Semaine de la pensée marxiste : Guerre, science et industrie, ANTOINE GUERREIRO

Du 10 au 17 février dernier, c’était la Semaine de la pensée marxiste, à l’initiative de l’Union des Étudiants Communistes (UEC). Pour la 4e édition, le thème choisi était : 1914-2014, 100 ans de guerre.

Tout au long de la semaine, dans près de 80 établissements d’enseignement supérieur des conférences, des projections de film, des expositions ou des débats étaient organisés, en partenariat avec de nombreuses associations locales ou revues, comme Progressistes; par ailleurs de nombreux scientifiques et personnalités ont répondu à notre appel en intervenant à nos tribunes. Dans plusieurs universités, la question des rapports entre guerre, science et industrie était au coeur des discussions. En effet avant même 1914, le camp progressiste avait pris conscience des enjeux financiers des expéditions menées par les États européens. Plus tard, Jaurès affirmerait même que de par son entreprise de colonisation, le capitalisme est inévitablement porteur de guerre.

Selon Alain Boscus, du musée Jaurès, il est même le premier à percevoir le risque d’une guerre «moderne », liée à l’accumulation des tensions militaires, mais aussi à l’accumulation capitalistique qui révolutionne les techniques militaires et crée un véritable marché de la guerre soumis à des logiques d’offre et de demande.

Par ailleurs, pendant la Première Guerre mondiale, la technologie a fait un extraordinaire bond en avant : l’aviation s’est développée, la chirurgie a progressé à une vitesse inédite, les moteurs ont gagné en performance… Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fut lui aussi à l’origine d’incroyables avancées scientifiques dans les domaines du nucléaire ou de la médecine. Sur le court terme, la guerre a fait avancer l’industrie: la mécanisation et le taylorisme ont favorisé favorisé la production de masse. En fait, le raisonnement économique en temps de paix n’est pas le même qu’en temps de guerre: le système économique est fortement contraint par l’État et pour finir la guerre rapidement, on a besoin de beaucoup de capitaux. Les secteurs économiques traditionnels misent tout sur la guerre afin de subsister, tandis qu’en dehors du secteur militaire, l’outil de production vieillit considérablement pendant la durée du conflit…

Se pose une question de légitimité: quel est le service rendu à la société par ces nouvelles inventions guerrières ? Certes, par capillarité avec les autres secteurs de l’industrie ils donnent lieu à des progrès scientifiques… mais pour combien de destructions en parallèle ? En 1914 comme aujourd’hui, on ne peut pas faire reposer le progrès d’une civilisation sur les marchands de canons: c’est le message que les étudiants communistes ont porté pendant cette Semaine, et qu’ils continueront de promouvoir tout au long de l’année.

Antoine Guerreiro, secrétaire à la formation de l’UEC

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