gauche, de mettre Ă disposition cette expertise, en donnant la parole aux femmes et hommes ayant des connaissances Ă transmettre : des scientifiques, des militants syndicaux, des chercheursâŠ
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il est toujours dĂ©licat de fonder les orientations scientifiques sur de l’expertise dans un champ particulier (ex, la production d’Ă©nergie ) d’autres expertises dans d’autres secteurs (dĂ©mographiques, agricole ou sidĂ©rurgique…) Ceci Ă©tant je partage la frustration sur le programme de FI. J’ajoute, concernant l’Ă©nergie et le changement climatique qu’un dĂ©bat d’expert qui s’est dĂ©roulĂ© la semaine derniĂšre au congrĂšs de l’UNion europĂ©enne de GĂ©ophysique a conclu sur l’impĂ©rative nĂ©cessitĂ© de capturer et stocker du CO2 atmosphĂ©rique si on veut rester Ă un rĂ©chauffement infĂ©rieur Ă 2 °C. Ceci d’autant plus que la croissance dĂ©mographique associĂ©e Ă l’objetcif (crĂ©dible) de l’Ă©limination de la faim sur la planĂšte d’ici 2050 impose un accroissement des rendements dans de nombreuses rĂ©gions du monde. Ceci conduit soit Ă remettre en causel’objectif -pourtant intensifiĂ© Ă la cop 21 avec 1,5°C !) ou bien Ă envisager un recours massif aux techniques atomiques (au premier rang desquelles pour l’instant la fission) . Les Ă©tudes aboutissant aux propositions de FI ne lĂšvent pas selon moi les contradictions internes Ă son programme qui est donc flou sur cet aspect crucial.