COVID 19 : le point sur l’efficacité du port du masque, Camille LN*

Il se pose actuellement beaucoup de questions sur la pertinence de l’usage des masques dans la lutte contre la propagation du COVID19. Si la recherche connait encore relativement mal le COVID19 – ou SARS-COV-2 – ce virus semble proche dans son mode de transmission du SARS-COV-1 et d’autres virus respiratoires mieux documentés [1]Le masque chirurgical protège efficacement les soignants contre COVID-19 Jean-Christophe LUCET, UHLIN, Hôpital Bichat, AP-HP, 75018 Paris ; Sandra FOURNIER, EOH, siège AP-HP, 75004 Paris ; Gabriel BIRGAND, Cpias Pays de Loire, Nantes, 44000 ; Nathan PEIFFER-SMADJA, SMIT, Hôpital Bichat, AP-HP, 75018 Paris ; Solen KERNEIS, Equipe mobile d’infectiologie, Hôpital Cochin, AP-HP 75014 Paris, UHLIN Hôpital Bichat, AP-HP 75018 Paris ; Xavier LESCURE, Service de Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Bichat, AP-HP, 75018 Paris . L’expérience acquise sur ces précédents virus et la recherche actuelle permettent de répondre à certaines questions et ainsi nous aider à adopter les meilleurs gestes pour limiter la propagation de ce virus.

La transmission du COVID19 se fait par le contact des muqueuses avec le virus, via la projection de gouttelettes d’un individu infecté sur un individu sain ou le contact avec un vecteur passif (objet, surface…) contaminé [2]Idem. Lorsque l’on parle, tousse, crache et éternue nous propulsons des sécrétions respiratoires dans l’air. Ces sécrétions prennent la forme de gouttelettes de taille variable. Les grosses gouttelettes retombent rapidement et dans un périmètre réduit tandis que les plus fines peuvent rester suspendues plus longtemps en l’air, et être déplacées sous forme d’aérosols. Les sécrétions d’une personne infectée sont vectrices du virus. La transmission des virus respiratoires se fait très majoritairement via les grosses gouttelettes, tandis que la transmission par les aérosols est beaucoup plus réduite (en dehors de manœuvres invasives respiratoires spécifiques à certains soins).

La prévention contre les virus respiratoires doit donc se concentrer sur ces grosses gouttelettes. En prévention du contact entre les gouttelettes et les muqueuses d’une personne, il est alors utile de porter un masque [3]Aerosol Filtration Efficiency of Common Fabrics Used in Respiratory Cloth Masks Abhiteja Konda,⊥ Abhinav Prakash,⊥ Gregory A. Moss, Michael Schmoldt, Gregory D. Grant, and Supratik Guha.

Un masque a ainsi un double objectif :

  •  Limiter les projections de gouttelettes chez une personne infectée en les retenant lorsqu’elle parle, tousse et éternue.
  •  Protéger ceux qui portent le masque des risques de contact entre les gouttelettes d’un individu infecté et leurs muqueuses du nez et de la bouche.

Si ce principe est évident, il n’est en revanche difficile de déterminer avec précision le niveau de protection offert par les masques. Cela dépendra du matériau utilisé. La recherche s’est, jusqu’à aujourd’hui, peu penchée sur l’efficacité des masques en tissu, et n’offre pour le moment pas de réponse claire. Plusieurs études récentes comparent les capacités de filtration de divers tissus pour pouvoir formuler des recommandations. La combinaison de filtrations mécanique et électrostatique apparait pertinente. Un masque en coton au tissage serré serait satisfaisant [4]Idem. Seulement, la qualité du matériau utilisé n’est pas le seul critère à prendre en compte. En effet, l’efficacité d’un masque dépend aussi de son ajustement : l’adaptation au visage, et donc la couvrance, l’étanchéité. Ainsi le fait de porter un masque trop grand, ou une barbe par exemple, impactera son efficacité.

Le port du masque avec des gestes adaptés reste malgré cela plus efficace que l’absence de masque [5]To mask or not to mask: Modeling the potential for face mask use by the general public to curtail the COVID-19 pandemic Steffen E. Eikenberry, Marina Mancuso, Enahoro Iboi, Tin Phan, Keenan Eikenberry, Yang Kuang, Eric Kostelich, Abba B. Gumel, mais il n’offre pas une protection totale. De ce fait, un masque ne peut servir d’unique geste barrière. Le port du masque doit suivre certaines consignes (hygiène des mains pour le mettre et l’enlever, ne pas le toucher ou toucher son visage) et impérativement être accompagné des autres gestes barrières : distanciation physique, hygiène des mains (lavages très fréquents au savon ou par friction avec une solution hydroalcoolique) et des surfaces.

Il est en revanche inutile voire risqué de porter des gants. En effet, le SARS-COV-2 ne traverse pas la peau. Les mains, peau nue ou gantées, peuvent véhiculer le virus via le contact avec des gouttelettes ou des surfaces souillées puis avec les muqueuses du visage. Les porteurs de gants ont un faux sentiment de sécurité et touchent plus souvent leur visage, leur téléphone et diverses surfaces, majorant ainsi le risque de contamination pour eux comme pour les autres : un gant qui entre en contact avec le virus se retrouve contaminé et véhicule le virus. Contrairement aux mains, les gants ne peuvent pas être désinfectés. Les solutions hydroalcooliques sont efficaces par friction directe sur la peau, et non sur d’autres surfaces. Il faut donc laisser tomber les gants, limiter les contacts des mains avec le visage et se laver régulièrement les mains.

Notons par ailleurs que nous faisons face à une pénurie mondiale de gants, et que leur usage en milieu hospitalier est d’ores et déjà encadré. Il ne faut pas détourner des paires de gants de leur réelle utilité par des usages inadaptés et risqués.

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