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Alstom – Siemens : la fusion n’est pas encore acquise!

Suites de l’appel « Alstom ne doit pas être bradé ! » (1), Frédéric Boccara pour la revue « Economie et Politique » a adressé le courriel qui suit aux signataires de la pétition lancée au CESE par plusieurs personnalités.


Madame, Monsieur,

Vous avez soutenu l’appel « Alstom ne doit pas être bradé » que nous avons lancé en janvier dernier. Nous vous en remercions. Voici quelques informations sur les suites de cette initiative.

1 – L’appel a été présenté à la presse lors d’une conférence de presse qui a suivi une réunion débat organisée au CESE le 15 janvier dernier, avec la participation d’économistes et de syndicalistes. Il a été repris par différents titres (l’Humanité, Libération, l’Usine Nouvelle, Médiapart).

Quelques jours après, le CCE d’Alstom a donné un avis négatif sur le projet d’absorption par Siemens.
L’appel a été largement diffusé lors de réunions qui se sont tenues au cours des derniers mois dans un grand nombre de sites français d’Alstom.

Il a été transmis au président de la République ainsi qu’aux présidents de groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat.

2 – Par ailleurs, une démarche a été engagée au niveau européen (par le groupe GUE) qui a donné lieu à une déclaration des syndicats européens et à une prise de position de députés européens de différents pays (notamment Allemands et Français) reprenant notre proposition de coopération entre acteurs européens et exigeant « la présentation par les décideurs européens, dans les plus brefs délais, d’une politique industrielle ferroviaire ambitieuse qui soutienne la compétitivité et les perspectives de développement à long terme de l’industrie de l’équipement ferroviaire en Europe ».

3 – Les commissions d’enquêtes parlementaires françaises ont rendu leurs rapports il y a quelques jours.

Sans entrer dans le détail, elles confirment largement les appréciations portées dans notre appel et sont accablantes.
D’abord du point de vue du renoncement industriel que constitue cette opération. Ainsi, les deux rapporteurs de la commission sénatoriale n’ont -ils pas hésité à affirmer : « Il est contestable d’avoir privilégié une opération capitalistique très favorable à Siemens, qui contrôlera Alstom sans débourser un euro, alors que ses carnets de commande sont pleins et que sa trésorerie est saine. D’autres modalités de rapprochement, sous la forme d’un « Airbus du ferroviaire », étaient envisageables et tout aussi pertinentes, en termes de développement industriel, qui ne justifiaient pas une prise de contrôle par Siemens ».

Mais aussi du point de vue du rôle ambigu qu’a joué l’État au plus haut niveau pour favoriser les intérêts de groupes privés, comme l’a révélé Mediapart mais aussi comme l’a dénoncé O. Marleix, président de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale : « Au terme de six mois d’investigation, j’ai acquis la conviction qu’en autorisant la vente d’Alstom à GE, l’État a failli à préserver les intérêts nationaux », a-t-il déclaré en préambule du rapport d’enquête remis le 19 avril.

Vous le comprenez, la fusion d’Alstom avec Siemens n’est pas encore acquise, d’autant plus qu’elle repose sur la vente — qui n’est pas encore faite — des détentions de capital par Alstom dans les co-entreprises avec GE (General electric) pour financer un dividende exceptionnel à verser aux actionnaires (Bouygues etc.).

Pour notre part, nous multiplierons les initiatives pour lui faire échec. Nous serons donc amenés à vous solliciter à nouveau dans les prochains jours.

(1) Cet appel a aussi été lancé sur Framasoft

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