De l’usage des « fossiles » au libéralisme : une accumulation d’impasses, Jean Pugens*

Le débat public sur l’énergie est le plus souvent abordé par le biais de sa production et des effets sur les émissions de GES. Il nous a semblé intéressant de l’aborder par ses relations avec l’ensemble des questions d’écologie ainsi que par la gestion pratique des énergies disponibles, au critère de la justice écologique et sociale.

*Jean Pugens est conseiller municipal de Roquevaire, membre du Conseil de développement de la métropole Aix-Marseille-Provence et responsable de l’UFR-FNME CGT.

Depuis les années 1970, nous assistons à un effondrement de la biodiversité. Les espèces sauvages ont reculé en nombre, et on en arrive à penser à une disparition massive comparable à celle de l’ère secondaire. Or nos sociétés ajoutent à l’exploitation intensive des ressources de la planète des conditions telles qu’elles menacent les conditions de vie de toute l’humanité ; d’ores et déjà on prévoit que dans quelques décennies des milliards de personnes seront des réfugiés climatiques. Comment accepter de telles perspectives ?

Biodiversité, gestion durable et solidaire des ressources doivent être au centre des préoccupations d’une société moderne pour ne pas opposer fin du monde et fin du mois. Il n’y a qu’une seule planète à partager, et le sort de tous et de chacun y est lié.

UNE PLANÈTE FINIE

Nous atteignons le « jour du dépassement » – la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année – de plus en plus tôt : en 2022, le 28 juillet ; en 2012, c’était le 22 août ; mi-septembre en 2002 ; mi-décembre en 1972. En cause la déforestation, la surpêche, la surexploitation agricole et minière, nos émissions de gaz à effet de serre. Le GIEC publia le 4 avril 2022 un rapport centré sur la réduction des émissions de GES pour en limiter les conséquences sur le changement climatique. Les émissions mondiales devront baisser dès 2025, sans quoi il sera impossible de limiter le réchauffement de la planète à + 1,5 °C. Sans un renforcement urgent des politiques climatiques actuelles, le réchauffement sera de + 3,2 °C à la fin du siècle. Les politiques publiques ne doivent pas reposer uniquement sur les individus, mais plutôt sur des actions structurelles soutenues de façon équitable par l’État pour ne pas créer de nouvelles inégalités sociales.

Chaque question d’écologie renvoie à la production et à l’utilisation des ressources énergétiques.

La baisse de la biodiversité inquiète. Les abeilles sont malmenées, et 80 % des insectes pollinisateurs auraient disparu depuis trente ans en Europe alors même que 75 % de notre nourriture en dépend. À l’échelle mondiale, les trois quarts des écosystèmes terrestres et 66 % des habitats marins sont dégradés ; on estime à 1 million le nombre d’espèces menacées d’extinction. Associées aux changements climatiques, les conséquences pourraient être dramatiques sur les écosystèmes et la biodiversité.

ÉNERGIE ET ÉCOLOGIE

Chaque question d’écologie renvoie à la production et à l’utilisation des ressources énergétiques. Il en est ainsi des pollutions industrielles liées aux processus de production avec utilisation de différentes sources (charbon, pétrole…) ou formes de l’énergie (électricité). Les transports sont tout à la fois source de pollutions et consommateurs d’énergie : le moteur à explosion est particulièrement gourmand en combustibles fossiles. L’agriculture intensive utilise des engrais dont la production est grosse consommatrice d’énergie. On parle de sobriété énergétique, c’est quelque chose à conquérir : elle passe par une isolation renforcée de logements, dont certains sont des « passoires thermiques ». Ailleurs, le besoin vital en énergie pousse les populations de nombreux pays pauvres à couper les arbres de leurs forêts pour cuire leurs aliments… entraînant la déforestation de régions entières. Et la demande en charbon s’accroît encore dans le monde, ainsi que celle d’hydrocarbures dans les pays plus développés, au point que ceux-ci représentent l’immense majorité de l’utilisation de sources d’énergie. Le commerce international des sources d’énergie joue un rôle considérable en s’appuyant sur des tankers ou sur des tubes (oléoducs ou gazoducs) dont l’implantation consacre les situations géostratégiques. À cela s’ajoutent la raréfaction des ressources minérales ou organiques et les rivalités pour y avoir accès.

CRISE ET PRÉCARITÉ

Le poids de la crise de l’énergie est manifeste pour la population des pays développés, et notamment en France, à travers l’augmentation des prix, car c’est depuis toujours une préoccupation importante de nos concitoyens, et c’est encore plus vrai dans cette période de menaces pour la paix dans le monde. La gestion ultralibérale de l’énergie a conduit à des situations chaotiques à répétition : la grève des raffineurs a menacé le pays de paralysie, les choix de l’Allemagne de miser sur le gaz russe puis d’y renoncer brutalement menace d’un chaos économique tandis que la mondialisation facilite le pillage du tiers monde (République démocratique du Congo ou Niger, par exemple) et que la Grande Barrière de corail australienne est menacée par l’exploitation du charbon, que l’Afrique du Sud exporte au mépris des rejets de GES.

Le développement du fret fluvial et du ferroutage sera primordial pour réduire les émissions de GES.

Ce qui est convenu d’appeler « précarité énergétique » con – cerne les personnes qui ne peuvent pas, ou difficilement, payer leurs dépenses énergétiques, et/ou qui ont froid dans leurs logements. Elle touche actuellement 13 millions de personnes en France, soit les 20 % des ménages… les plus pauvres. Alors, dire que le prix des énergies doit augmenter pour que l’on diminue la consommation est une aberration qui ne fera qu’augmenter cette précarité et générera de nouvelles inégalités tout en étranglant les plus pauvres.

En France, le Conseil d’État vient de condamner le gouvernement pour son « inaction climatique ».

Dans la recherche liée de sobriété et de réduction des pollutions, la notion de « pollueur-payeur », qui peut paraître vertueuse, se retourne contre les plus démunis. La taxe carbone, que les patrons « bonnets rouges » ont refusé de payer, a été imposée sur le carburant de tous les Français, qui ont réagi en 2019 avec des Gilets jaunes. En 2022, l’emballement des prix de l’énergie sous toutes ses formes – pétrole, électricité, gaz, bois, etc. – démontre l’incapacité du marché concurrentiel à en maîtriser les prix et à en réduire l’usage. Il y a une vraie nécessité de reconstruire des services publics déconnectés du marché spéculatif.

PEUT-ON RÉDUIRE SA CONSOMMATION D’ÉNERGIE ?

La vie elle-même pour se développer suppose une consommation de ressources et d’énergie prises sur la planète. Une gestion économe et durable s’impose. En France, la loi relative à la transition énergétique prévoit la baisse de la consommation d’électricité de 50 % d’ici à 2050. Un des outils pour y parvenir est amélioration de l’isolation des bâtiments, mais les aides de l’État, insuffisantes, ne sont pas équitables : elles vont plus largement à ceux qui peuvent financer des travaux, du moins en partie.

La notion de « pollueur-payeur », qui peut paraître vertueuse, se retourne contre les plus démunis.

Quant aux véhicules électriques, leur développement va demander de nouveaux moyens de production d’électricité pour les recharger, or la majorité des moyens de production dans le monde sont au charbon ; notre pays étant une exception dans ce domaine du fait de sa production, nucléaire à plus de 70 % et hydroélectrique à 12 %. La part de production de l’électricité par le charbon est de 1 % pour la France, 23 % pour l’Allemagne, 60 % pour la Chine, 70 % pour l’Inde, 100 % pour la Hongrie. Par ailleurs, les nouvelles technologies de communication (Internet, réseaux sociaux, téléphonie) représentent déjà 10 % de la consommation mondiale d’électricité, et augmentent de 10 % par an. Les cryptomonnaies et les intelligences artificielles également : une transaction de bitcoin c’est 77 kWh, car pour fonctionner le système demande des puissances de calcul colossales, assurées par des ordinateurs en réseaux dans le monde entier ; en 2018, le système bitcoin a consommé 30,25 TWh d’électricité, autant que la consommation d’un pays comme le Maroc ; en France, il représente 6,74 % de la consommation de l’électricité.

Le système de l’ARENH impose à EDF de vendre à ses concurrents 25 % de sa production nucléaire à un prix inférieur à son coût de production.

Soyons lucides et pragmatiques : la consommation d’électricité en France et dans le monde ne va pas baisser. L’augmentation est annoncée à + 40 % d’ici à 2050, ce qui pose immanquablement la question de la maîtrise des prix pour les classes populaires et moyennes.

La situation est d’autant plus paradoxale que l’Europe affiche la volonté d’être le premier continent à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, et dans son plan pour atteindre ces objectifs environnementaux elle demande aux États membres de réduire de 50 %, d’ici à 2030, les émissions GES par rapport à 1990. En France, le Conseil d’État vient de condamner le gouvernement pour son « inaction climatique », et le Haut Conseil pour le climat (HCC) appelle le gouvernement à un « sursaut » pour tenir ses engagements environnementaux.

LE MIX ÉNERGÉTIQUE EN FRANCE

Alors que l’essentiel (environ 75 %) de l’énergie consommée en France provient de sources fossiles, le débat public sur la transition énergétique a été réduit (volontairement ?) à son côté électricité, sans souci d’incohérences écologiques.

Face à la crise, le gouvernement avance la notion de « sobriété énergétique », en fait il s’agit d’un vaste plan de délestage électrique en fonction des circonstances. Des outils ont été mis en place par les gestionnaires de réseaux, dont les compteurs communicants Linky, qui pourraient être un plus dans la gestion « écologique » de l’énergie, mais qui peuvent également devenir un outil supplémentaire d’inégalité sociale en pilotant des délestages sélectifs ; autrement dit, ils rendent possible de débrancher tel et/ou tel appareil chez tout un chacun : finie l’égalité de traitement des usagers. Le service public de l’électricité doit être mis sous contrôle des consommateurs.

Le meilleur mix énergétique est celui qui réduit les rejets de GES et qui dans le même temps ne crée pas de nouvelles pollutions ni de nouveaux pillages des ressources de la planète.

Le meilleur mix énergétique est celui qui réduit les rejets de GES et qui dans le même temps ne crée pas de nouvelles pollutions ni de nouveaux pillages des ressources de la planète. Parmi les énergies renouvelables, seule l’hydroélectricité est pilotable dans la gestion du réseau national ; l’éolien et le solaire, eux, sont intermittents car dépendant du soleil et du vent, ce qui nécessite des productions thermiques de remplacement ou du stockage par batteries qui, elles, n’ont rien d’écologique. Toutes les sources de production sont bonnes à utiliser, mais le mix énergétique doit être complètement sorti de la spéculation financière et piloté comme un vrai service public, sous contrôle des consommateurs.

Si les nouvelles normes de construction apportent sans conteste une plus-value environnementale, rénover des bâtiments anciens est plus difficile. Le secteur résidentiel et tertiaire pesait en 2017 pour 28 % des émissions de GES de la France. Pour l’habitat, 16,7 % des logements existants sont des « passoires énergétiques » classées F ; 24,4 % sont classés E ; et 34,21 % D (performance énergétique « moyenne »). Il y a là bien des choses à faire pour améliorer l’efficacité énergétique.

13 millions de personnes souffrent de précarité énergétique en France.

Les transports routiers représentent en France 30 % des émissions de GES et la moitié des particules fines rejetées dans l’air que nous respirons. Un plan de développement de transports en commun efficace doit permettre les déplacements pour travailler, consommer, se soigner, se nourrir, se distraire, s’éduquer sans utiliser un véhicule individuel et à moindre coût. Il faut redéfinir les liens entre l’habitat, les réseaux de transports et les zones de travail, le transport longues distances des marchandises (fluvial et ferroutage). À l’heure où les phénomènes climatiques prennent de l’importance, où la lutte contre la pollution est essentielle, où la perte de vies humaines et des dégradations de la santé sont officiellement reconnues comme dues à la pollution générée par les transports routiers, il est incompréhensible et dangereux de ne pas lancer un vrai plan de développement des transports en site propre.

LE MONDE ÉCONOMIQUE DEVIENT FOU

Le cadre européen du marché de l’électricité, qui aligne les coûts de revient du marché de gros sur la production la plus chère (actuellement les centrales à gaz), nous entraîne vers des aberrations écologiques. Le prix du marché européen s’emballe. L’Espagne et le Portugal, avec l’accord de l’Europe, ont décidé de sortir provisoirement de ce marché pour revenir au vrai prix de production locale, ce que notre pays n’a pas encore envisagé, car enfermé dans des politiques libérales. Le système de l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), mis en place par Nicolas Sarkozy en 2010, impose à EDF de vendre à ses concurrents 25 % de sa production nucléaire à un prix inférieur à son coût de production, ce pour favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs qui, eux, n’ont pas investi dans des moyens de production. Cela a eu pour conséquence de creuser la dette d’EDF, pourtant chargée d’une mission de service public (Emmanuel Macron vient d’augmenter ce seuil à 30 %), un bel exemple de non-sens de la « concurrence libre et non faussée, sans intervention de l’État ». Le choix politique priorise la finance au détriment d’une maîtrise de l’environnement. Dans le même temps, les entreprises qui ne bénéficient pas de bouclier tarifaire sont écrasées par les prix de l’énergie qui flambent (Veralia, par exemple). Pour gérer cette crise tarifaire, certaines investissent même dans l’achat de groupes électrogènes au gazole afin de se procurer une électricité moins chère. On marche sur la tête pour l’écologie ! Des entreprises se préparent même à cesser leurs activités ou à les réduire en recourant au chômage technique en fonction des cours du marché.

L’électricité et le gaz, nationalisés en 1946 car devant constituer des services publics en tant que biens de première nécessité indispensables au développement économique du pays, rentrent maintenant dans une logique de marché et de spéculation financière. L’Europe s’en émeut mais ne modifie pas la construction de ce marché. Tout au plus elle annonce essayer de limiter le prix du mégawattheure électrique à 180 € sur le marché de gros. Le service public en France l’assurait en son temps à 35 €, mais la spéculation du marché est passée par là.

En 2022, après une limitation à 4 % de l’augmentation des tarifs réglementés de vente pour les ménages, la Première ministre annonce pour 2023 une augmentation de « seulement » 15 % et réfléchit à un mécanisme pour protéger les entreprises et les collectivités territoriales (exclues du bouclier tarifaire de 2022). Le financement de ces mesures sera assuré sur nos impôts ; en d’autres termes, l’argent public alimente la spéculation financière tout en diminuant le chauffage de nos logements. Avec le compteur communicant, on peut débrancher votre chauffe-eau à distance et limiter votre puissance souscrite : à certaines heures, notre consommation d’électricité dépendra de la région, de la météo et de l’état du réseau. C’est la déconstruction des missions de service public, une gestion comptable sans ambition écologique.

En conclusion, la politique en matière d’énergie est symbolique de l’importance accordée à la prise en compte de la crise écologique et des urgences en la matière. Plus généralement, l’écologie doit être avant tout sociale et s’affranchir du capitalisme et de sa spéculation financière qui pille les ressources de notre Terre. Pour ne pas opposer fin du monde et fin du mois, le développement durable doit être porté par des missions de services publics sous maîtrise publique et sous contrôle des populations.

Or en France on est loin d’une planification écologique de long terme.

Une réflexion sur “De l’usage des « fossiles » au libéralisme : une accumulation d’impasses, Jean Pugens*

  1. Le moins que l’on puisse dire c’est que les relations de l’Homme avec la Nature, son environnement sont dialectiques. L’Homme assure sa subsistance par une action sur et avec son environnement, il a cet avantage sur les autres animaux de pouvoir transformer la nature de façon consciente, méthodique et préméditée. La prise de conscience de l’impact des activités humaines sur l’environnement n’est pas nouvelle, mais encore faut-il avoir les moyens de satisfaire les besoins vitaux (ne plus avoir faim, soif, froid, ne plus être malade etc.) pour songer à préserver son environnement. Avoir les moyens de s’affranchir de la peur du lendemain, pas seulement pour soi individuellement mais aussi pour ses proches et les générations à venir. Les sociétés ne produisent pas pour « produire » abstraitement, mais pour satisfaire des besoins.
    Pour la très grande majorité des habitants de la planète, la survie dépend du salaire reçu en échange de leur force de travail, salaire qui n’est que le prix de la reproduction de cette force de travail, pour se nourrir, se loger, s’habiller, se soigner, s’éduquer, etc…Prix qui dépend du rapport de force entre dominés et dominants du pays.
    .Donc à mon sens, l’article de parle d’énergies fossiles et d’écologisme et non pas d’écologie
    L’écologie est une science dont l’objet est l’étude des interactions des êtres vivants entre eux et avec leur environnement. En tant que science elle exige que ses hypothèses et ses thèses soient justifiées avec rigueur par des raisonnements logiques sur la base d’expériences et d’observations factuelles ; elle repose sur la conduite scientifique qui consiste à un scepticisme radical par rapport à l’argument d’autorité.
    Le terme « écologie » a été détourné par des mouvements politiques qui prônent l« l’écologisme ».qui s’appuie sur les rapport du GIEC une organisation intergouvernementale qui a été créé en 1988, à la demande du G7. Dans son dernier rapport (2023), le GIEC affirme que les activités humaines, principalement par le biais des émissions de gaz dit à effet de serre (GES : CO2 ou dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbones, oxyde nitreux, la vapeur d’eau n’est pas incluse dans les GES du GIEC!) ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète. L’une des principales sources de gaz à effet de serre étant la combustion d’énergies fossiles, il faut donc stopper tout investissement dans ces sources d’énergie et mettre un terme le plus rapidement possible à leur exploitation.
    L’écologisme : la politique de la décroissance
    En focalisant les feux de la rampe sur les énergies fossiles, c’est bien la consommation globale d’énergie qui doit être réduite. En effet, plus de 82% de l’énergie consommée dans le monde est de l’énergie fossile. Le coût de la décroissance/transition verte serait essentiellement supporté par la grande majorité de la population, celle des classes sociales dominées aussi bien dans les pays développés que ceux moins développés. Parfaitement conscients de la chose, ces idéologies développent un «apitoiement» affublé de justice sociale pour ces milliards de prolétaires, d’agriculteurs, de miséreux qui devraient devenir toujours plus pauvres pour sauver un paradis qui n’a jamais exister.
    Certains parlent même de reprendre le contrôle du capitalisme et des intérêts privés grâce à la « sobriété » énergétique et/ou la baisse de consommation. Ce serait la justification d’une meilleure répartition des richesses, de justice dite écologique, d’écologie dite sociale…. Mais une « meilleure » répartition des richesses ne remet pas en cause les rapports sociaux existant -une classe dominante qui possède l’essentiel des moyens de production : la terres, les usines, les machines, terres agricoles, les ressources naturelles, les banques et accapare le pouvoir politique. Comment préserver l’environnement, comment résoudre les problèmes de pollution si le mode production vise à obtenir le meilleur de profit de l’exploitation de la force de travail humaine des dominés et de l’exploitation des ressources planétaires ? La seule solution pour l’écologisme c’est la baisse de la consommation des populations, la décroissance économique qui synonyme de dévalorisation de la force de travail. Ce qui veut dire plus de difficultés les salariés pour se nourrir, s’habiller, se soigner, dormir, se cultiver. Quelles réponses aux besoins ? L’écologisme n’y répond pas.
    Quelques questions sur l’environnement :
    Sur la biodiversité, la sixième grande extinction est prédite depuis des décennies. Cela ne s’est toujours pas produit. L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) estime que moins de 28 000 espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction présentant la situation mondiale de plus de 74 000 espèces parmi les 1,8 millions d’espèces connues. Le spectre de l’extinction massive est utilisé comme tactique de peur pour effrayer le public et l’obliger à se conformer. Mais cette peur est devenue une menace pour une politique sensée de conservation de la biodiversité.
    Le changement climatique un débat scientifique détourné par l’écologisme. Nous sommes sans cesse abreuvés de l’argument 97% des climatologues seraient d’accord sur la dangerosité du réchauffement et la science nous oblige à réduire urgemment nos émissions de CO2. Sur quoi les scientifiques sont-ils d’accord exactement ?
    Les accords ::
    • La température moyenne à la surface de la terre a augmenté depuis les années 1850-1900 d’environ 1,1°C; mais elle varie très sensiblement selon que l’on se situe à l’échelle mondiale ou à l’échelle d’un pays, de la France, par exemple. Il n’y a pas un climat mais des climats terrestres.
    • Les humains ajoutent du CO2 dans l’atmosphère ;
    • La vapeur d’eau est le principal gaz qui retient la chaleur à la surface de la Terre. Le CO2 comme d’autres gaz atmosphériques ont aussi un effet sur l’équilibre thermique de la planète.
    Il y a débat sur:
    • Quelle part du réchauffement depuis le développement industriel a été causée par l’homme ?
    • De combien la planète va-t-elle se réchauffer au cours dans les années à venir ?
    • Ce réchauffement est-il « dangereux » ?
    • Comment devrions-nous réagir face au réchauffement ?
    Les deux premiers points de débat relèvent des sciences, la question de la dangerosité est une question d’ordre sociétal sur laquelle les sciences ont relativement un peu à dire. Les deux autres relève à la fois de la société et de la technologie.
    La source de désaccord entre scientifiques la plus fondamentale porte sur la variabilité naturelle du climat, son importance par rapport aux potentiels changements climatiques causés par l’homme. Les données historiques sont encore lacunaires, en particulier s’agissant des océans. Il y a aussi désaccord sur la valeur des simulations des modèles climatiques mondiaux et des reconstructions paléoclimatiques. Il y a une mésentente sur un référentiel adéquat pour comparer et relier les données entre elles. La plupart des processus climatiques sont toujours mal compris ou même inconnus surtout dans le cas de la régulation des climats terrestres où les phénomènes sont complexes et ils ne dépendent jamais d’un seul facteur…..
    Dans les années 1990, la fabrication du consensus scientifique par le GIEC a fait un tort considérable aux sciences du climat et en conséquence à l’élaboration de politiques censées devoir être éclairées par elle. Le débat contradictoire en science est une nécessité pour avancer et ne pas rester piéger dans des impasses, l’absence de débat conduit à bannir l’exploration d’autres voies de recherche. Ainsi, le changement climatique est présenté comme la conséquence de la modification d’un seul facteur: un excès de CO2 dans l’atmosphère qui pourrait, dans la logique du GIEC, être réglé en éliminant les émissions de combustibles fossiles.
    De plus, la « crise climatique » n’est plus ce qu’elle était. Les premiers rapports d’évaluation du GIEC donnaient un scénario probable d’un réchauffement attendu de 4 à 5°C entre la période préindustrielle et 2100. Aujourd’hui, il est de plus en plus admis que ce scénario est invraisemblable, le scénario mis en exergue par le GIEC se rapproche d’un réchauffement de 2 à 3°C bien que les émissions de CO2 émis par les activités humaines ne cessent d’augmenter. Les objectifs pour limiter « la casse » ont été déplacés pour réduire la cible de réchauffement à 1,5° C !
    La réaction au risque climatique est sans rapport avec l’augmentation réelle du risque climatique mais sous-estime en revanche l’augmentation des risques liés à la pauvreté énergétique. Pauvreté qui limite aussi la capacité des individus à anticiper ou faire face aux situations d’urgence de la météo.
    Les émissions de CO2 n’ont cessé de croître et continueront à croître dans un avenir prévisible.
    En 2021, les énergies fossiles ont compté pour plus de 82% de la consommation d’énergie primaire et plus de 61% de la production d’électricité dans le monde. Parmi les énergies renouvelables, l’hydroélectricité a pesé plus lourd dans les mix énergétique et électrique mondiaux que l’ensemble des autres filières renouvelables.
    La Chine ouvre de nouvelles centrales à charbon, comme l’Inde et bien d’autres pays, ces pays sont plus que jamais résolus à poursuivre la courbe de leur développement. Les pays les plus développés ont pratiquement stabilisé leurs consommations d’énergie primaire depuis plus de vingt ans. Cette diminution progressive est compensée par l’augmentation dans le reste du monde surtout le sud-est asiatique et en premier lieu la Chine. Les conclusions des dernières COP indiquent que ni la Chine, la Russie, l’Inde ne se laisseront dicter leurs conditions économiques et leurs émissions de CO2 par les pays d’Europe ou d’Amérique du Nord.
    Dans le déni de la réalité, « les élites » de l’UE agissent et décrètent comme si le monde réduisait déjà ses émissions de CO2. Qu’importe si cela décourage la relocalisation ou l’implantation d’activités industrielles en Europe, entraîne des factures de plus en plus élevées pour toutes les énergies, le renforcement de la dépendance de l’Europe à la Chine (terres rares, cuivre, nickel, cobalt, lithium) et aux Etats-Unis (gaz de schiste).
    Dans son cinquième rapport, le GIEC estime qu’un réchauffement de 3° — le double donc de l’objectif de l’Accord de Paris — causerait une réduction de la croissance économique mondiale de 3% d’ici à 2100. Soit une réduction de la croissance économique mondiale de 0,04% par an, une réalité à peine mesurable d’un point de vue statistique. La croissance économique et le bien-être des Européens sont plus menacés par les politiques énergétiques délirantes de l’écologisme, que par le réchauffement planétaire d’un ou deux degrés que nous enregistrons depuis près de deux cent ans. Comment nous jugerons les générations futures pour avoir suivi les diktats de l’écologisme.
    Quelles sont les réserves de minéraux solides, liquides et gazeux nécessaires à la production d’énergie ? Il n’y a pas plus d’urgence énergétique que d’urgence climatique.
    Les données les plus complètes et qui donnent des séries dans le temps des réserves restent celles de la compagnie BP. Les estimations des réserves sont imparfaites mais le constat est que les réserves estimées de produits fossiles n’ont jamais cessé d’augmenter. Leur exploitation progressive étant compensée par de nouvelles découvertes ou de nouvelles méthodes d’extraction.
    Pour le pétrole, le nombre d’années restant avant l’épuisement des réserves (en supposant l’hypothèse toute théorique que la production annuelle se maintienne) est estimée de 60 ans, pour le gaz naturel environ 50 ans, le charbon près de 140 ans. Tous ces éléments d’information montrent que le monde, considéré dans son ensemble, ne risque pas à moyen terme de pénurie physique de ressources énergétiques fossiles (toutes questions de prix, mises à part). Encore faut-il qu’il les utilise rationnellement, et ne renonce pas à les utiliser pour céder aux exigences d du moment. Imagine-t-on un seul instant les pays du sud-est asiatique renoncer à exploiter les énormes ressources de leur sous-sol ?
    Quels sont les critères pour une stratégie réaliste de production électrique qui répondent aux besoins sociaux?
    • sécurité d’approvisionnement 24 heure sur 24/7 jours sur 7 et sur les 365 jours de l’année (24/7/365). Et donc basée sur des technologies fiables et pilotables.
    • prix abordables et stables sur le long terme pour tous les ménages et les entreprises
    Depuis des décennies, nous sommes façonnés par l’idée qu’il faut remplacer les hydrocarbures qui représentent plus de 80 % de la consommation d’’énergie mondiale. L’énergie fossile reste indispensable et surtout irremplaçable dans les transports mais aussi l’industrie lourde, la construction et l’agriculture. Et donc un des problèmes majeurs de la transition tient au fait que la consommation d’énergies fossiles dans le monde ne diminue pas. Aujourd’hui, ce que nous faisons avant tout consiste à empiler les nouvelles sources d’énergie sur celles existantes, qui sont faciles à exploiter, abondantes, bon marché et concentrées. Les matières premières et les matériels permettant de produire les énergies dites décartonnées sont la plupart du temps fabriqués et transportés avec des carburants fossiles. L’industrie chinoise qui fabrique l’immense majorité des panneaux photovoltaïques, des cellules de batteries, des éoliennes terrestres et marines, qui raffine la plupart des minéraux stratégiques fonctionne avec de l’électricité produite par des centrales à charbon. Et les équipements que nous achetons ensuite sont transportés par des navires propulsés avec du fioul lourd. Changer les bases énergétiques de l’économie mondiale nécessiterait un investissement de 90 000 milliards de dollars … et représenterait une augmentation du prix de l’énergie insupportable pour la majorité des familles et des entreprises.
    Le nucléaire une solution pour l’avenir.
    En France, les réacteurs nucléaires dits «à neutrons lents» (RNL) actuellement en exploitation ont l’avantage de produire aujourd’hui l’électricité pilotable la moins chère, avec celle issue de l’hydraulique des barrages. Cependant ces réacteurs utilisent moins de 1 % de l’uranium naturel, alors que 100 % pourraient être utilisés dans la quatrième génération de réacteurs dits « à neutrons rapide » (RNR). Non seulement ils économisent le minerai-ressource mais réduit aussi sensiblement la production de déchets. La France dispose sur son sol d’une énorme quantité de matière énergétique pour des RNR (plus de 400 000 tonnes d’uranium) qui permettrait d’assurer ses besoins en électricité pendant des centaines d’années.
    L’impact important du solaire et de l’éolien sur les ressources en terres rares, leurs conséquences environnementales font des énergies renouvelables intermittentes des énergies polluantes. Ces énergies ne peuvent pas suivre les variations de la demande et le réseau électrique doit être doublé par un réseau de centrales thermiques (énergies fossiles ou nucléaires). Leurs productions ingérables d’électricité nécessiteraient d’immenses stockages inexistants d’électricité. Quel gâchis !
    L’hydroélectricité serait une bonne solution partielle de stockage mais son potentiel est limité par le nombre de sites disponibles.
    Il est nécessaire de lancer maintenant cette nouvelle filière de RNR qui ne prendrait la suite des RNL qu’après un tuilage d’environ un siècle avec les RNL pour fournir le plutonium, combustible de démarrage des surgénérateurs en quantité suffisante. En parallèle, il s’agit de préserver ou recréer en France le savoir-faire industriel de cette filière suite aux arrêts politiques des précédents RNR et notamment du projet ASTRID en 2019.
    Aujourd’hui, la France n’a plus de vision globale et à long terme de politique énergétique. Elle semble davantage gouvernée par l’idéologie que par les faits depuis plusieurs décennies.

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