Le loup, prédateur et bouc émissaire, Jean-Claude Cheinet*

Qui n’a pas eu peur du loup ? Il est pourtant dans la nature, un élément de la bio – diversité, voire un symbole. Mais peut-on faire coexister la chèvre et le chou? la poule et le renard? le loup et l’agneau?

*Jean-Claude Cheinet est responsable associatif et membre de la commission Ecologie du PCF.


L’IMAGERIE MÉDIATIQUE 
La fable de La Fontaine le rend redoutable et les médias présentent le retour du loup comme dans un film d’épouvante. Dans la fable, le loup est ce fourbe qui ne voit que sa proie ; c’est une reprise des peurs ancestrales que le loup a représentées, comme avec la « bête du Gévaudan » ou dans le conte du Petit Chaperon rouge. Le loup suscite la crainte, a une réputation de sauvagerie, d’agressivité opposée à celle du docile chien domestique; il provoque des polémiques. Périodiquement, les médias mettent en avant, images à l’appui, moutons égorgés, troupeaux ravagés, bergers désespérés ou presque ruinés… et chasseurs exaspérés et prêts à tout ou presque. En face, on présente de gentils amis de la nature et des animaux, souvent venus de la ville voisine et qui protestent de l’innocence de la faune sauvage, de la défense de telle espèce, de la beauté de la nature… Nos médias fabriquent ainsi un théâtre de jeux de rôles où il faut un bon et un méchant ; on campe un « pro » face à un « anti » au prétexte d’une impartialité de façade qui évite de réfléchir plus avant.

Le monstre qui a désolé le Gévaudan (gravure sur cuivre, 1764-1765). R
Le monstre qui a désolé le Gévaudan (gravure sur cuivre,1764-1765).


DISPARITION ET RETOUR: UN PEU D’HISTOIRE
Le loup gris commun est certes le plus gros carnivore d’Europe. Il a été très répandu, mais les populations rurales ont, depuis le Moyen Âge au moins, cherché à le décimer. Par le piégeage comme en témoignent les mésaventures d’Ysengrin, mais surtout par empoisonnement à l’aide d’appâts munis de plantes toxiques, avant que le fusil ne prenne la relève. Ils étaient encore près de 5 000 en France au XVIIIe siècle; mais, devant une chasse acharnée, ils ont un temps subsisté dans des régions comme le Périgord ou la Haute-Vienne avant de disparaître au début du XXe siècle. C’est pourtant un animal social, plutôt craintif, chassant essentiellement en meute. Celle-ci comporte généralement un couple avec les jeunes de l’année, voire un ou deux autres individus, acceptés par les autres, et ne dépasse, semble-t-il, que rarement six individus. Le loup est un prédateur efficace de la faune sauvage des ongulés (cerfs, chevreuils, chamois…). Une meute vit sur un territoire de 200 km2 environ, et on estime la population actuelle des loups en France à environ 300-350 individus répartis en une trentaine de meutes, auxquelles il faut ajouter les solitaires qui se déplacent et tendent à coloniser de nouveaux espaces. Mais les loups, décimés au cours du XIXe siècle, avaient survécu dans les Abruzzes, en Italie, ou en Espagne ; aussi, tout naturellement, en profitant de la déprise agricole, de la désertification des campagnes, de la réintroduction par l’homme d’ongulés sauvages pour la chasse précisément, ils ont regagné des espaces où ils pouvaient s’insérer et se nourrir facilement. Et, négligeant les frontières, les revoilà dans le Mercantour puis dans les Alpes puis dans l’est de la France et à présent, ayant passé le Rhône, ils arrivent dans le Massif central. Ils ont aussi profité des mesures de protection mises en place ces dernières années : convention de Berne (1979), directive « Habitats »…

LE PRÉDATEUR UTILE 
Bien loin du mythe, les attaques des loups sur l’homme sont rarissimes et bien moins nombreuses que les attaques par des chiens. Les quelques cas répertoriés concernent des loups qui, au cours de leurs pérégrinations, ont été mordus par des animaux enragés et sont eux-mêmes atteints de la rage. Or ne remarque-t-on pas depuis quelques années, dans telle ou telle région, l’essor incontrôlé de certaines espèces comme les chevreuils qui ensuite ravagent des cultures? Dès lors, leur prédateur naturel, le loup, peut à la fois trouver sa place dans cette niche écologique et, par là même, contribuer à la régulation, à l’équilibre entre espèces sauvages et agriculture-vie rurale.

ET LES TROUPEAUX?
En revanche, s’ils se nourrissent essentiellement sur la faune sauvage, les loups peuvent effectivement attaquer des troupeaux. Il semble que ces attaques se passent essentiellement au printemps et/ou à l’automne. En fait, ces attaques concernent surtout des grands troupeaux d’ovins qui n’ont pas de gardiennage ou de systèmes de protection suffisants. Dans la plupart des cas, les dispositifs d’effarouchement, les chiens patous et, surtout, la présence humaine des aides-bergers empêchent ces attaques. Il est vrai que les animaux des troupeaux, sentant la proximité des loups (ou des chiens à demi sauvages), sont stressés avec des conséquences sur leur comportement et celui du troupeau. Chaque année, on recense près de 3 500 ovins tués pour lesquels la cause « loup non exclu » est admise ; ce qui reste moins que l’ensemble des autres causes de mortalité dans les troupeaux. Certes, des indemnités sont prévues par les pouvoirs publics, mais ce palliatif dérisoire ne fait ni une politique ni des gens heureux.

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LA CRISE DE LA FILIÈRE OVINE 
Les éleveurs ne subissent pas le retour du loup comme un éclair dans un ciel sans nuages, car une spirale dépressive s’est mise en place depuis longtemps. La crise qui touche notre société s’est traduite notamment par une baisse (de près d’un tiers selon certaines sources) de la consommation de viande ovine; les campagnes à but diététique et de santé mettant en garde contre les viandes grasses vont dans le même sens. De plus, le néolibéralisme de l’UE a entraîné la baisse des barrières douanières, et donc la mise sur le marché intérieur des viandes ovines provenant de Nouvelle-Zélande, de Grande- Bretagne, d’Irlande, où la production de viande est un sous-produit à bas prix ; de ce fait, les importations en France de ces viandes représenteraient près de la moitié de la consommation. Cette concurrence internationale aiguë entraîne une grande fragilité des exploitations d’élevage de montagne. Leur nombre a donc diminué et l’ensemble du cheptel aussi, de près de 30 %. En revanche, les exploitants qui subsistent cherchent à résister en augmentant le nombre de têtes de leurs troupeaux, au risque d’être plus vulnérables au loup. L’élevage se concentre mécaniquement sur certaines zones (vite sur-pâturées au détriment des autres éléments de la biodiversité et vite repérées par le loup) alors que d’autres sont abandonnées et retournent à la friche, à la vie sauvage. Enfin, comme pour l’ensemble du secteur agricole et à des degrés divers, les subventions (hors loup) représentent souvent plus de la moitié des revenus. Mais le loup apparaît aux éleveurs comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Notons que dans un contexte social différent, avec un coût plus faible de la main-d’oeuvre, dans des structures agraires différentes aussi, des troupeaux en général plus petits et mieux gardiennés, en Espagne ou en Italie, peuvent très bien coexister avec la présence du loup. Les 1 500 loups d’Italie tuent 15 fois moins de brebis que les 350 loups de France.

« RÉGULER » ET SES LIMITES
On connaît mieux la façon dont vivent les loups, notamment grâce au protocole « Prédateurs- Proies » (PPP), étude réalisée dans le Mercantour. Un pas intéressant a été franchi avec l’idée de régulation des populations de loups: les gouvernants, pour ménager les « pro » et les « anti », mais aussi pour tenter de sortir de ces oppositions irréductibles, ont décidé une intervention sur le nombre des loups à travers le plan national « Loup » 2008-2012 puis 2013-2017. Cette régulation implique l’autorisation d’abattre quelques animaux. Des prélèvements sont ainsi autorisés jusqu’au plafond de 36 loups par an, or certains ont tendance à comprendre ce seuil comme un quota normal… Cette réponse peut calmer un temps quelques opposants, mais ne résout rien des difficultés de la filière ovine. Dès lors, la polémique et les tensions se poursuivent, s’aggravent même, comme en témoignent les actes de braconnage (selon la presse, un 26e loup a été ainsi tué en France entre fin juin et fin novembre 2015, et c’est le 10e de l’année dans les Alpes-Maritimes). Alors, quid de ces politiques qui, en ne respectant ni l’homme ni les bergers, conduisent les éleveurs à ces difficultés, voire à ces extrémités ? Pourquoi les éleveurs doivent-ils toujours plus « tirer les prix » (vers le bas) et être si peu en estive ?

ACHETER LA PAIX SOCIALE À COUPS D’INDEMNITÉS OU CHANGER DE POLITIQUE?
La contradiction entre recherche de rentabilité par de grands troupeaux et le fait que cela les rend moins adaptables lorsque le loup fait irruption dans cette niche écologique reste insoluble dans le cadre social actuel. La contradiction entre défendre biodiversité et aspects environnementaux, d’une part, et maintenir la base de production des espaces ruraux, d’autre part, est une construction sociale provoquée par cet ultralibéralisme. Le loup en est à la fois le révélateur (car prédateur opportuniste) et la victime. La question est donc essentiellement économique: comment soutenir la filière ovine ? Il y a bien des aides d’État pour le gardiennage et pour l’embauche d’aides-bergers ; ces aides ont certes été augmentées dans la dernière période, mais elles ne satisfont personne ; en effet, elles sont proportionnelles au nombre de têtes du troupeau, et poussent donc à ce qui fait la fragilité même de cet élevage face au loup. Les indemnités pour brebis tuées ne sont évidemment pas une source stable de revenus ; et si elles sont nécessaires, notamment pour ceux dont le troupeau a été décimé et qui seraient ruinés, certains comptent sur elles pour survivre. Faute de politique globale sur les équilibres agriculture/élevage/cadre naturel, la spirale dépressive n’est donc pas enrayée, et les tensions perdurent. En effet, ces mesures financières générales sont assez inefficaces et n’entraînent pas l’adhésion des éleveurs ; ceux-ci sont plus attentifs à un accompagnement proche du terrain, de la vallée, avec une aide adaptée aux questions concrètes touchant au loup comme à leurs conditions de travail et aux débouchés de leurs productions. C’est dans la proximité d’une économie différente, plus attentive aux hommes et à l’écologie qu’au profit immédiat que ce nouvel équilibre peut se construire. Or les importations massives de viandes à bas prix, autorisées, voire encouragées par l’UE au nom de la libéralisation des échanges, sont à la base de cette impossibilité de coexister, de cette impasse dans laquelle s’enfoncent les acteurs de terrain. La vraie défense de la biodiversité et des éleveurs devrait rassembler « anti » et « pro » dans le refus de ces politiques européennes. 

10 réflexions sur “Le loup, prédateur et bouc émissaire, Jean-Claude Cheinet*

  1. « On peut aisément concevoir que l’on soit comme notre lecteur, farouchement « contre » le loup  »
    Comment osez vous? dans tout ce que j’ai écrit j’ai simplement rectifié ce que vous avez relayé par idéologie sans même en vérifier la teneur et je n’ai jamais dit un mot contre le loup en tant qu’entité vivante et ayant le droit de’ vivre.
    Votre beau discours moraliste ne suffira pas à faire passer les affirmations mensongères qui étayent votre article.
    Certains communistes ont une vision plus réaliste et morale de la réalité,
    http://www.humanite.fr/le-loup-fait-reculer-la-biodiversite-dans-les-zones-delevage-635256
    car même si « Il y a là matière à des luttes bien plus fécondes que celles des dissensions sur le loup », il est important de connaitre la raison de ce que vous avez relayé.
    Car pour le moment ce sont les environnementalistes qui décapitent les derniers ruraux qui vivent de et avec la nature, aidé par ceux qui en font une propagande mensongère.
    Votre article ne fait que donner de l’eau au moulin des politiques de l’UE en condamnant les derniers paysans bienveillants envers la biodiversité qui ont pour certains passés plus de vingt ans à essayer de s’adapter en vain.
    LOUP, POURQUOI LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS RELAYE T-IL LA PROPAGANDE DES ENSAUVAGEURS?
    http://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2017/01/loup-le-parti-communiste-francais_12.html

    1. Bonjour,

      Je vous propose d’arrêter maintenant cet échange car nous ne parvenons pas à rester sur le fond qui nous mobilise. Et rien n’avance à traiter les avis divergents « d’ensauvageurs »;

      L’article dans l’Humanité que vous signalez et écrit par notre camarade G Le Puill traite d’un aspect incontestable: la présence des troupeaux entretient des espaces ouverts avec une plus grande bio diversité que la forêt qui aurait tendance à regagner l’espace correspondant; Mais vous sollicitez ce texte pour en faire un article « contre » le loup; Il va néanmoins de soi que la « régulation » des effectifs des meutes est un aspect nécessaire, à revoir fréquemment en fonction des circonstances qui peuvent évidemment changer.

      Le sujet essentiel qui nous importe repose sur le fait que la filière ovine est en crise du fait des politiques européennes (importations comme en parle d’ailleurs aussi l’article pour les moutons en provenance de Nouvelle-Zélande etc..) et non du loup!.

      Comme Amar Bellal, notre rédacteur en chef, aime à le rappeler encore dans l’éditorial de notre numéro 15, dans n’importe quel sujet, il faut établir correctement les ordres de grandeur pour connaître les ampleurs relatives des problèmes et pouvoir en déduire les priorités entre toutes les actions à mener.

      Trop de sujets se retrouvent détournés de leurs fondamentaux et très souvent pour mettre en opposition des populations qui se retrouvent ainsi divisées, laissant les puissants et les décideurs continuer leurs petites affaires quotidiennes.

      1. Vous avez raison, il est temps d’arrêter. mais vous ne m’avez toujours pas cité une phrase dans mon article qui en ferai un article contre le loup.

        Quand au difficultés de la filière ovine elles sont exactement les mêmes que celles de toute les filières économiques traditionnelles en France. Les seuls qui arrivaient à tirer leur épingle du jeu en proposant des produits labellisés sont aujourd’hui ceux qui subissent la prédation :
        La région PACA est la seconde région ovine Française, avec 1 509 éleveurs pour
        590 250 brebis recensés en 2012. La région a vu son cheptel et son nombre
        d’éleveurs diminuer depuis ces dernières années mais dans une proportion bien
        moindre que les autres régions françaises. Actuellement la production ovine régionale représente quasiment 7% des éleveurs ovins de France et plus de 11% du cheptel. Le nombre moyen de brebis dans les troupeaux est de 391 brebis, alors qu’au plan national la moyenne est à 238.
        L’inverse de ce qu’affirme votre article : « En revanche, les exploitants qui subsistent cherchent à résister en augmentant le nombre de têtes de leurs troupeaux, »

        En 2013 les troupeaux de plus de 1200 animaux subissent proportionnellement 21% de la prédation, contre 40% pour les troupeaux de moins de 400, le contraire de ce qu’affirme votre article  » augmentant le nombre de têtes de leurs troupeaux, au risque d’être plus vulnérables au loup ».
        C’est simplement touts ces mensonges que j’ai dénoncé et non le loup qui lui est obligé de vivre contre nature, contre sa nature dans des zones d’élevage de pays à forte densité humaine ou il n’a pas sa place de régulateur mais bien celle d’un prédateur opportuniste:
        On en arrive à un tel point que les territoires où les troupeaux subissent le plus de pertes, dans le Mercantour et dans les Préalpes de Grasse notamment, sont aussi parmi les plus giboyeux de France. Là où abondent les cerfs, les mouflons, les chamois, les chevreuils, supposés encourager les loups à s’installer, là sont aussi les plus grosses pertes pour les éleveurs.

        De plus, comme vous pourrez le constater en vous documentant, dans tous les pays voisins, quand le nombre de petits ongulés domestique diminue, le loup change son mode alimentaire:
        http://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2017/04/loup-dans-la-peninsule-iberique-comme.html
        http://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2015/07/loup-espagne-et-cohabitation.html

  2. Bonjour,
    ceux qui désirent profiter d’une vison beaucoup plus réaliste du problème du pastoralisme confronté aux loups en Europe peuvent lire LOUP, POURQUOI LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS RELAYE T-IL LA PROPAGANDE DES ENSAUVAGEURS? http://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2017/01/loup-le-parti-communiste-francais_12.html

    Extrait : Le plus contestable étant cette phrase mal rédigée prêtant à confusion :

    J;C;CH; « Dès lors, la polémique et les tensions se poursuivent, s’aggravent même, comme en témoignent les actes de braconnage (selon la presse, un 26e loup a été ainsi tué en France entre fin juin et fin novembre 2015, et c’est le 10e de l’année dans les Alpes-Maritimes). »

    la phrase est tournée de telle façon qu’elle invite le lecteur à penser que « 26 loups ont été ainsi tués » par braconnage « entre fin juin et fin novembre 2015, dont 10 dans le 06. »

    Quant est il vraiment des actes de braconnages :

    le 5/01/2015, une louve considérée comme braconnée à Arvieux 05 Décompté N° 16

    le 30/102015, un loup tué dans un poulailler en Dordogne sans préméditation de braconnage et déclaré par le chasseur concerné aux autorités. Non décompté à ce jour.

    Le 15/11/2015 un loup considéré comme braconné par arme a feu, mais l’autopsie conclue a un accident de circulation, donc préméditation de braconnage écartée mais toujours décompté N° 25

    Le 31/03/2016, une louve tuée à Pyerolles considérée comme braconnée décomptée N° 35

    Le loup décompté N° 26 et braconné selon le membre de la commission environnementale du Parti Communiste qui s’appuie sur les déclarations de la presse sans les vérifier, est un loup tué le 22 Novembre à Péone Alpes Maritimes par tir officiel de prélèvement chasseur. (cf directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement)
    Cordialement

    1. Merci d’abord pour tous les éléments de réflexion que vous apportez, notamment de façon détaillée dans l’article de votre blog.
      Le débat est donc ouvert et disons-le sans ambages que nous n’y sommes pas opposés, bien au contraire. Ainsi tout le monde pourra faire évoluer ses connaissances et sa position.
      Je regrette simplement que vous continuiez à attaquer l’auteur de l’article et notre parti avec des présupposés affirmatifs qui n’apportent rien à l’échange.

      1. Bonsoir,

        qu’entendez vous par mes « présupposés affirmatifs » ?

        Toutes mes affirmations sont reliés au noms de ceux qui les ont publiées ou avec des liens vers les sources d’origine ce qui n’est absolument pas le cas dans l’article de votre revue.
        Croyez que je suis navré d’attaquer votre parti avec lequel j’entretiens d’excellent rapport, mais il est intolérable qu’un membre actif et représentatif puisse écrire de telles contrevérités. Cela ré-ouvre les portes de l’histoire passée du P.C et nous force à nous demander « pourquoi et dans quel but » ?
        Vous avez certainement constaté que je termine mon billet avec une citation de la confédération paysanne proche de votre mouvement. : « Le constat de la cohabitation impossible entre loups et pastoralisme n’est pas issu d’une idéologie « anti-loup ». Il ne s’appuie pas sur une défense corporatiste mais repose sur l’expérience de paysans bienveillants envers la biodiversité. Cette position est issue de la pratique de paysannes et paysans qui ont, pour certains, passé plus de vingt ans à essayer de « s’adapter », en vain. cf Confédération Paysanne. »

      2. Jean-Claude Cheinet, l’auteur de l’article, a pris connaissance de nos échanges et apporte la réponse suivante:

        «  »L’article sur « le loup prédateur et bouc émissaire » du n°12 de « Progressistes » a suscité quelques réactions et discussions. Témoignages donc d’une revue en dialogue avec ses lecteurs, ce qui est plutôt positif.
        Parmi celles-ci, un lecteur est revenu plusieurs fois; il se présente comme côtoyant les communistes, ce qui est réjouissant, mais se livre à des invectives qui ne sont pas dans notre culture. Il conteste tel ou tel détail pourtant admis par la presse lors de la rédaction de l’article incriminé. Il est hors de question de contester à notre tour tel élément précis sur lequel notre lecteur aura de quoi enrichir la réflexion, mais plutôt de prendre un peu de hauteur et de réfléchir ensemble.
        En préalable, cet article est une réflexion personnelle comme cette réponse et ils ne sauraient engager le PCF dont notre revue cherche à construire et à améliorer les prises de position sur les thèmes qu’elle couvre soit « les enjeux du monde du travail, de l’environnement, et des avancées scientifiques et techniques ».
        On peut aisément concevoir que l’on soit comme notre lecteur, farouchement « contre » le loup qui perturbe ou ruine l’élevage. Pour les canards, on cherche en ce moment à éradiquer le virus de la grippe aviaire; faut il éradiquer le loup? Sur quelle zone (il peut revenir en franchissant des centaines de km) ou sur la planète (comme nous avons fait pour la variole)? Ou bien n’est-ce pas un peu plus complexe?
        L’homme mange des légumes et de la viande dont celle d’agneau: il est omnivore. Le loup est carnivore et, dans l’ordre naturel des choses, il mange des animaux affaiblis et profite de ceux rassemblés en troupeaux. Si on pose la question en termes exclusifs « pour » ou « contre », on en reste comme depuis des années à une impasse: invectives, incompréhensions et on continue comme avant avec les difficultés des éleveurs.
        Ce raisonnement binaire d’indignations réciproques occulte un pan entier de la réalité: en fait il n’y a pas 2 mais 3 pôles, le loup et la dynamique des meutes, les éleveurs (grands ET petits troupeaux, propriétaires ET salariés avec des rapports sociaux complexes) certes, mais aussi la réalité économique de la filière ovine dans le cadre de la PAC avec les importations massives de viandes d’agneau à bas prix , sans parler de la laine ou du cuir ….
        Dés lors voyons bien que le loup n’est qu’un des paramètres des difficultés des éleveurs. Il ne s’agit évidemment pas non plus d’idéaliser les situations de l’Espagne ou de l’Italie où d’ailleurs la tolérance au loup recule avec la progression de la mise en place des critères de rentabilité imposés dans le cadre européen.
        Traiter de la question « du loup » en « contre », au nom des difficultés de l’élevage ne revient-il pas alors à accepter la course à la rentabilité maximale des élevages face à la concurrence et cette concurrence elle-même ?
        L’article en question ne cherchait qu’à explorer les voies et moyens d’un rassemblement sur l’essentiel face aux politiques actuelles de l’UE en esquissant l’idée de compromis sur l’accessoire: le loup qui, de toute façon en l’état actuel de déprise agraire, retrouve des espaces qu’il colonise. Faire régresser le loup n’est pas le chasser mais occuper l’espace en redonnant de la vitalité à la vie agraire et pastorale, c’est à dire en aidant l’agriculture familiale contre les politiques de l’UE qui actuellement la sacrifient devant l’agriculture de firmes et les importations spéculatives.
        Il y a là matière à des luttes bien plus fécondes que celles des dissensions sur le loup…
        «  »

  3. Bonjour,
    Un journaliste qui en voulant ménager le loup et l’agneau nous livre un article affligeant démontrant son ignorance du sujet. La plupart de ses affirmations proviennent certainement de site peu recommandables et sont donc des affirmations idéologiques.
    Un article sous l’égide des associations environnementales les plus fondamentalistes,  qui malgré quelques remarques pertinentes sur le volet social, reste à charge contre les éleveurs et bergers qui ont tout mis en œuvre pour essayer en vain de s’adapter.
    Nous associations d’éleveurs et bergers demandons un droit de réponse au journal afin de rétablir la vérité à l’aide de source officielles : ONCFS, DDT, DREAL.

    1. Bonjour,

      Petit hic de départ de votre commentaire: l’auteur de l’article n’est pas un journaliste.
      En effet notre revue Progressistes est faite par des bénévoles en faisant appel à des personnes ayant une certaine expertise du domaine qu’il traite, effectivement avec plus ou moins de connaissances. L’auteur est responsable de son écrit suite à un travail de sa part et à une relecture de la part du Comité de Rédaction de la Revue.
      Parfois, les auteurs sont des membres engagés politiquement et/ou syndicalement et parfois il s’agit de personnalités de référence.

      Gros hic de départ: le ton quasi-insultant de votre commentaire ne plaide pas à priori pour essayer d’avoir un échange cordial même si deux (ou plus) conceptions s’affrontent. Et cela est dérangeant car l’objectif de notre revue est bien de pouvoir engager des débats sérieux et profonds avec ses lecteurs et plus particulièrement avec ses abonnés.

      Puisque vous semblez appartenir vous-même à des organisations, vous pouvez refaire un nouveau commentaire à l’article qui renvoie à un (ou plusieurs) articles de votre site Web ou Blog dont on peut supposer l’existence: c’est ici tout l’intérêt d’Internet!

      Nous serons tou-te-s heureux de compléter notre connaissance d’un sujet qui pour ma part, grâce à l’article de Jean-Claude Cheinet, m’a fait découvrir en quelques lignes équilibrées bien plus que tous les reportages médiatiques professionnels vus ou entendus à longueur d’année, y compris sur les chaînes du service public.

      1. Bonjour et merci de votre réponse.
        Pardonnez les hics, mais dans l’impossibilité de contacter un membre de votre revue, je me suis décidé à commenter de manière à etre remarqué.

        Que l’article de M. Cheinet vous ait fait découvrir le loup est bien ce qui me chagrine et c’est bien pour cela que j’ai réagit. J’ai préparé depuis longtemps une réponse point par point aux affirmations de M. Cheinet destinée à etre publiée sur les sites et les médias avec qui je communique. Je vais la réviser dés que j’aurai un moment et je vous la soumettrait. Vous verrez que la réalité est très loin de ce qu’affirme M. Cheinet.
        Si vous êtes disposé à la publier, je vous en laisserez l’exclusivité.

        Bien cordialement

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