L’Europe des centres de rétention, Nicolas Lambert*

*Nicolas Lambert est cartographe au CNRS

On imagine souvent les frontières comme des lignes délimitant,
de façon binaire, un dehors et un dedans. En cartographie,
on aura donc souvent tendance à les représenter par des
figurés linéaires suivant précisément les contours des pays, avec une
certaine flexibilité néanmoins concernant les tracés maritimes.
Pourtant, quand on regarde cette carte représentant les endroits de
privation de liberté en Europe (pilier aujourd’hui majeur des politiques
migratoires), on voit se dessiner un archipel de lieux matérialisant
une nouvelle frontière non plus linéaire mais réticulaire, c’est-à-dire
en réseau. Cette frontière va d’ailleurs bien au-delà des limites de
l’espace Schengen. Elle est externalisée, délocalisée, sous-traitée à
des pays tiers, le but étant d’arrêter les migrants le plus possible en
amont, avec une volonté politique évidente de les maintenir à distance.
En France, depuis la loi Asile et Immigration votée en 2018, la durée
maximale de rétention est de 90 jours, contre seulement 7 jours en
1981; 40000 à 50000 personnes (femmes, hommes, enfants) y sont
enfermées dans l’indifférence quasi générale

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