Les déchets : Projets au coeur des territoires, Alain Rouault

Les déchets : Projets au coeur des territoires, Alain Rouault

 n48

La collecte et l’élimination des déchets ménagers sont, par la loi, dévolues aux communes, il revient aux élus locaux de mettre en place les structures adaptées. Les lois « Grenelle » incitent au recyclage et au traitement de proximité. Aussi les déchets occupent-ils une place importante dans les projets de territoire. Les communes, suivant leurs conditions locales, ont confié tout ou partie de leurs compétences à des structures intercommunales comme des syndicats de collecte, ou aux communautés d’agglomération. La cohérence globale du schéma de gestion des déchets est à la charge du Conseil Général (à l’exception du Conseil Régional d’Ile de France). Il en résulte une grande diversité de structures et de moyens de traitements, qui ont longtemps suivi un a collecte et l’élimination des déchets ménagers sont, par la loi, dévolues aux communes, il revient aux élus locaux de mettre en place les structures adaptées. Les lois « Grenelle » incitent au recyclage et au traitement de proximité. Aussi les déchets occupent-ils une place importante dans les projets de territoire. Les communes, suivant leurs conditions locales, ont confié tout ou partie de leurs compétences à des structures intercommunales comme des syndicats de collecte, ou aux communautés d’agglomération. La cohérence globale du schéma de gestion des déchets est à la charge du Conseil Général (à l’exception du Conseil Régional d’Ile de France). Il en résulte une grande diversité de structures et de moyens de traitements, qui ont longtemps suivi un même modèle (élimination des déchets via la décharge, incinération), diver- sifié ces dernières décennies avec le recyclage (centre de tri) et le traitement de l’organique (compostage – méthanisation).
Mais les défis demeurent :
• financiers, le traitement coûte de plus en plus cher ;
• démocratiques, la taille, la technicité, et le montant des investissements conduisent souvent à laisser aux opérateurs privés une part importante de nos prérogatives ;
• environnementaux, les nouvelles sensibilités des populations et l’action des lobbies rendent plus difficile l’implantation d’équipements pourtant indispensables.
Les déchets ménagers ont longtemps été abordés sous l’angle de la contrainte, « ce dont on doit se débarrasser ». Aujourd’hui, les choses doivent être revues sous l’angle de l’opportunité en privilégiant la valorisation au détriment de l’élimination du déchet et dégager une opportunité pour le développement local puisqu’il s’agit d’une ressource locale « fatale » non délocalisable.
Les déchets sont des produits en fin de vie dont le détenteur n’a plus l’utilité. Mais le produit a-t-il encore une valeur d’usage ? Derrière cela c’est la question du réemploi avec la création de ressourceries qui, en s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire, permettent de développer de l’emploi et de fournir des produits utiles aux publics en difficulté. C’est aussi la possibilité de relancer le secteur de la réparation.
Les matières premières qui composent les produits sont pour beaucoup récupérables. Pour cela la collecte sélective et le tri sont autant d’opportunités pour l’emploi local. De plus ces matières premières récupérées peuvent être remises sur le marché ou au service de projets de développement local. Les métaux, les plastiques, les papiers, le verre vont être à l’origine de nouveaux produits. Où et comment seront ils fabriqués sont autant de questions pour les élus locaux.

Une ressource énergétique: Les déchets, c’est aussi une source d’énergie récupérable par incinération en produisant de l’électricité et de la chaleur pour le chauffage urbain ou des industries fortement consommatrices. À l’heure du débat sur la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables et locales, cette récupération de l’énergie des déchets doit avoir une place de premier rang dans la mise en place des schémas énergétiques territoriaux. Les terres agricoles s’appauvrissent et nous devons limiter l’apport d’engrais chimiques. Or le retour à la terre sous forme de compost de la partie organique de nos poubelles (près de la moitié de la poubelle résiduelle) doit nous permettre en partenariat avec le monde agricole de favoriser les projets de territoire en fonction de la nature des sols et des besoins des cultures.
Au sein d’une économie libérale mondialisée, réfléchir sur « déchet et territoire » débouche sur les questions de maîtrise du développement économique. En économie circulaire, le déchet n’est qu’une « étape » dans la vie du produit; une bonne maîtrise de son devenir pose forcément la question d’une meilleure connaissance, voire d’un pouvoir d’intervention, dans le cycle de vie des produits. Est-il fatal et écologiquement supportable que les matières premières puis les produits manufacturés fassent plusieurs fois le tour de la terre, pillant les peuples et gaspillant l’énergie ?
La crise et ses conditions de sortie nous poussent à regarder s’il n’est pas préférable que le papier que nous recyclons serve au maintien de papeteries en France ou en Europe plutôt que d’être livré au « marché » et partir en Chine ?
Produire moins de déchets est l’objectif premier de toute politique concernant les «déchets» mais c’est d’abord un objectif « économique » et « écologique »; moins de déchets c’est d’abord moins de gaspillage de matière et d’énergie, moins de transport inutile et de nuisances. Côté déchets, pas d’avancée réelle sans réflexion sur le fonctionnement de l’économie, de la conception à la consommation en passant par la distribution et les comportements des consommateurs. Le déchet n’existe pas en soi mais est la résultante d’un comportement « social », reflet d’un niveau de civilisation. Il est normal et utile de mettre en place des politiques concernant les « déchets » mais en les reliant au fonctionnement de la Société.
Pas d’avancée réelle si nous en restons à des oppositions entre modes de traitement et mise en place de schémas « hypertechniques », sans replacer les déchets dans la réalité socio-économique locale comme une opportunité de développement local, permettant d’associer tous les acteurs et en priorité les habitants. Il faut se réapproprier les enjeux technico-économiques liés au travail sur les déchets. Arrêtons de culpabiliser le consommateur qui produit trop de déchets et responsabilisons-le sur les choix :
* Qui décide aujourd’hui que la bière sera distribuée en 25,33 ou 75 cl ? Bouteilles verre, « cannettes » métal- liques ou bouteilles plastique ? Comment rendre possible le retour à la consigne ? Et ne pas seulement reprocher au consommateur de ne pas bien trier. Il a, ainsi que ses élus, son mot à dire. Est-il si utopique sur un territoire, de mettre en place avec l’ensemble des acteurs, des schémas vertueux ?
* Qui décide qu’une machine à laver durera cinq, huit ou dix ans ? Que le matériel sera « irréparable » ? Il y a là, partant du niveau local, des pistes pour redonner un peu de sens et de pouvoir aux consommateurs et aux salariés, noyés dans les conséquences inéluctables de l’économie libérale mondialisée.

ALAIN ROUAULT est Président du SITOM

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.